Meetup Bitcoin NUMA : compte-rendu

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Je me suis à nouveau glissé incognito parmi la foule bigarrée de curieux et d’enthousiastes conviée par Julien Hazan de Money Push au NUMA ce lundi. Quatre entrepreneurs dans le domaine de Bitcoin et de la Blockchain venaient présenter leurs projets dans un pitch de quelques minutes, devant une assistance nombreuse (plus de 100 personnes), venue là pour leur poser des questions, au contraire de votre serviteur qui comme toujours n’était là que pour profiter du buffet et de la bière.

L’assistance était plus nombreuse que celle de la plupart des meetups auxquels j’ai eu l’occasion de participer par le passé. Outre les visages connus, beaucoup de simples curieux qui semblaient entendre parler de Bitcoin à peu près pour la première fois, et aussi une proportion relativement importante de femmes, ce qui est plutôt une bonne nouvelle, en espérant que ce soit une tendance qui se confirme par la suite.

Le premier intervenant, Antoine Ferron, n’est pas inconnu au lecteur puisqu’il était déjà venu présenter Goochain Citadelle au précédent meetup chroniqué sur ce site. Qu’à cela ne tienne, puisqu’il insiste, je vais expliquer à nouveau son projet : Goochain est le moteur de recherche de la blockchain, et permet de retrouver facilement des transactions enregistrées grâce à une sélection confortable de critères et de paramètres de recherche : montant, date, hash etc.

Citadelle est un hardware wallet très similaire au Ledger Wallet, mais beaucoup moins cher car de facture plus simple et réduit à l’essentiel. Il diffère également de son grand frère par quelques fonctions de sécurité, mais c’est a priori un aussi bon produit, sûr et peu onéreux, pour le moment disponible uniquement en prévente.

Derrière Goochain Citadelle se trouve Albizia Technologies, dont il ne me semble pas qu’Antoine ait parlé la dernière fois. Albizia fournirait à terme des services de conseil sur les sujets liés à Bitcoin, mais cela demanderait de plus amples présentations, peut-être la prochaine fois ?

Le deuxième intervenant, Clément Francomme, est venu de la pluvieuse et lointaine Lille pour nous présenter Utocat, une application destinée aux commerçants, et dont la fonction est de convertir instantanément les bitcoins en euro. Pour le dire autrement, le client peut payer en bitcoins et le commerçant de son côté ne verra que le montant en euro sur son compte en banque.

Ça c’est ce que ceux qui avaient regardé le site officiel d’Utocat ou bien lu les articles déjà parus cette année savaient déjà, en revanche la présentation de lundi concernait la problématique des transactions internationales et des conversions de devises, notamment lors d’achats effectués auprès de fournisseurs chinois. Utocat permettrait, grâce à Bitcoin, de diviser les frais par 2 sur une transaction euro/RMB, et promet dès aujourd’hui un paiement en 3 jours de compte à compte, puis 1 jour à terme. Une limite toutefois : Utocat est conçu pour les transactions inférieures à 100 000€. Utocat en est actuellement à la phase de Proof of Concept (POC), mais vise à atteindre une masse critique de transactions effectuées dès 2016.

Fabrice Drouin et Pierre-Marie Padiou sont deux chercheurs spécialistes des systèmes distribués complexes, qui croient dans le potentiel de Bitcoin et de la Blockchain et ont créé Acinq pour développer des projets basés sur ces technologies. Ils ont présenté trois des projets sur lesquels ils travaillent actuellement, autour des concepts d’accessibilité, de sécurité et de scalabilité :

  • Le premier d’entre eux, Flipcoin, est un exchange qui permet d’acheter, mais pas de vendre des bitcoins.
  • Le deuxième, Displaycard, vise à créer un hardware wallet muni d’un écran et d’un clavier. Celui-là me rappelle quelque chose
  • Le troisième projet auquel Fabrice et Pierre-Marie participent, Lightning, est un projet open-source visant à résoudre le problème du nombre de transactions simultanées aujourd’hui permis par la blockchain (seulement 7 transactions par seconde) et celui du temps de confirmation (aujourd’hui on considère une transaction comme sûre après 6 confirmations, soit environ 1h).

Enfin le dernier intervenant de la soirée, Gonzague Grandval, est venu présenter un projet déjà bien connu des amateurs, Paymium. Paymium remplit deux fonctions, d’abord celle de place de marché en bitcoins et en euros, ensuite celle d’un service de paiement qui permet à un commerçant d’encaisser un paiement en bitcoins et de le convertir immédiatement en euros. Le site de e-commerce Showroomprivé.com a récemment passé un accord avec Paymium pour permettre à ses clients de payer en bitcoins.

Paymium prépare actuellement une app mobile, qui permettra de vendre et d’acheter des bitcoins depuis son téléphone, mais aussi de le transformer en terminal de paiement mobile.

Toujours concernant le paiement, un partenariat est en cours avec Ingenico afin d’inclure le paiement en bitcoins sur les nouveaux terminaux de paiement pour les professionnels.

Lors de la séance de questions / réponses, un des participants qui n’est certainement pas inconnu de mes lecteurs a posé la question du paiement de salaires en bitcoins. L’idée étant que tant que les seuls moyens de gagner des bitcoins seront le minage et l’achat contre des devises fiat, Bitcoin ne pourra que difficilement s’imposer comme un moyen d’échange réellement présent dans la vie quotidienne. Le moment où il deviendra possible d’être rémunérer de son travail en bitcoins marquera donc une étape majeure dans son adoption par un public plus large. Gonzague a reconnu qu’en dehors de quelques primes, les salariés de Paymium n’ont jusqu’à maintenant jamais été rémunérés en bitcoins. Son explication ne manque certes pas de bon sens : rémunérer intégralement un salarié en bitcoins, aujourd’hui en France, relève du cauchemar juridique et comptable, et cette énergie est pour le moment mieux dépensée sur des projets plus constructifs.

Un autre participant, directeur d’un site communautaire asiatique dont le nom m’a malheureusement échappé sur le moment, a alors pris la parole pour dire que ses développeurs en Chine étaient depuis peu intégralement rémunérés en bitcoins. Si par hasard lui-même ou quelqu’un qui le connaîtrait lisait ces quelques lignes, je l’invite à laisser le nom du site en question dans les commentaires, je pense ne pas être le seul intéressé par plus de détails.