Le premier Repas du Coin, c’est un peu comme l’Appel du 18 juin : très peu de gens ont été témoins de l’événement, dont on n’a même aucune trace.

Nous étions 45 réunis dans le même quartier de la rue Montorgueil, 10 ans et 1 jour après, pour célébrer autour d’un couscous cette « institution » qui n’en est justement pas une et les nombreuses amitiés qui se sont forgées au cours des 90 repas déjà tenus.

Dans le meilleure tradition, des convives venus de Belgique, de Suisse, du Luxembourg  (et même d’Andorre, autre pays francophone trop souvent oublié !) s’étaient joints aux parisiens et à des amis venus de Gironde, d’Occitanie et d’Alsace. Peu de « nouveaux venus » à ce repas un peu spécial, mis à part un contingent de la banque la plus crypto-amie de France et la tête de liste d’une organisation pirate fort connue dans le milieu.

Les conversations furent on ne peut plus animées : quand on eut fini les tours de table, vite expédiés entre amis se connaissant déjà presque tous, et l’évocation de ces dix années, avec quelques séquences nostalgie, une fois n’est pas coutume on parla du cours et surtout de ses soubresauts (jugés « très spéculatifs » naturellement).

On parla aussi de gouvernance décentralisée (après la présentation de sa thèse par Maël Rolland lors d’un petit-déjeuner offert le matin même par le Cercle) et plus prosaïquement de droite et de gauche, de politique (surtout américaine) et de régulation (surtout européenne) ou d’expatriation, hélas. Bref, la liberté offerte par Bitcoin et sa politisation avec Trump.

On évoqua le problème rencontré par la gendarmerie : avoir des outils en interne plutôt que de dépendre d’entreprises tierces pour chercher des informations dans les différentes blockchains. On se posa la question des possibilités de posséder du Bitcoin dans le bilan de son entreprise, avec un comptable qui veut bien le traiter et accepte de trouver les règles comptables appropriées.

Il y eut beaucoup de références à la période des confinements, à leur influence et à leurs séquelles.

Comme le dit un convive après coup « Nous sommes en désaccord sur tous les sujets de discussion. Pourtant, je quitte la table avec le sentiment que nous sommes d’accord sur presque tous les points. Qu’est-ce qui s’est passé ? » Peut-être un instant de grâce ?

On parla également de littérature autour de quelques bitcoineurs-auteurs (dont celui du nouveau petit dictionnaire baba du Bitcoin qui était présent), de bande-dessinée, de science-fiction. On parla de déterminisme historique. Thé à la menthe en main, certains parlèrent de Teilhard de Chardin et de la noosphère.

Et puis, lentement, bien après les dernières pâtisseries et les derniers verres de thé (la générosité de Tahar est inépuisable) les petits groupes s’en allèrent dans des bistrot proches pour conclure des affaires ou dans des caves plus lointaines pour célébrer Brassens.