Dans cet article je vais essayer de démontrer que les causes principales de notre sous développement et de notre misère sont avant tout une déficience de libertés économiques. J’ai toujours pensé que la pauvreté n’était pas une fatalité, bien au contraire, elle n’est que le résultat de nos choix et nos politiques antérieurs. Je crois fermement que tous les peuples sont maitres de leur destin et que c’est à eux qu’incombe la tache d’évoluer et d’améliorer leur niveau de vie. Le déterminisme en économie n’existe pas, tout peut être changé et façonné.
LE NON RESPECT DE LA PROPRIÉTÉ PRIVÉE :
Qu’est ce que la propriété privée ? La propriété privée englobe tout ce qui est ‘’propre’’ à l’individu, elle ne se limite pas aux biens matériels au quel un individu a le droit exclusif d’en jouir, mais inclus aussi tout attribue auquel on accorde de la valeur (la valeur est subjective). Chaque individu libre est avant tout propriétaire de lui même (de son corps et de son esprit). Les sociétés évoluent et progressent en démocratisant et en accroissant le champ de la propriété privée, seuls les esclaves ne sont pas propriétaires. Dans l’histoire certains pays avaient tentés la douloureuse expérience de la propriété collective en abolissant la propriété privée, les résultants ont été catastrophiques.
L’IMPÔT PROGRESSIF SUR LE REVENU
Commençons par rappeler quelques vérités, la richesse dans notre pays est crée par les tunisiens qui travaillent et produisent. L’État tunisien ne crée aucune richesse, ses deux seules sources de revenu sont l’impôt et l’endettement. Le mot impôt vient du verbe ‘’imposer’’, l’impôt loin d’être volontaire il est avant tout coercitif. L’État tunisien applique un impôt progressif, le taux de prélèvement peut atteindre 35% pour un revenu de 50 milles dinar et plus. L’impôt est avant tout utilisé par l’État pour nourrir son appareil bureaucratique. Si on y pense, au jeu de l’impôt le citoyen est systématiquement perdant, parce que la richesse qu’il sacrifie à l’État est de loin supérieur aux pseudos services publiques que l’État lui procure en retour. Est ce que le niveau actuel des services publics justifie de tel prélèvement fiscaux ? Ça m’étonnerait.
L’impôt progressif constitue un frein considérable au développement, il dissuade les tunisiens à produire davantage puisqu’ils vont devoir sacrifier toujours plus de richesses à l’État. Les tunisiens ne voient pas l’impôt comme une contribution à l’essor de la société, mais plus tôt comme un racket comme une confiscation de leurs biens par l’État et son administration. L’évasion fiscale n’est qu’une réponse légitime face à la sur-taxation des tunisiens, qui cherchent à mettre à l’abri leurs économies du racket étatique.
L’économiste autrichien Ludwig Von Mises avait brillamment expliqué que l’impôt progressif, loin de favoriser les classes populaires, entretient les privilégiés des classes aisés de la société. En absorbant les revenus excessifs des nouveaux arrivants, il les empêche d’accumuler du capital et d’étendre leurs affaires. L’impôt progressif freine le jeu de la concurrence et rassurent les vieilles fortunes en les protégeant d’éventuels nouveau venus.
« L’impôt progressif sur le revenu pénalise les plus capables et favorise indûment les moins capables en les affranchissant de l’impôt. Il constitue un obstacle à la promotion sociale. C’est un impôt conservateur et réactionnaire qui protège la fortune acquise et compromet la constitution de patrimoines pour tous ceux qui ne disposent d’autres ressources que celles de leur travail. »
— Maurice Allais, Le Figaro du 23 novembre 1975
Supprimer l’impôt progressif et le remplacer par un ‘’Flat Tax’’ (un taux fixe applicable à tous le monde) ferait baisser l’évasion fiscale, ramènerait de la justice fiscale et stimulerait les tunisiens à produire d’avantage.
LE CONTRÔLE DES CAPITAUX
Les contrôles de capitaux sont les différentes mesures prisent par un gouvernement avec pour but de restreindre la liberté financières des individus. Les contrôles de capitaux peuvent prendre différents aspects :
– restriction sur l’envoie ou bien la réception de capitaux de l’étranger
– l’interdiction aux citoyens résidents de détenir une autre devise que la devise officielle
L’État tunisien est passé maitre en matière de contrôle des capitaux, l’administration tunisienne exerce des lois très strictes en matière de transfert ou bien de réception d’argent de l’étranger. L’État interdit aux résidents d’investir à l’étranger, ou bien de détenir une autre devise que la devise officielle. L’import-export est strictement contrôlé et le pays applique encore des droits de douanes extrêmement élevés sur les produits d’importation. Au lieu d’encourager le commerce et les échanges avec l’étranger on continue d’asphyxier l’économie avec ces lois toujours de plus en plus complexes et liberticides.
CENTRALISATION DES POUVOIRS ET ÉTAT HYPERTROPHIÉ
Dans un précédant article dédié au bitcoin, j’avais commencé par un bref rappel historique sur les bases sur lesquelles l’État moderne tunisien fut bâti. Les années 50 furent essentiellement marquées par le socialisme et le dirigisme étatique. Le monde sortait d’une guerre qui venait de faire 50 million de victimes. La moitié avait sombré sous le joug du communisme pure et dure (marxisme) et l’autre moitié vacillait entre les deux : socialisme d’État mixé à l’économie de marché (keynésianisme). L’État tunisien moderne a vu le jour dans ce contexte mondial imprégné par le constructivisme étatique. Bourguiba et ses compagnons (fondateurs de la Tunisie moderne) étaient tous fortement influencés par le jacobinisme (doctrine politique qui avait vu le jour au lendemain de la révolution française qui prônait une centralisation absolue des pouvoirs).
La centralisation des pouvoir a été décrétée, Tunis (la capitale) détenait désormais tous les pouvoirs. Les gouverneurs des régions étaient nommés directement par le pouvoir central, celles-ci n’avaient aucune assemblée d’élus, et étaient totalement soumise au dictat de l’autorité centrale (Tunis). Tel a été le prix à payer pour notre chère république une et indivisible.
À l’extrême centralisation du pouvoir politique s’en est suivi une série de ministères et d’entreprises publiques exerçant des monopoles exclusif sur l’éducation, la santé, la sécurité, les banques, les retraites, le transport, les ressources naturelles l’électricité, l’eau etc. L’administration et la bureaucratie tunisienne s’immisçaient dans la moindre parcelle de la vie en société, l’économie fut largement étatisée et nationalisée.
Plus de 50 ans après l’indépendance on se rend compte que ce modèle hyper centralisé a été un échec absolu. L’étatisation de l’économie s’est traduite par un État obèse qui représente plus 30 % du PIB. Les différents monopoles étatiques sur l’éducation, les retraites, la sécurité… empêchent le jeu de la concurrence et interdisent au tunisien de faire des choix. L’hyper-étatisation de l’économie n’avait abouti qu’a creusé les déficits budgétaires, accroitre le pouvoir de l’administration et de la bureaucratie et de limiter les libertés économiques des tunisiens.
Éducation nationale est principalement responsable du chômage de masse, avoir un diplôme universitaire et désormais un handicape pour l’obtention d’un travail. Les banques publiques sont quasiment toute en faillites, on continue malgré tout à taxer davantage les tunisiens pour les maintenir artificiellement en vie. La caisse nationale de retraite est largement déficitaires, la compagnie nationale de transport aérien Tunisair Idem : en faillite. La santé publique est médiocre (hôpitaux délabré et en manque de moyens), etc. Bref l’État est défaillant et échoue lamentablement en tout ce qu’il entreprend.
SUR-REGLEMENTATIONS ET UNE INFLATION DE LOIS
L’un des traits caractéristique des idéologies socialistes de droite comme de gauche est cette prétention que tout peut être ordonné et régenté par des lois. Bourguiba fondateur de la Tunisie moderne et son successeur Ben Ali croyaient dure comme fer en cette maxime.
Cette inflation de lois et les réglementations s’est essentiellement déversée sur la vie économique en Tunisie, en voici les conséquences :
• la sur-réglementation enchaine le capital et le travail étouffant l’initiative privée, empéchant la création de richesses et d’emplois.
• Les réglementations rigides et non intelligentes (marché de travail, marché financier, commerce, climat des affaires) continuent de rendre les coûts de transactions et les coûts d’entrée au marché inhibitoires aux petits et moyens entrepreneurs.
• Cette jungle réglementaire et juridique est peu compréhensible pour les investisseurs étrangers, ce qui augmente à leurs yeux le risque d’investissement et les décourage de placer leur capital dans l’économie tunisienne.
• L’excès de réglementation fait consolider l’économie de rente, le déficit d’investissement, le manque de concurrence, la spéculation, et surtout la corruption.
• La sur-réglementation a rendu l’économie formelle totalement incassable pour une grande majorité de tunisiens, les couts pour se conformer aux lois et aux régulations sont exorbitant, ce système exclus d’office les tunisiens moyens et pauvres qui n’ont pas d’autres choix que de se retourner vers l’économie informelle et la contrebande pour survivre.
• Sur-réglementation est intrinsèquement inégalitaire elle favorise les détenteurs de capitaux, (ceux qui ont les moyens de se conformer aux réglementations et aux lois), les mets à l’abri de la concurrence des nouveaux venu, et conforte leurs positions.
Le Serment du Jeu de paume par David, musée Carnavalet
Il serait peut être temps de voir les choses autrement. On entend souvent dire que la prospérité économique ne peut se concrétiser que sous certaines conditions (sécurité, infrastructures, éducation, santé, lois, etc.) c’est ce qui légitime donc l’interventionnisme étatique. Mais on ne songe jamais à l’inverse, la croissance économique est le cœur de la société, c’est à travers elle que la sécurité, la prospérité et le savoir-vivre émergeront. Ce n’est pas par hasard que les pays les plus dangereux sont les pays les plus pauvres économiquement. La croissance économique est la cause du progrès et de la prospérité et non pas une conséquence.
À travers la technologie et internet, il est désormais possible aux tunisiens de se réapproprier une partie leurs libertés économiques. La technologie Bitcoin offre à ses usagers une devise mondiale, décentralisée sous la tutelle d’aucune administration ou banque centrale. C’est le moyen le plus efficace pour contourner les restrictions sur les flux de capitaux et d’échapper à l’oppression fiscale.