Nombre de lecteurs du coin-coin ont au moins entendu parler de Monero, sans trop savoir ce que c’est, sauf que ça fait beaucoup jaser. Adli m’a proposé, en tant que « core dev » de Monero, de venir en parler en français.

Il y beaucoup, beaucoup à dire sur Monero. Ce qui me rend la tâche malaisée, parce que je ne sais pas trop par ou commencer pour que ça reste digeste. Surtout qu’il s’agit de rendre l’article intéressant pour des niveaux de connaissance divers. M’enfin, essayons.

Commençons par quelques phrases volontiers provocatrices :

  • Monero, c’est l’argent liquide électronique.
  • Monero, c’est ce que les gens pensaient que Bitcoin est.
  • Monero, c’est Bitcoin en 2010.
  • Bitcoin, c’est la version beta de Monero.

Bon, ça c’est fait. Passons aux choses sérieuses. Je vais d’abord lister en mode télégraphique puis, pour les plus courageux, il y aura de plus longs textes.

EN BREF

LE CASH, EN MIEUX

  • Les avantages de l’argent liquide (intraçable, décentralisé, presque gratuit).
  • Sans ses inconvénients (limité à un pays, lent, peu pratique pour de gros volumes, coûteux et polluant à produire, difficile à gérer en comptabilité et encore plus à auditer).

SOLUTIONS DE MINAGE ET D’ÉMISSION NOVATRICES

  • L’algorithme de hashage CryptoNight réduit considérablement l’avantage des GPU sur les CPU, ce qui meme en prenant en compte les botnets et fermes de calcul, réduit la centralisation.
  • Courbe d’émission à décroissance continue, ce qui annule l’effet disrupteur des block halvings – chaque bloc produit une récompense seulement un peu plus petite que le bloc précédent.
  • Très faible avantage aux premiers arrivés : pas de premine/instamine/fastmine/ninjamine, pas d’ICO. Les premiers arrivés (après le premier mois) ont meme perdu de l’argent, vu les six mois de chute du prix – l’avantage est que la redistribution a joué à plein.

CONFIDENTIALITÉ INÉGALÉE

MONTÉE EN CHARGE SUPÉRIEURE

  • Pas de limite à la taille de bloc : le nombre de transactions par seconde est illimité (c’est la fameuse bataille du « 1 MB blocksize limit« , qui nécessite un hardfork sur Bitcoin).
  • Emission secondaire (tail emission), lorsque l’émission initiale de huit ans sera terminée. Cette émission secondaire, très faible (1%) et éternelle (ce qui fait donc de Monero une cryptomonnaie inflationniste, même si de très peu), a pour objectif de continuer à fournir une raison pour les mineurs de miner, l’idée étant que se baser uniquement sur les frais de transaction ne fournirai pas une motivation suffisante aux mineurs, lesquels, en abandonnant le réseau, signeraient alors sa fin. L’alternative à une émission secondaire serait d’augmenter les frais de transaction, ce qui réduirait l’un des principaux arguments des crypto-monnaies : les faibles couts de transaction.
  • Auditabilité possible, sur permission expresse du propriétaire. Les clés de visionnage permettent à un organisme, le grand public, les parents… (selon le scénario) d’avoir accès aux informations. Ceci rassure le législateur, ce qui à son tour réduit considérablement le risque légal et donc accroit la montée en charge « politique ». Ce qui est d’autant plus important qu’un gouvernement peut tuer Bitcoin (ou Monero) s’il le veut vraiment – et je ne parle pas de simplement le rendre illégal).
  • Communauté de plus en plus encouragée (avec succès) à se saisir du produit, ce afin de réduire l’importance de la centralisation de facto qu’est la core team.
  • Chaines filles (daugther chains) pour faciliter la montée en charge dans des cas spécifiques comme les micro-transactions immédiates. On peut comparer la chaine principale (mainchain) et les chaines filles à Internet et les LAN.

RECONNAISSANCE DE LA COMMUNAUTÉ

  • De nombreuses personnes qui comptent dans les cryptomonnaies admirent la technologie de Monero.
  • L’équipe de Monero est tout autant reconnue pour son intégrité – avoir des membres publiquement accessible augmente d’autant la confiance.
  • Selon certains, Monero est le meilleur remplaçant de Bitcoin dans le cas d’une « crise catastrophique » de Bitcoin (« catastrophic niche hedge scenario« ).
  • Un nom (monero, « pièce de monnaie » en espéranto) simple, élégant (pas de *coin!) et international (espéranto).

FACILITÉ D’EMPLOI

  • Clés mnémoniques (mnemonic seeds) permettant de conserver son argent littéralement sur une feuille de papier, dans un format à la fois très difficile à cracker pour une machine et en même temps tolérant aux fautes de frappes (seuls les trois ou quatre premiers caractères comptent) et facile à lire (ou à camoufler) pour un être humain.
  • Adresses réutilisables (adresses furtives) et, avec OpenAlias, simples d’utilisation et marketables (« veuillez envoyer votre règlement à comptable@monentreprise.fr »)

Cette liste ne traite que de ce qui existe déjà et fonctionne. Je n’ai volontairement pas signalé ce qui est prévu (excepté i2p) et de même je n’ai pas traité de problématiques purement techniques (comme le passage en base de données). Tout ceci sera peut-être traité dans les prochains articles, selon vos retours.

Le prochain article de la série reprendra tous ces points avec davantage de détails. En attendant, si vous voulez me contacter, vous pouvez le faire dans les commentaires ou en m’écrivant par mail.

  • Sylvain Hivy

    Salut, peux tu s’il te plait nous détailler le passage ci-dessous. J’ai l’impression quà la fin des 8 ans, il va se poser un souci car on ne pourra vraiment augmenter les frais de transactions et les mineurs n’y retrouveront plus leurs intérêts. Que va t’il donc se passer . Le XMR restera une valeur refuge ou risque t’elle de se dévaluer fortement ….
    Je voulais aussi savoir, la date d’échéance des 8 années.
    Merci pour cet article.

    « Emission secondaire (tail emission), lorsque l’émission initiale de huit ans sera terminée. Cette émission secondaire, très faible (1%) et éternelle (ce qui fait donc de Monero une cryptomonnaie inflationniste, même si de très peu), a pour objectif de continuer à fournir une raison pour les mineurs de miner, l’idée étant que se baser uniquement sur les frais de transaction ne fournirai pas une motivation suffisante aux mineurs, lesquels, en abandonnant le réseau, signeraient alors sa fin. L’alternative à une émission secondaire serait d’augmenter les frais de transaction, ce qui réduirait l’un des principaux arguments des crypto-monnaies : les faibles couts de transaction »