Articles – Le Coin Coin https://le-coin-coin.fr Informations, réflexions, contenu francophone sur le sujet des monnaies décentralisées dont le bitcoin. Un magazine sans pub crypto, blockchain et économie. Thu, 03 Jul 2025 03:02:01 +0000 fr-FR hourly 1 69367527 42ème Repas, à Conflans-Sainte-Honorine. https://le-coin-coin.fr/7849-42eme-repas-a-conflans-sainte-honorine/ https://le-coin-coin.fr/7849-42eme-repas-a-conflans-sainte-honorine/#comments Fri, 22 Feb 2019 09:09:31 +0000 https://le-coin-coin.fr/?p=7849 N’eût été le triste record établi (et ce n’est même pas la première fois) avec aucune présence féminine parmi les 20 convives ayant répondu à l’invitation, ce repas d’un genre un peu nouveau a été un moment fort agréable. Ce fut, après Paris et Neuchâtel, une nouvelle expérience de rencontre en bord de l’eau (le bateau […]

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N’eût été le triste record établi (et ce n’est même pas la première fois) avec aucune présence féminine parmi les 20 convives ayant répondu à l’invitation, ce repas d’un genre un peu nouveau a été un moment fort agréable.

Ce fut, après Paris et Neuchâtel, une nouvelle expérience de rencontre en bord de l’eau (le bateau chocolaté restant à quai) dans la capitale de la batellerie, mais avec un parfum exotique dans le menu pour évoquer ces francophonies lointaines que le cours du bitcoin rend aujourd’hui peu accessible pour un simple repas entre amis.

Après tant de repas strictement parisiens, dans des capitales ou des métropoles, les convives se retrouvaient pour la première fois dans une « grande banlieue », presque à la campagne, le tout bénéficiant d’un ensoleillement bienvenu ! Un moment « parisien » mais un peu excentré, et avec toujours des amis venus de loin et d’outre Hexagone. Notez d’ailleurs le drapeau belge sur la photo,  pour nos amis André et Philippe, bien sûr…

Les conversations ont porté sur de nombreux sujets, parmi lesquels les nombreuses expériences en cours (échange décentralisé de Binance, test réussi pour Eclair Mobile, publication de MuSig par Blockstream), mais aussi des expériences déjà anciennes, comme MADRE, évoquée par un convive venu de BNP Paribas. Comme toujours, les discussions politiques sont également allées de bon train ! La consultation lancée par la DGE a donné l’occasion d’échanges, comme les nouvelles invitations lancées par le député Pierre Person.

Le Communiqué du Cercle du Coin a aussi fait l’objet de discussion, d’autant que figurait parmi les convives un membre actif d’Asseth.

Là dessus, la péniche « Indépendance » passant son chemin apparait presque comme un signal politique !


En violation flagrante de la « seconde règle » de nos Repas (pas de petit commerce durant les repas!) un BTU Maximalist notoire a profité du soleil sur le pont, après le repas, pour inciter d’honnêtes bitcoineurs à télécharger application et jetons.

Menacé d’être directement jeté à l’eau l’individu a prétendu qu’il distribuait des cadeaux …  Vous voulez en savoir plus ?

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Pierre Paperon et la blockchain positive https://le-coin-coin.fr/5576-pierre-paperon-et-la-blockchain-positive/ https://le-coin-coin.fr/5576-pierre-paperon-et-la-blockchain-positive/#comments Tue, 11 Apr 2017 13:13:24 +0000 https://le-coin-coin.fr/?p=5576 Pierre Paperon participe activement à l’écosystème qui s’est formé autour des usages possibles des échanges décentralisés par une forme de blockchain, en ce qui concerne notamment l’énergie. Il a récemment communiqué par un article remarqué sur les réseaux sociaux et par une conférence le 6 avril à l’EMLyon Business School  (Campus de Paris) consacrée à ce qu’il appelle […]

Cet article Pierre Paperon et la blockchain positive est issue du site Le Coin Coin.

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Pierre Paperon participe activement à l’écosystème qui s’est formé autour des usages possibles des échanges décentralisés par une forme de blockchain, en ce qui concerne notamment l’énergie. Il a récemment communiqué par un article remarqué sur les réseaux sociaux et par une conférence le 6 avril à l’EMLyon Business School  (Campus de Paris) consacrée à ce qu’il appelle la « Blockchain 2.0 ».

L’article de Pierre Paperon auquel je renvoie principalement est intéressant et profond. En témoigne l’inscription qu’il fait de l’origine du mot token dans les deux champs de l’histoire et de l’informatique – alors que dans ces deux domaines on voit des gens étonnés de découvrir que d’autres qu’eux utilisent le mot ! Il faut aussi noter que l’auteur n’oublie pas d’intégrer le critère de légalité dans son crible, ce qui distingue son discours de pas mal de boniments sur la blockchain. Et qu’en conférence, il rappelle avec humour que pour celui qui brandit un marteau tout ressemble (abusivement) à un clou : la blockchain ne peut pas tout faire !

Ceci posé, son accroche au réel reste encore parfois un peu faible. Quand Paperon écrit que la blockchain permet de fabriquer ces unités plus petites que l’on peut appeler des « crypto-kWh » par exemple et qui ne sont rien d’autre que des kWh dont la production a été authentifiée par un compteur il faut évidemment lire que les crypto-kWh représentent par convention les kWh, à la façon dont un petit morceau de bois peint en rouge représente un hôtel au Monopoly, cette restriction n’enlevant rien, au demeurant, aux perspectives de la vente d’énergie en P2P grâce à une blockchain.

Donc si j’accepte sa définition du token qui est une unité de compte, un quantum d’information en fait, que l’on certifie et authentifie avec la blockchain je suis moins convaincu par sa définition de la tokénisation qui serait l’opération par laquelle, de quelque chose de continu ou de masse, on a extrait des unités que l’on peut commercialiser, échanger, valoriser, stocker si c’est possible, transporter, partager.

Pinaillage ? Non : ce qui permet la « vente au détail » de l’électricité photovoltaïque, ce n’est tout de même pas la seule blockchain, qui serait ici impuissante sans les compteurs divisionnaires. C’est le compteur (une machine vendue par un tiers de confiance, ce qui n’est pas très « blockchain spirit ») qui permet le saucissonnage du flux et le comptage de quantums, même si c’est ensuite la blockchain qui permet à tous les « compteurs », enrichis de fonctions de hashage par exemple, d’organiser un marché non centralisé et fiable.

Comparer une révolution computationnelle (Leibniz) et une révolution technologique (Satoshi) induit ce genre de confusion.

Reste que l’exemple de l’énergie (qui est je crois le domaine principal des recherches de Paperon) est – justement du fait du compteur électrique – pain béni pour l’extension de la tokenisation au delà du domaine du paiement. Mais ce n’est pas un hasard : le kWh a substantiellement des aspects monétaires sur lesquels on ne s’étendra pas ici, exactement comme les unités téléphoniques qui servent déjà aux échanges dans certains pays.

Seulement, exemple après exemple, on a le sentiment d’un relâchement : le pot de miel que l’on va tokeniser est-il local ? français ? bio ? de quelle essence ? Les œufs ont-ils été pondus comme-ci ou comme ça ?

les choses ne sont pas simples…

Un rapide tour dans un hypermarché permet (surtout aux plus anciens qui se souviendraient de ce à quoi ressemblait une épicerie de centre ville dans les années 60) de voir que la marchandise est aujourd’hui de moins en moins fongible. Enquête faite, ce n’est d’ailleurs pas un hasard si chaque yaourt est différent, si les maitres créateurs chocolatiers ont multiplié jusqu’au vertige le nombre de tablettes proposées. Cela fait partie de l’esthétisation du capitalisme, d’un capitalisme de la frivolité de la valeur.

Quant à la volonté de traçage (les pièces détachées de voiture évoquées dans la conférence) est-il nécessaire de mettre en place un système décentralisé quand un traçage par chaînage de transactions cryptographiques peut aussi bien être mis en place au sein d’une filière organisée (automobile, médicament, vin…) par un organisme régulateur ou syndical ? On me dira que  les blockchains présentent ici l’intérêt (la commodité) d’une inter-opérabilité, qu’elles renforcent la linéarité du registre qui n’est pas sans intérêt en matière de raçabilité. J’attends les use-cases concrets pour trancher…

Et quant au temps (avec lequel l’argent comme on sait entretient des liens sur lesquels j’ai récemment écrit) sa marchandisation pose de redoutables problèmes, que Paperon évoque en suggérant fort classiquement que l’heure d’un avocat n’est pas forcément équivalent à celle d’un pompier. Bien sûr on comprendra que c’est en prix de marché (pas forcément en valeur humaine) qu’il n’y a pas équivalence. Mais il faut approfondir : mon heure de nuit, ou du mois d’août, valent bien plus cher que celle d’un milieu de journée en février. Comme on ne se baigne jamais dans le même fleuve, aucune heure de ma propre vie n’est comparable aux autres. Alors les comparer à celle du voisin, il n’y fait pas « compter » ! Accessoirement le temps de disponibilité des automobiles est affecté de la même asymétrie. Et son usage n’est pas du tout le même dans les centre-villes et dans un hameau…

Au fond, de même que la blockchain ajoute quelque chose aux compteurs électriques et ne se comprend pas sans eux, elle ne peut ajouter du calcul à ce qui n’est pas computable. Par rapport au vieux modèle du SEL (système d’échange local : Paperon parle très justement de SEL 2.0) sans doute peut-elle détecter plus vite le passager clandestin, le mauvais joueur. Mais elle ne peut changer la nature des relations : les meilleurs SEL sont ceux dont on peut se passer (j’achète les œufs du voisin parce que c’est le voisin et que je connais ses poules, et pour ce faire je n’ai besoin ni du SEL ni de la blockchain). Même s’il avoue en conférence que les chiffres des SEL sont bien moins enviables que la réputation dont ils jouissent, Paperon passe un peu vite, je crois, sur leurs limites pratiques.

Un SEL 2.0 ?

Donc même si certains le lui reprocheront (car ce n’est pas très décentralisé) je pense que Paperon a raison d’accrocher, dans son article, ses hypothèses de développement de blockchains locales aux communes (aux municipalités) au moins autant qu’aux SEL. Je trouve même dommage qu’il ne présente pas l’idée centrale qui serait le paiement d’une partie des taxes locales avec les tokens de la blockchain locale.

Au total, Paperon n’est pas naïf et ne mésestime pas les difficultés ou les résistances. En revanche, et même si la présence de Vidal Chriqui au sein de son Observatoire des blockchains est de bon augure, il paraît à certains égards, notamment en conférence, avoir découvert le bitcoin via la blockchain, ce qui n’est probablement pas le parcours heuristique optimal.

Pourquoi ? J’ai parlé au début de mon article de l’accroche au réel que peuvent apporter, en la matière, l’histoire, l’informatique, mais aussi le droit. Or, en matière de droit, on trouve souvent l’expression de «droit positif». Cette expression à la curieuse consonnance psychologique provient en fait du mot latin positum qui signifie «posé», et désigne désigne le droit tel qu’il existe réellement.

Je voudrais suggérer ici que le bitcoin est la blockchain positive. Autrement dit : dans le discours « blockchain », Bitcoin, que tant de gens veulent oublier sous le prétexte de le dépasser, joue le rôle d’une ferme et utile attache à la réalité.Une pratique concrète et active de qu’on se plait à désigner comme «technologie blockchain» ne peut contourner ce fait. Ce fut, dès février 2016, la position du Cercle du Coin : Pas de révolution Blockchain sans Bitcoin !

 

 

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Interview du député Pascal Terrasse https://le-coin-coin.fr/4880-interview-de-pascal-terrasse/ https://le-coin-coin.fr/4880-interview-de-pascal-terrasse/#comments Wed, 07 Sep 2016 08:37:49 +0000 https://le-coin-coin.fr/?p=4880 Pascal TERRASSE a accepté de répondre à nos questions relatives à l’économie collaborative et les blockchains. Député de l’Ardèche, il a remis le 8 février 2016 un rapport sur les enjeux de l’économie collaborative. Ce rapport qui comprend 19 propositions et se fonde sur de nombreuses auditions et sur une large consultation en ligne, conclut […]

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Pascal TERRASSE a accepté de répondre à nos questions relatives à l’économie collaborative et les blockchains. Député de l’Ardèche, il a remis le 8 février 2016 un rapport sur les enjeux de l’économie collaborative. Ce rapport qui comprend 19 propositions et se fonde sur de nombreuses auditions et sur une large consultation en ligne, conclut la mission qui lui avait été confiée par le Premier ministre en octobre dernier.

Quelles sont les suites de votre Rapport sur le développement de l’économie collaborative? Qui a participé à l’élaboration de ce rapport ?

Il s’agit d’un rapport commandité par le Premier ministre, à vocation interministérielle, ayant pour objectif de répondre à une thématique précise qui relève des enjeux de l’économie collaborative afin de nourrir plusieurs textes de lois. Au départ, il y avait le texte de loi sur les nouvelles opportunités économiques que devait porter Emmanuel Macron et en même temps le texte de loi porté Myriam El Khomri sur la réforme du droit du Travail.

Depuis les choses ont évolué, le texte de loi devrait nourrir à la fois le texte de loi porté par Axelle Lemaire et une partie portée par Myriam El Khomri sur ce qui relève du droit du travail et une partie plus fiscale portée par le texte de Michel Sapin (Loi Sapin) présenté au mois de juin prochain sur le collectif budgétaire.

Les véhicules juridiques qui serviront à proposer par voie législative le rapport seront donc composés de trois textes. Les 19 propositions de ce rapport doivent servir d’inspiration afin de nourrir plusieurs projets de lois.

Le rapport a été élaboré avec l’aide d’un inspecteur général de l’action sociale et d’une inspectrice générale des finances. Cependant la méthode de participation à ce rapport a été assez collaborative puisque j’ai fait appel à la plateforme « Parlement et citoyens » pour que son texte soit nourri d’une information citoyenne. Il y a eu 250 contributions de citoyens qui ont pu prendre part au débat à travers un site collaboratif. Finalement, j’ai organisé plus de 70 auditions de professionnels de l’économie collaborative, des administrations et des organisations syndicales.

A partir de toutes ces réflexions, j’ai condensé toutes ces participations et organisé des propositions qui me paraissaient être les plus adaptées à l’économie collaborative. 

Est-ce que vous aviez des affinités particulières à l’économie collaborative ou tout simplement le monde du numérique ?

Je suis rentré dans ce dossier vierge de toute arrière-pensée et j’étais affranchi de mon environnement et libre dans mes appréciations. Cela m’a permis d’avoir suffisamment de recul dans le cadre de cette réflexion. De par mon action de Président du Conseil général de l’Ardèche, j’ai été nourri par les réflexions d’un ancien directeur de France télécom, Jacques Dondoux, l’inventeur du GSM, qui m’avait dit que l’économie numérique allait révolutionner l’économique traditionnelle. Très tôt, il m’avait expliqué qu’il fallait désenclaver notre département par la fibre optique. J’ai donc été le premier Président de Conseil général à mettre en place un réseau public de fibre optique de manière à faire en sorte que la fracture numérique en milieu rural soit atténuée par l’action publique.

Pensez-vous que les pouvoirs publics ont les capacités de répondre à ce type d’économie nouvelle, créatrice de progrès, et est-ce que les lois n’ont pas toujours un « train de retard » face au progrès technologique. Est ce qu’il y a vraiment des solutions concrètes ?

Il faut partir du principe suivant : le temps économique est toujours plus rapide que le temps politique. Or, quand on parle d’économie numérique on est dans un temps qui est supersonique, on aura toujours un train de retard. C’est la raison pour laquelle je préconise dans mon rapport la mise en place d’un observatoire de l’économie collaborative ayant pour vocation d’anticiper les évolutions de ce secteur et qui pourrait au fil de l’eau produire éventuellement de la législation de manière à accompagner cette économie nouvelle.

Je pense qu’il ne faut pas brider l’économie collaborative ou la sur-réglementer au risque de l’abimer. C’est un écosystème en devenir, on est dans une transition économique que l’on pourra évaluer à la fin. Plutôt que de laisser faire les choses, il faut les anticiper et les accompagner. Et, pour les accompagner cet observatoire, qui comprendrait des responsables politiques et acteurs de l’économie collaborative ainsi que des administrations, serait un lieu de débat pour anticiper les évolutions puisque l’on sait que cette économie va disrupter l’ensemble de l’économie.

L’économie collaborative est une économie qui va contourner l’économie traditionnelle et qui a vocation, non pas à l’abimer, mais à la régénérer, à inventer de nouveaux modèles économiques. Les responsables économiques ont intérêt à se préoccuper de ces enjeux modernes qui remettent en perspective un nouveau mode de pensée dans nos organisations et les principes mêmes de production. C’est pourquoi adapter les règlements à ces nouvelles formes d’économie permettra à la France de demeurer une terre de création, une terre d’entreprenariat qui conserve sa compétitivité face au reste du monde.

En quelques sortes, s’agit-il de ne pas tomber dans le piège de Hadopi qui était assez répressif, qui venait après la démocratisation du téléchargement illégal ainsi que des plateformes privées légales, et au contraire chercher à ce que l’Etat anticipe et soit une partie prenante et non un Etat policier ?

Bien sûr, l’idée est d’anticiper les évolutions économiques dans tous les secteurs et non pas d’avoir une vision segmentée de l’économie. On sait que l’économie collaborative s’inscrit dans un champ très large qui touche toutes les activités.

Le premier secteur qui a été touché par l’économie collaborative est le secteur de la création artistique avec la loi Hadopi. Des jeunes ont d’abord créé des réseaux d’échange de musique en pair-à-pair. Ils ont ensuite basculé vers un système où ils ne souhaitaient plus être propriétaires de disques mais propriétaires d’un usage de la musique, qui sera développé par Spotify ou Deezer.

Lorsque l’on regarde le passé, on a eu Hadopi, les problèmes d’hier et d’aujourd’hui qui sont posés par Uber, et actuellement la problématique d’Airbnb. On voit que l’économie collaborative va toucher tout type d’activités et pas seulement le tourisme ou le transport. L’idée que je préconise est que la France doit avoir l’agilité d’une start-up dans son organisation et faire en sorte que ce secteur émergent soit accompagné pour le valoriser et pour permettre à l’économie traditionnelle de faire sa mutation. Car l’économie traditionnelle, soit elle s’inscrit dans une logique d’opposition frontale  à cette économie numérisée, soit elle s’adapte et s’organise. Au fond, le plus bel exemple est Uber, si la gestion des taxis traditionnels s’était intéressée à la géolocalisation, nous n’en serions peut-être pas là aujourd’hui. Il ne faut jamais brider un service ou une action moderne et nouvelle. Ce serait comme dire que l’on est contre l’électricité au moment où celle-ci a été créée. Le progrès nous rattrape toujours.

Le pair-à-pair est un système résilient par essence. Et aujourd’hui, toutes les relations  qui ne sont pas dans le pair-à-pair, mais qui sont en CtoC, en BtoC, s’imposeront à nous dans tous les cas, puisque l’on ne bloquera jamais les réseaux internet. Ma définition au fond du rôle politique est à la fois l’anticipation et l’accompagnement mais surtout pas des prises de décision qui interviennent trop tard et qui seraient contraires à une économie ouverte dans un monde ouvert.

Seriez-vous capable de définir de manière concise ce que l’on peut entendre par économie collaborative ?

Définir l’économie collaborative est très difficile et cela fait partie de la mission qui a été la mienne. En réalité, c’est un concept qui a été inventé il y a une trentaine d’années et qui reposait sur les services locaux (communément appelés par leur acronyme SEL). A l’origine, cette économie est très territorialisée et ne s’appuie pas sur le numérique, il s’agit d’une économie de l’échange et du troc qui a vocation à créer du service.

Néanmoins, l’avènement des plateformes numériques a massifié cette économie par l’avènement du digital. Dans ma définition, l’économie collaborative, ce n’est surtout pas l’Ubérisation de la société, mais d’abord un moyen qui permet à travers l’intermédiation d’une plateforme de faciliter l’acte d’échange, de troc ou de service. Ce que je relève dans l’économie collaborative, c’est que l’on change de paradigme dans le cadre d’une prestation, où pendant très longtemps le producteur vendait un bien. Aujourd’hui on est plus sur une valeur d’usage. C’est plutôt la mise à disposition par un prestataire d’un service, d’un usage intermédié par une plateforme numérique. Voilà comment je définirais le dispositif en sachant que je fais la différence entre l’acte professionnel et l’acte d’un particulier. On peut en effet avoir un producteur consommateur qui est un particulier mais il peut y avoir aussi un producteur de service qui est professionnel.

Ne pensez-vous pas que les intermédiaires sont voués à disparaitre puisqu’ils exercent une certain prédation économique ? Lorsque l’on voit des technologies comme la blockchain qui permettent de s’affranchir de cette intermédiaire, la finalité de l’économie collaborative n’est-elle pas de se passer totalement d’intermédiaire ?

En réalité, je n’aborde que très peu la blockchain dans mon rapport. C’est l’étape suivante puisque l’économie collaborative n’aura qu’une durée limitée et que l’on arrive maintenant à des systèmes de « communs » qui appartiennent à tout le monde et se mettent en place petit à petit. Au fond, le plus bel exemple est Wikipédia, qui est un « commun », dont la valeur est créée par l’utilisateur et celui qui va contribuer à l’enrichissement de l’information. Demain, en réalité, il y aura des plateformes qui seront des « communs » et qui appartiendront autant aux producteurs de biens qu’aux consommateurs.

Je pense que les premiers à être disruptés ou ubérisés seront les plateformes telles qu’Uber notamment par une blockchain commune qui appartiendra aux utilisateurs : les taxis, mais aussi demain des clients, qui pourront eux-mêmes enrichir la plateforme sans intermédiation. L’économie collaborative a tué les intermédiaires économiques et la blockchain va tuer l’intermédiation.

En fait c’est un système transitoire du fait de l’arrivée à venir de ces « communs ». Mais ce sont des notions assez compliquées à comprendre lorsque l’on n’est pas initié. On en mesurera les conséquences dans deux ou trois ans, et l’on ne parlera sans doute plus d’économie collaborative mais de blockchain. Il y aura des systèmes de paiement avec des monnaies qui seront virtuelles, où l’on pourra vendre des biens, des services avec une sécurité redoutable puisqu’organisée par la communauté. On sera donc sur des systèmes très communautaires.

En tout état de cause, je suis favorable à l’accompagnement de tous ces changements. Mais en termes économiques, nous parlons là des « premiers habitants sur Mars ». Quand j’explique dans des colloques que l’économie collaborative disrupte l’économie automobile puisqu’aujourd’hui on est simple propriétaire d’usage grâce aux activités de partage de véhicule, où que j’explique que demain il sera possible pour les particuliers d’imprimer des moteurs de voitures sans permis avec des imprimantes 3D, les gens ne me comprennent pas forcément. Cela a par le passé été le cas de celui qui m’avait expliqué que j’aurai un jour un smartphone avec autant de microprocesseurs qu’il y en avait lorsque Soyouz est allé sur la Lune.

Il faut aujourd’hui avoir cette vision de ce que sera la société dans 30 ans et la blockchain sera l’évènement majeur qui va changer la relation que l’on a avec l’économie. D’ailleurs cela changera la relation que l’on a avec le fort et le faible. Quand on est consommateur, on est toujours affaibli par rapport à la production d’un bien. On sera là dans une forme d’égalité. Il y a dans l’économie collaborative cette idée de changer la nature des rapports de force, et c’est aussi une forme d’organisation d’une société vers une sobriété volontaire. On va organiser cette sobriété puisque cette économie sera source d’énergie, de matières premières ou l’épuisement de l’obsolescence programmée pour l’instant créatrice de valeur boursière. On est dans un changement de paradigme pas seulement productiviste et économique mais aussi sociétal. Ceux aujourd’hui qui commencent à regarder ces sujets-là permettent l’ouverture d’un débat politique fabuleux. Ce qui est également important, c’est que l’on va changer nos modes d’organisation. On est actuellement dans une logique verticale, très corporate concernant les rapports de force. Là, nous sommes dans une logique d’organisation horizontale : c’est le collectif qui amène la force, chacun aura une contribution à améliorer un dispositif. On sera donc sur des organisations beaucoup plus horizontales et les sociétés qui n’ont pas compris ce changement majeur auront de grandes difficultés demain à faire des recrutements et à inventer le futur.

Nous avons bien saisi la liberté que peut apporter l’économie collaborative mais si l’on revient sur des sujets plus juridiques tels le droit du travail, certaines difficultés semblent exister. En ce sens, y a-t-il des risques relatifs à l’absence de reconnaissance de ces acteurs par le droit du travail ?

La génération de mon père, qui a vécu l’ère industrielle et les Trente glorieuses, avait une vision : la formation pour le travail toute une vie dans une seule et unique entreprise. Ma génération, à savoir les années 1980, avait une vision différente : la nécessité de flexibilité dans le travail afin de pouvoir convenir à plusieurs employeurs, adapter sa formation aux différentes situations. La génération du jeune d’aujourd’hui est encore différente. En plus de ne pas avoir un travail permanent dans la même entreprise, il sera en réalité un acteur, un producteur de richesses, de valeurs, mais avec des statuts très différents. Une partie de la journée ou de la semaine, il sera salarié et à d’autres moments il sera indépendant ou prestataire. Il s’agit d’une situation à la fois intellectuellement intéressante mais également très insécurisante pour ce jeune.

C’est pourquoi, il faut que la puissance publique adapte des sécurisations utiles et nécessaires à ces acteurs. Tout d’abord, il faut faire vivre le Compte Personnel d’Activité, qui est un compte permettant la protection sociale non pas en fonction de la nature de l’activité mais de l’individu. Et de même, dans la perspective d’un débat politique à venir, il faudra ouvrir la possibilité d’un revenu universel de manière à sécuriser l’ensemble des acteurs économiques ayant des statuts différents.

Je suis favorable à terme à l’idée non pas de créer un statut particulier pour les acteurs de l’économie collaborative, tel que cela m’a été demandé, au risque de se trouver dans une situation où l’on licencie ses propres salariés pour les envoyer vers un statut low-cost. Je suis plutôt dans la logique de préconiser la convergence des droits sociaux entre indépendants et salariés, alors qu’en France on a à peu près 90% de salariés.

Pensez-vous que l’on est face à des personnes qui sont de fait salariés, qui seraient peut-être juridiquement reconnus salariés, mais qui sont pour l’instant dans le statut parfois précaire d’auto-entrepreneur ?

La véritable précarité, c’est le chômage chez les jeunes aujourd’hui. En réalité ce que nous disent ces jeunes chauffeurs, c’est que l’on préfère ça à la véritable précarité puisque de nombreux chauffeurs sont issus des banlieues et des lieux où le chômage est le plus élevé chez les jeunes. Ces jeunes préfèrent cela à la véritable précarité qui est l’inactivité. En réalité, derrière ces jeunes qui se sont engagés dans l’auto-entreprenariat et qui font beaucoup d’heures en gagnant peu leur vie, il y a cette ambition de pouvoir réussir. Il s’agit d’un premier pied à l’étrier dans l’activité. Parce que ces jeunes souvent issus de milieux modestes n’ont pas accès aux stages, aux premiers emplois, cela leur permet de se sociabiliser avec la vie du travail et d’améliorer leur ordinaire pour faire autre chose.

Donc, il vaut mieux voir cela comme un premier pas dans la vie active, mais en même temps, ce que je dis dans mon rapport c’est que la précarisation existe. Il faut faire attention sur le lien de subordination : on est dépendant économiquement d’une plateforme mais également dépendant d’une coopérative, ou d’autres secteurs d’activité. Il faut être prudent sur ce lien de subordination, et moi je laisse ce sujet à l’appréciation du juge. Pour le moment le lien de subordination dépend du contrat de travail, et quand je vois à quel point il est difficile de modifier le code du travail, je me demande quel responsable politique sera capable de le faire.

Je ne suis pas convaincu aujourd’hui qu’un chauffeur Uber qui a le choix de son lieu de travail, le choix de ses horaires de travail et clients soit considéré comme un salarié normal au titre d’un contrat de travail traditionnel. Car si l’on considère que quelqu’un qui travaille quand il souhaite et qui organise son activité comme il le sent, ce qui vaut pour un chauffeur Uber vaut pour n’importe quel salarié en France.

Comment appréhender les cas de concurrence déloyale que les professionnels revendiquent notamment lorsqu’ils sont tenus d’obligations imposées par la loi contrairement aux particuliers proposant des services similaires ?

Je suis sensible à la concurrence déloyale. Car certaines obligations existent pour les professionnels, notamment en termes de normes de sécurité. Ce qui n’est pas forcément le cas pour les particuliers qui  louent leur appartement sur une plateforme. Vous ne pouvez pas demander le même niveau de prestation chez un particulier que chez un professionnel.

Si aujourd’hui vous êtes considéré comme un loueur de meublés pour touristes, vous devez payer la fiscalité normalement. Si, en revanche, vous louez votre résidence principale à titre occasionnel, vous n’entrez pas dans ce champ concurrentiel. Il faut distinguer ce qui relève d’une action qui va occasionnellement mettre à disposition une prestation d’un professionnel.

C’est pourquoi, mon rapport ne crée aucune taxe nouvelle. Il ne fait que rappeler la loi. Il va même plus loin et demande à l’administration de faire du rescrit fiscal puisque certains secteurs sont mal mesurés. Il y a un besoin que l’administration fiscale nous donne des informations lisibles sur le droit fiscal, ce qui pour le moment est très compliqué. Par exemple sur le prix d’un véhicule, on sait que l’amortissement est en moyenne de 6 000 euros par an. Chaque Français peut donc en théorie défalquer de son impôt sur le revenu cette somme. Si les gains de la location de votre véhicule accumulés sur une année sont inférieurs à 6 000 euros, on peut considérer que vous êtes dans l’économie du partage et, à ce titre, vous ne pourrez pas être fiscalisé. En revanche, si vous en tirez plus de 6 000 euros de gains annuels, vous êtes considéré comme un loueur de véhicule et devrez vous acquitter de l’impôt sur le revenu en conséquence. Ce que je reproche au système actuel, c’est que l’on a des professionnels qui habilement se sont glissés dans l’économie collaborative pour échapper à toute norme et toute fiscalité.

Pour terminer, pensez-vous qu’il est possible pour l’état français de lutter contre la défiscalisation des entreprises facilité par la dématérialisation des activités concernées ?

C’est un sujet qui ne relevait pas au départ de ma mission pour ce rapport. En réalité, l’ère numérique a mis en évidence des sociétés multinationales qui font de l’efficacité fiscale une source de revenus non négligeable (Google ou Amazon par exemple). Ayant leur siège fiscal dans des paradis fiscaux, elles ne paient donc pas ou très peu d’impôts.

D’une manière générale, les Etats ont bien compris qu’aujourd’hui il y a une grosse partie de la fiscalité qui leur échappe. Le G20 à Antalya en Turquie l’an dernier a convenu que l’accord BEPS de l’OCDE devait se mettre en place, ce qui est très important. En réalité ce que les Etats du G20 ont convenu c’est que chaque entreprise, dans le cadre des accords de l’OMC, devra payer ses impôts dans l’Etat où elle exerce son activité. C’est un accord qui devra avoir une portée internationale. Néanmoins, il faudra peut-être deux ou trois ans avant sa mise en place. Cette volonté est aujourd’hui exprimée, et dans mon rapport, j’indique qu’il faut que le Gouvernement français soit un acteur plein et total de manière à ce que des décisions multilatérales soient prises dans les meilleurs délais.

Il faut cependant être prudent. Comme toujours, nous regardons notre économie avec l’œil qui nous concerne très directement. Par exemple, Google qui ne paie pas ses impôts en France. Il ne faut pas oublier que des établissements français ont des activités à l’étranger et, pour certaines, ne paient pas leurs impôts à l’étranger. Ainsi, ce que nous allons gagner d’un côté, nous risquons de le perdre de l’autre. Si l’on prend par exemple Le Bon coin, entreprise finlandaise, dont le siège fiscal est en France et qui a des activités en Suisse. Il s’agit d’une entreprise qui paie l’intégralité de ses impôts en France aujourd’hui et qui sera demain amenée à payer ses impôts partout ailleurs. Le montant collecté par l’Etat français au titre de l’impôt sera plus faible car Le Bon coin sera obligé de déclarer ses revenus dans chaque pays et de payer la fiscalité en conséquence. Nous serons donc perdants.

Dans tous les cas, ce système sera plus équilibré. Pour l’opinion publique, il y a un besoin d’un discours véritable sur la transparence fiscale. On voit par exemple qu’Airbnb a son siège social en Irlande et que celui d’Uber est aux Pays-Bas. Tous deux font de l’efficacité fiscale un moteur de leur croissance, ce qui n’est pas acceptable et pas compréhensible par l’opinion publique.

Propos recueillis en Mai en collaboration avec Florent GASSIES, Elève avocat, dans le cadre de la revue des élèves avocats : le Baromaître. (numéro 3 de Juin 2016)

Crédits photo : CLEMENS BILAN/AFP

Cet article Interview du député Pascal Terrasse est issue du site Le Coin Coin.

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Identité numérique, Blockchain, et Big data https://le-coin-coin.fr/4766-identite-numerique-blockchain-big-data/ https://le-coin-coin.fr/4766-identite-numerique-blockchain-big-data/#comments Thu, 14 Jul 2016 16:41:19 +0000 https://le-coin-coin.fr/?p=4766 Du Bigdata à l’auto-surveillance permise par la blockchain Avec cette vision développée dans cet article :http://www.frenchweb.fr/blockchain-… on finirait donc à assez court terme par avoir théoriquement, seul, l’usage -et la connaissance- de l’ensemble de nos données.Et donc une identité numérique maîtrisée de façon absolue. Maitrise qui, lorsqu’elle nous sera demandée par un tiers – anonyme […]

Cet article Identité numérique, Blockchain, et Big data est issue du site Le Coin Coin.

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Du Bigdata à l’auto-surveillance permise par la blockchain

Avec cette vision développée dans cet article :http://www.frenchweb.fr/blockchain-… on finirait donc à assez court terme par avoir théoriquement, seul, l’usage -et la connaissance- de l’ensemble de nos données.Et donc une identité numérique maîtrisée de façon absolue. Maitrise qui, lorsqu’elle nous sera demandée par un tiers – anonyme ou non – à être partagée, pour entrer par exemple dans un groupe social qui exigeraient des “références” et la connaissance de notre passé, ne pourra paradoxalement pas être parcellaire.

Au risque de la suspicion, il faudra donc prouver notre mauvaise foi et donc construire et compartimenter des identités numériques multiples toutes fausses et vraies à la fois.Autrement dit à force de cultiver la notion de privacy d’un côté et de transparence de l’autre, les deux extrêmes se rejoignent, nous sommes en train d’arriver pour nous tous sans le moindre débat à une notion d’identité numérique “quantique” si l’on peut dire : à la fois présente et exposée et également dans le même temps inconnue et invisible, ayant besoin et se servant des autres (rendus comme soi anonymes) dans le principe de la blockchain pour disparaître et apparaître en même temps du groupe, ce qui n’est pas le moindre paradoxe.

shermanL’existence au prix de la disparition et inversement, avec l’illusion de tout contrôler de ses données et de ses relations avec les autres, rendus simples protocoles d’autorisation ou de blocage. Control freak age is coming.

L’image de soi certifiée par le réseau rendra-t-elle nos vies invivables autrement qu’en ligne ?

instagramrealityOn ne pourra de fait connaître quelqu’un numériquement uniquement par strates, sans jamais connaître à qui l’on a affaire, le règne des faux semblants sera la norme imposée. L’effet connu actuel de l’usage massif de par exemple Facebook ou Instagram voir aussi Linkedin où l’on se présente sous le meilleur jour souvent inventé dans sa permanence, sera maximisé et systématique, et deviendra preuves d’identités. Papiers d’identités numériques changeants à chaque réseau, voir posts. Avec une Time Line numérique omnisciente dans sa traçabilité et pourtant également définitivement effaçable dans sa globalité, deux usages de la même techno, la blockchain.

mirrorgirl
Nous aurons donc plusieurs identités simultanées rendues possible par le numérique, à la fois non prouvables globalement et prouvées par lots suivant la volonté de l’utilisateur par la blockchain, et les personnes qui seront en-dehors de cela, que l’on pourrait appeler les mono-identités, non numériques sinon administrativement, passeront pour des benêts, ou pire, comme des déviants.

Ca manque pas d’ego par ici, mais de corps, de bienveillance et de cohérence !

La fin de l’article rebondit sur le fait que l’on pourra peut être casser dans 30 ans les clés privées pour le moment inviolables de la blockchain avec une puissance de calcul aujourd’hui non existante, par exemple avec la technologie des ordinateurs quantiques, qui deviendrait un pharmakon terrible dans cet usage, libérant les données si l’on peut dire, et transformant à nouveau -comme aujourd’hui – un ensemble jusqu’alors constitué de datas individuelles cryptées en un big data largement moissonnable et segmentable. Control freak level humanity.Nous sommes en train de constituer une société ou l’individu ne pourra plus exister dans une seule identité – certes aujourd’hui conventionnelle – mais une pluralité d’identités par définition – et exigence -indéfiniment plurielles et toutes vraies et vérifiables car non-vérifiables en quelque sorte…Et le jour où un état ou plus probablement un groupe privé pourra accéder à l’ensemble de ces identités et leur historique numérique, cela coïncidera avec le point de singularité, à savoir cette étape de l’intelligence artificielle où elle pourra poser et résoudre des problèmes d’elle-même sans apport de données par des humains, et donc se rapprocher de ce qu’on peut imaginer comme étant une conscience artificielle. Aurons-nous alors déjà disparus dans nos multiples identités numériques ?

shingitaiLes arts martiaux japonais traditionnels cultivent trois dimensions distinctes mais qui n’ont de sens qu’unifiées. Dans les arts martiaux Japonais ce sont l’esprit (l’intention, caractère, désir) SHIN, la technique GI et le corps, TAÏ. Aucun ne prévaut, chacun enrichit et bénéficie à l’autre. Il me semble que nous gagnerions à nous inspirer des arts martiaux et à ne pas oublier son corps, le sien et celui de l’Autre ni les deux autres composantes de cette unité. Aller à la rencontre de soi physiquement et de l’Autre. Avec bienveillance et courage, c’est à dire en allant vers l’autre au risque de la rencontre, pas uniquement en se montrant à l’autre dans le miroir froid et narcissique de l’”écran intelligent” qui réfléchit pour nous, où chacune de nos identités si elle n’est pas rattachée à une corporéité une technique et un esprit, ne pourra qu’être engloutie et oubliée au gré des marées de pixels. Seulement consignée in fine comme disparue dans le grand livre numérique, la blockchain, sans aucun sens ni maitrise de nos vies et de notre plaisir de vivre !Communiquer et vivre en cohérence avec soi et avec les autres dès aujourd’hui, à l’heure de l’explosion de ses identités numériques avec une techno qui tend à prouver numériquement et elle seule la véracité du réel, cela ne peut surtout pas rester qu’une question de technologie.

Perle de rosée

Qu’a voulu prendre en ses doigts

Un petit garçon.

Kobayashi ISSA (1763-1828)

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Communiqué du Cercle du Coin sur l’attaque de la DAO https://le-coin-coin.fr/4606-communique-cercle-coin-lattaque-de-dao/ https://le-coin-coin.fr/4606-communique-cercle-coin-lattaque-de-dao/#comments Fri, 17 Jun 2016 15:39:07 +0000 https://le-coin-coin.fr/?p=4606 Vendredi 17 Juin 2016, 17 heures TheDAO, première organisation autonome décentralisée sur la blockchain Ethereum, est depuis ce vendredi matin la cible d’une puissante attaque qui visait à siphonner progressivement les 11 millions d’ethers investis dans le projet. Près de 3,6 millions d’ethers ont ainsi été détournés, soit plus de 30% des fonds de la […]

Cet article Communiqué du Cercle du Coin sur l’attaque de la DAO est issue du site Le Coin Coin.

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Vendredi 17 Juin 2016, 17 heures

TheDAO, première organisation autonome décentralisée sur la blockchain Ethereum, est depuis ce vendredi matin la cible d’une puissante attaque qui visait à siphonner progressivement les 11 millions d’ethers investis dans le projet. Près de 3,6 millions d’ethers ont ainsi été détournés, soit plus de 30% des fonds de la DAO. C’est un événement majeur dans la jeune histoire de l’économie décentralisée.

Si le problème a vite été identifié, il n’a pas pu être contré dans l’instant même autrement que par un procédé visant à ralentir l’attaque. Un smart contract est une chose autonome que la volonté humaine n’arrête point.

Les médias ne vont pas manquer de se saisir de ce sujet, qui pose évidemment de vraies questions, mais risque de les mener à des conclusions hâtives.  Il a paru nécessaire, au Cercle du Coin, de fournir des explications à ceux qui souhaitent comprendre, avant de donner lui-même son opinion sur ce sujet.

Les faits

L’attaque utilise une fonction récursive après un appel “split” de payout, permet de collecter des ethers. Des vérifications insuffisantes lors d’erreurs dans l’exécution de transactions dans le protocole Ethereum sont mises en pratique par l’attaquant pour débloquer des fonds.

Cependant, le fonctionnement normal de la DAO fait que l’attaquant ne peut récupérer les éthers volés avant un délai de 27 jours, le temps d’initier la sortie des éthers immobilisés sur le “smart contract “ de la DAO. Sans action extérieure, le pirate ne pourra donc pas retirer les fonds avant 27 jours minimum. Le pirate informatique a simplement bougé les fonds vers une proposition qu’il contrôle. Les tokens ne sont donc pas véritablement sortis de TheDAO.

En première réaction, la communauté Ethereum et TheDAO ( ou ce qu’il faut bien désigner comme des “responsables” de cette organisation) a proposé un “soft fork” qui empêcherait toute transaction réduisant le compte de la DAO, et ceci dès le bloc 1.760.000, en empêchant les ethers d’être retirés par l’attaquant après le délai de 27 jours (et en basculant de fait TheDAO dans une nouvelle structure). Ce soft fork serait éventuellement suivi par un “hard fork” donnant aux détenteurs de tokens de la DAO la possibilité de récupérer leurs éthers en annulant les transactions. Afin que ces deux propositions respectives soient effectivement appliquées, il est désormais nécessaire qu’une majorité des participants au réseau Ethereum applique les modifications inscrites au sein de la nouvelle version patchée du client Ethereum qui vient d’être mise à disposition de tous, de manière à approuver implicitement ces deux choix en accord avec la philosophie de consensus décentralisé à l’origine des crypto-monnaies.

Le blog Ethereum a aussi saisi cette occasion dramatique pour rappeler certaines règles de prudence : “Les utilisateurs de smart-contracts doivent être très vigilants sur les risques des fonctions récursives, et prendre l’avis de la communauté des programmeurs Ethereum. Cette communauté résoudra probablement ces problèmes dans les prochaines semaines. Il est d’autre part déconseillé de créer de nouveaux contrats qui concerneraient plus de 10 millions de dollars d’investissement, à l’exception des contrats de tokens dérivés et des autres systèmes dont la valeur serait elle-même définie par un consensus exprimé en dehors de la plateforme Ethereum et qui pourrait aisément faire l’objet d’un hard-fork par un consensus de la communauté si un nouveau problème surgit (ex. MKR) et cela au moins jusqu’à ce que les développeurs acquièrent plus d’expérience sur la résolution des bugs et/ou de meilleurs outils soient développés.”

Les réactions

Cette réponse par hard-fork, envisagée certes dans l’urgence, mais qui revient à ré-écrire l’histoire et à reprendre en main le système, s’avère cependant assez décriée dans la communauté des crypto-monnaies et donne matière à s’interroger.

La décentralisation et l’autonomie d’un système serait remise en cause de façon assez radicale avec ce choix de hardfork. Les opposants au hardfork pensent qu’un système autonome et décentralisé devrait le rester. Il faut avouer qu’il y a un problème réel si une personne peut modifier le livre des compte ou les contrats qui sont normalement infalsifiables. Le site Ethereum expliquait il y a peu de temps encore : construisez des applications que nul ne pourra arrêter. Les applications s’exécutent exactement comme programmées, sans possibilité d’arrêt, de censure, de fraude, ni d’interférence par une tierce partie.  La solution envisagée par les dirigeants du projet vient contredire de manière frontale ce discours prometteur. « Ce qui pose un second problème, car en #reprenant la main# (RW: proposant de telles modifications) sur les contrats, l’organisation ne serait-elle pas contrainte d’assumer la responsabilité juridique de leur application ? Sur quels critères seraient désormais décidé ces interventions humaines?

Eric Larcheveque, dirigeant de Ledger, société membre du Cercle du Coin rappelle sur ce propos que “le contract a été exécuté de façon légale puisque le code source faisait force de loi lors de la période de création. Ethereum montre que finalement ce projet n’est pas si décentralisé que cela, et que le “Code is Law” s’arrête là ou commence la loi des développeurs d’Ethereum”.

A l’heure ou nous écrivons ces lignes, les dirigeants de l’organisation Ethereum et TheDAO semblent revenir en arrière sur cette option de hard-fork, ce qui poserait alors la question des dégâts du vol et de l’avenir du projet de TheDAO.

Notre avis

Des voix respectées dans la communauté rappellent que le Bitcoin, malgré les problèmes d’implémentation déjà rencontrés au fil de son histoire n’a jamais envisagé de telles méthodes. Après tant de critiques malintentionnées sur la gouvernance du bitcoin, et tant d’assurance dans les vertus des blockchains les plus diverses, l’événement de ce vendredi impose un bilan d’étape.

L’Association Le Cercle du Coin a publié depuis des mois qu’il n’y aurait “pas de révolution Blockchain sans Bitcoin”. or on observe depuis lors que le Bitcoin, souvent décrié par les institutions comme par les médias, bénéficie cependant de façon manifeste tant du développement de l’économie décentralisée que de l’évidence de ses qualités comme monnaie pivot de ces échanges et réserve de valeur. Ceux qui ont suivi pour eux-mêmes le conseil qu’ils donnaient aux autres “d’oublier Bitcoin” doivent en éprouver une certaine amertume.

L’engouement systématique pour toutes les alternatives au Bitcoin, sans discrimination, est souvent le fait de personnes mal informées ou défavorables par principe au Bitcoin. En effet , les spécialistes sont encore dubitatifs sur la solidité et la viabilité d’une blockchain en Turing-Complete car les boucles peuvent être utilisées de manière malintentionnée. C’est une critique importante envers Ethereum et l’on voit qu’elle est encore d’actualité.

Alors que l’implémentation du Bitcoin tourne depuis 8 ans et sécurise aujourd’hui dix milliards d’euros, des projets plus jeunes et exécutés précipitamment avec un manque d’attention peuvent mettre en péril des systèmes financiers. Et il convient aussi de rappeler aux politiques, aux régulateurs et aux professionnels de la finance, que ce qui fait la solidité financière du Bitcoin n’est autre que la solidité technologique de sa blockchain, se basant sur un agencement particulièrement performant dont le token monétaire Bitcoin est un élément crucial.

Le Cercle du Coin saisit cette occasion pour rappeler aux développeurs qu’ils doivent garder une grande vigilance dans leurs projets. Et tout particulièrement, lorsque ces projets concernent des transferts de valeur ou des investissements financiers. La sécurité informatique des blockchains demande des compétences pointues. Des erreurs d’implémentation dans le code ont parfois des conséquences désastreuses.

Publié à l’origine sur Le Cercle du Coin

Crédit Image : Les Roses d’Héliogabale d'Alma Tadema

Télécharger le communiqué au format PDF.

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Le puzzle Blockchain : finance, régulation et politique https://le-coin-coin.fr/4509-puzzle-blockchain/ https://le-coin-coin.fr/4509-puzzle-blockchain/#comments Mon, 06 Jun 2016 14:04:34 +0000 https://le-coin-coin.fr/?p=4509 Après l’Ordonnance Macron du 28 avril, l’amendement présenté le 13 mai par Madame Laure de La Raudière, députée de la 3ᵉ circonscription d’Eure-et-Loir, est un second épisode de l’intervention des politiques français dans l’institutionnalisation de la « technologie blockchain ». Madame de La Raudière propose que les opérations effectuées au sein d’un système organisé selon un registre décentralisé permanent et infalsifiable de […]

Cet article Le puzzle Blockchain : finance, régulation et politique est issue du site Le Coin Coin.

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Après l’Ordonnance Macron du 28 avril, l’amendement présenté le 13 mai par Madame Laure de La Raudière, députée de la 3ᵉ circonscription d’Eure-et-Loir, est un second épisode de l’intervention des politiques français dans l’institutionnalisation de la « technologie blockchain ».

Madame de La Raudière propose que les opérations effectuées au sein d’un système organisé selon un registre décentralisé permanent et infalsifiable de chaine de blocs de transactions constituent des actes authentiques au sens du deuxième alinéa de l’article 1317 du code civil. L’Autorité des marchés financiers habilite le système répondant aux conditions de sécurité et de transparence définies dans un décret pris en conseil d’État.

Sa définition (un système organisé selon un registre décentralisé permanent et infalsifiable de chaine de blocs de transactions) est à comparer à celle de l’article 223-12 du CMF dans l’ordonnance Macron : un dispositif d’enregistrement électronique partagé permettant l’authentification de ces opérations, dans des conditions, notamment de sécurité, définies par décret en Conseil d’Etat. Le point commun, qui saute aux yeux, est évidemment de renvoyer au Palais Royal et à Bercy la charge de gérer la chose dans ses détails. Voir ici ce qu’est un décret en Conseil d’Etat.

Or les détails sont au coeur du sujet.

Quand on parle de la Joconde, il s’agit implicitement de celle de Léonard. Parler d’une Joconde, quelque soit son antiquité ou son originalité, nécessite de donner plus de précision.

Parler d’une blockchain sans expliciter si elle est (ou non) celle de Satoshi Nakamoto, c’est ouvrir la voie à la constitution d’une catégorie fourre-tout dans laquelle il ne sera pas dfficile de glisser des produits douteux.

Bien sûr, on peut faire comme pour l’omelette de la mère Poulard, dont chaque gargote du Mont Saint-Michel clame qu’elle a la recette originale : du moins chacune y met-elle quand même des oeufs ! Or ni Mme de la Raudière ni M. Macron n’entendent dire s’ils mettront des oeufs dans leur omelette ou des tokens intrinsèques dans leur blockchain (sans doute ne se l’interdisent-ils pas) et ils préfèrent donc aborder la chose par le résultat.

Pour l’instant ce que l’on sait de leurs blockchains tient donc principalement en quelques imprécisions.

D’abord elle doit être décentralisée (La Raudière) ou partagée (Macron). Le chiffre 2 étant la plus petite expression du pluriel, un registre distribué entre un établissement et sa filiale ad hoc serait partagé ; si en outre les deux noeuds sont à distance raisonnable (disons, de l’autre côté de la rue) on pourrait parler de décentralisation. Trêve de plaisanterie : une blockchain consortiale comblerait tous les voeux de ceux qui leur ont suggéré leurs rédactions.

Ensuite ledit système ou registre doit, pour Mme de la Raudière être permanent et infalsifiable. Si l’amendement ne dit guère comment sont obtenues ces caractéristiques adamantines, il va plus loin que l’ordonnance qui souhaitait simplement que la chose possédât un niveau de sécurité défini par décret. Mais c’est supposer le résultat acquis. Le registre sera sûr, effectivement, s’il est permanent (c’est dans le concept même de chaîne) et s’il est infalsifiable, tant de l’extérieur que de l’intérieur.

On peut intuitivement comprendre que le caractère infalsifiable de l’extérieur est fonction croissante du nombre de serveurs sur lesquels se trouve une copie du registre distribué et plus encore du nombre de validateurs. À la limite extrême (centralisation) on se retrouve avec le problème de l’étanchéité du silo.

Mais il y a aussi un risque de falsification de l’intérieur. Il est malséant, et probablement socialement risqué, de rappeler l’ampleur du scandale du Libor impliquant un nombre incroyable de banques, sur une très longue période. Que cela se soit conclu par des amendes ou (souvent) par des transactions avec « accord d’immunité », on n’a pas vu que cela ait remis en quoi que ce soit le coeur du système ni la prétention bancaire à exercer un rôle de tiers de confiance.

Or la blockchain-entre-amis confie à un consortium professionnel des tâches qui étaient auparavant assumées à côté, voire en surplomb, de la profession. C’est là qu’il est intéressant d’en venir à l’exposé des motifs présenté sur le site de Mme de La Raudière. L’amendement vise clairement (c’est écrit en gras) à donner un coup de pouce à la « Place de Paris » (sans définition) et plus spécifiquement à ses activités de post-marchés financiers comme celles liées à la conservation des instruments financiers et à la circulation de ces instruments.

On peut d’abord rectifier certaines illusions. Un des auteurs du site Bitcoin.fr (media membre du Cercle du Coin dont je suis le Secrétaire) a noté, sur le site même de Mme de La Raudière, plusieurs points techniques, que je recopie ici : la technologie blockchain est un protocole d’horodatage de preuve d’information mais pas de fichiers à proprement parler. On ne peut donc pas mettre en avant sa capacité de stockage. (…) Les actes ne seront jamais dans la blockchain, ce n’est pas fait pour ça. C’est la preuve par une empreinte numérique de ce document qui est ajouté dans la blockchain, l’empreinte numérique ne permet pas de recomposer le document d’origine (notion de hash cryptographique).

Ces choses-là doivent être inlassablement répétées. Il est curieux de voir comme le premier élément porté aux nues par les thuriféraires de la « technologie blockchain » est systématiquement l’horodatage (une révolution… du 19ème siècle, certes dans une version « centralisée ») avant que ne soit louée la possibilité de stocker sur la blockchain à peu près tout ce qui peut venir à l’esprit humain.

Au delà des illusions, il faut souligner certains risques.

Mme de La Raudière nous épargne les fameux 20 milliards (curieusement on cite toujours le point haut de la fourchette de 15 à 20 milliards avancés dans l‘étude de Santander, en page 15, qui agglomérait d’ailleurs des économies bien différentes). Je passe, puisqu’elle a le bon goût de ne pas en parler, sur le risque de voir les économies promises consister pour une bonne part en licenciements frappant un peu plus encore la classe moyenne supérieure au profit du big business. Mais le point qu’elle met en avant n’est guère plus rassurant : en quoi l’économie considérable de fonds propres nécessaires pour se livrer aux opérations de post-marchés est-elle censée délivrer un meilleur service ?

C’est un point commun à toutes les promesses bancaires sur la « technologie blockchain » que de pas même envisager ce qu’elle pourrait apporter aux clients. Largement issue des intuitions de Madame Blythe Masters (jamais évoquée publiquement, d’ailleurs), cette « technologie » risque d’en porter la marque de fabrique.

Quand Mme de La Raudière souhaite que les opérations de règlement livraison d’instruments financiers ou de devises dénouées dans un système de règlement (…) dont le fonctionnement utilise la technologie dite de la « blockchain » constituent des actes authentiques électroniques de la même manière que les actes passés devant notaires, ses derniers mots doivent être pesés. Certes le projet libertarien de Satoshi Nakamoto visait bien implicitement à éliminer le notaire, mais pas au nom d’un entre-soi de bonne société.

Depuis toujours, le notaire, que Quentin Massys représente vers 1515 avec de petits airs de Joconde, se tient habillé de noir (pas comme les seigneurs) et en surplomb. Et même les seigneurs, mêmes les rois, doivent passer leurs actes civils devant l’homme en noir.

Remplacer le notaire par un instrument précis, un bien commun et auditable, à la robustesse éprouvée depuis des années, serait une chose. Laisser aux seigneurs le soin de fixer les paramètres de « leur » technologie en est une autre, qui n’est pas dénuée de risques.

Lors du point presse de la Commission CSPPCE, le 16 mars,  le fondateur de ce site avait eu l’impertinence de demander à un représentant de la Caisse des Dépôts si les autorités n’envisageaient pas de statuer sur des normes techniques pour les blockchains de sorte à ce que la régulation puissent les encadrer précisément et suivant leur forme. Il obtint une fin de non-recevoir ; quant à la Commission il fut dit aussitôt qu’elle n’émettrait pas d’avis technique. Relire le CR de cette intéressante réunion…

Cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de normes. Mais leur élaboration ne se fera pas en plein jour. On restera bien loin de l’esprit d’open source qui est la plus solide garantie de la blockchain du bitcoin. C’est d’ailleurs une conviction hautement clamée par M. Philippe Dewost (CDC) que le tiers de confiance va muter, sans disparaître. Dans cette conception, on n’a guère besoin que d’une base de données distribuée.

BiAudit et régulationen sûr, les autorités devront habiliter la procédure, et sans doute les hommes. Tel est le sens du mouvement actuel qui voit les régulateurs s’intéresser à la Fintech, se doter d’un guichet ad hoc et participer à diverses rencontres autour de la « technologie blockchain » (voir le blog de Patrice Bernard). D’après Maître Michelle Abraham, les services de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) ont été étroitement associés aux travaux sur l’ordonnance Macron. Mais peut-être fut-ce plutôt pour aménager la dérogation au monopole bancaire que pour fixer les paramètres de la future blockchain.

Maître Abraham précisait lors d’une récente conférence qu’un groupe de travail devrait déterminer la faisabilité d’un tel projet, afin notamment de garantir que la technologie est assez sûre et mature pour assurer la tenue d’un registre électronique distribué fiable, sécurisé et susceptible d’être audité.

Il y a de bonnes chances que le groupe de travail fasse la part belle aux futurs utilisateurs, et que nombre de régulateurs ne se forment comme (et en même temps que) les banquiers, au sein des mêmes rencontres, en écoutant les mêmes conférenciers (qui sont tous, par la force des choses, en recherche d’emploi ou de mission de consultant).

enfumageDans ces forums, le bitcoin est expédié rapidement, comme un ancêtre douteux ou un adolescent rêveur, avant que la tribune ne soit monopolisée par les prestidigitateurs de la « technologie blockchain », avec leurs promesses de cadastre au Honduras (qui n’y songerait plus) ou au Ghana (cela dépend), d’oeuvres d’art qui décident toutes seules de leurs coloris, de taxis qui choisissent tous seuls clients et itinéraires, et de milliards d’économies qui valent celles des discours électoraux.

Puis, quand l’esprit est tout troublé, montent à la tribune ceux qui se déclarent noblement agnostiques au sujet des paramètres technologiques et ceux qui assènent des arguments d’autorité en faveur de telle ou telle option qui a le mérite d’aller dans le sens de leurs intérêts.

Enfin le ministre arrive toujours en dernier, pour conclure la séance. Son discours, extrêmement vague, est fictivement considéré comme le clou de la journée et poliment applaudi par tous, hors de toute préférence partisane qui serait jugée incongrue. Au mieux son petit mot, tenant sur une feuille A4 relue dans la voiture, intègre les conclusions du précédent forum, au pire il est écrit par un membre de son cabinet sur la base d’informations fournies par un camarade de promotion faisant carrière dans la finance.

Il faut donc une incroyable dose de maladresse pour aller, comme Madame Le Pen, imaginer que le bitcoin est une invention de la grande banque ! Il est tellement plus simple d’attendre de savoir ce que ladite grande banque fera comme choix technologique…

Les choses iront lentement. Annoncée à coup de trompettes, l’ordonnance Macron donne un coup de jeune à un produit imaginé lorsque Camille Chautemps était président du Conseil, et offre une blockchain de nature inconnue aux plateformes (donc à des intermédiaires!) de crowdfunding qui ont su lui présenter leurs besoins. Cela s’appelle de la com’.

Avant que le big business, qui tourne tant bien que mal sur de vieux programmes patchés de partout ne soit basculé sur une techno encore en preuve de concept, on en saura davantage sur les merveilleuses découvertes du R3 CEV, et le discours sur la « technologie blockchain » sera peut-être devenu plus crédible.

Money Lisa

(toile d’Emilie Grison)

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Entretien avec Stephan Tual, Cofondateur et COO de Slock.it https://le-coin-coin.fr/4194-entretien-avec-stephan-tual/ https://le-coin-coin.fr/4194-entretien-avec-stephan-tual/#comments Thu, 07 Apr 2016 14:27:43 +0000 https://le-coin-coin.fr/?p=4194 Le Coin Coin s’est entretenu avec Stephan Tual, Cofondateur et COO de Slock.it afin d’en savoir un peu plus sur lui, ses motivations, sur ses projets et plus globalement sur sa vision de l’actualité. Le Coin Coin : Bonjour Stephan. Tout d’abord, qui est Stephan Tual, peux-tu nous en dire un peu plus sur toi […]

Cet article Entretien avec Stephan Tual, Cofondateur et COO de Slock.it est issue du site Le Coin Coin.

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Le Coin Coin s’est entretenu avec Stephan Tual, Cofondateur et COO de Slock.it afin d’en savoir un peu plus sur lui, ses motivations, sur ses projets et plus globalement sur sa vision de l’actualité.

Le Coin Coin : Bonjour Stephan. Tout d’abord, qui est Stephan Tual, peux-tu nous en dire un peu plus sur toi et sur le cheminement qui t’a amené à intégrer la fondation Ethereum ?

Stephan Tual : Alors, avant j’habitais aux États-Unis et aux Philippines, mais je vais vous faire grâce de cette partie du parcours. Mon moteur principal est que j’en ai eu marre de voir des gens extrêmement intelligents et talentueux du monde du Machine Learning, être occupés a vendre du shampoing pour augmenter de 3% les marges d’une société. C’est décevant, et surtout ça n’est pas la raison pour laquelle je suis rentré dans l’univers de l’informatique qui me passionne depuis que je suis tout jeune. En 2013 j’ai pu voir une présentation au Turing Festival de Mike Hearn (ancien core développeur de Bitcoin), qui parlait de voitures autonomes qui se possèdent toutes seules. Il décrivait une voiture intelligente qui avait la capacité de se relocaliser elle-même, d’aller dans des endroits ou elle sait qu’à tel ou tel moment il y a un besoin en particulier.

Tout ça m’a fait redécouvrir le bitcoin, que je connaissais par ailleurs d’avant, et j’ai eu le déclic en me rendant compte à quel point cette technologie avait un pouvoir disruptif. Un article de Gregory Maxwell publié par Jeff Garzik à l’époque sur Storj qui n’était alors que purement théorique m’a fasciné : il y décrivait un programme autonome capable de se passer de tout l’administratif de dropbox et intelligent au point de réduire les coûts de stockage. Suite à cela j’ai créé Ursium, une société de consulting que j’ai depuis fermée et j’ai quitté mon boulot. Vint alors Noel 2013 et la découverte du papier Vitalik Butterin qui m’a littéralement soufflé au vu du futur qu’il prédisait. J’ai donc fait tout mon possible pour intégrer la fondation Ethereum et ce fut chose faite le 23 janvier 2014, date à laquelle je les ai rejoints en tant que C.C.O.

LCC : Pensais-tu qu’un tel succès serait au rendez-vous et qu’est-ce qui l’explique selon toi ?

S.T : D’un point de vue succès du protocole, on était vraiment soufflé par le potentiel de la chose en voyant les gens s’y mettre et débarquer avec des idées auxquelles on n’avait pas encore pensé. L’étendue du potentiel de la technologie m’a vraiment surpris, même en ayant fait partie de la fondation dès le début. Par contre le succès lié à la valeur de l’éther, ça on n’y avait pas du tout réfléchi.

LCC : Comment toi et tes associés vous êtes-vous retrouvés a fonder Slock.it ? Peux-tu nous en dire un peu plus sur la genèse du projet ?

S.T : Donc pour ma part, j’ai été chez Ethereum pendant deux ans. Christophe Jentzsch (CTO de Slock.it), lui, pendant un an donc nous étions déjà collègues. Il était lead testeur pour le client c++ d’Ethereum. Personnellement, depuis janvier 2015 je m’étais mis de plus en plus à l’ IoT (Internet des objets). Déjà, en 2014 j’avais aidé IBM et IBV à écrire le White Paper pour Adept, ce projet en conjonction avec Samsung et IBM pour créer des objets autonomes comme une machine à laver ou autre, et je m’étais dit que s’il devait bien y avoir un cas d’utilisation appropriée à Ethereum, ce serait celui-là. Donc à chaque fois que je faisais une présentation, je parlais de l’IoT (rires).

Je suis donc parti de la fondation en août ou septembre, en même temps que pas mal de monde avec qui on s’était dit que nous allions faire deux ans à la Fondation et ensuite monter nos propres boites. Suite à cela, je reçois un coup de fil de Christophe qui m’invite à Berlin pour me montrer un truc « cool » et je me retrouve donc face a cette porte d’entrée qui s’ouvre et qui se ferme toute seule en se basant seulement sur des instructions de la Blockchain et j’ai vraiment trouvé ça génial. À partir de là on a commencé a réfléchir à tous les trucs qu’on pouvait faire, avec son frère Simon (CEO de Slock.it) qui est l’autre fondateur du projet et qui lui, a un parcours plus commercial, entrepreneur. Et c’est donc à l’intersection de l’IoT et de la Blockchain qu’on a décidé ensemble de donner vie à Slock.it.

LCC : Peux-tu nous en dire un peu plus sur vos objectifs à court, moyen et long terme ?

S.T : À long terme, je suis très branché objets autonomes. Par exemple, quand j’ai présenté Venqo qui est un tricycle autonome (une sorte de voiture drone), eh bien nous sommes à travers Mobiliq, en train de créer un moyen de communiquer avec ces drones. Pour moi, l’idée est révolutionnaire : des petits véhicules qui coûtent à peu près 6.000€, on peut en acheter trois pour le prix d’une berline et les mettre dans la rue, appuyer sur le bouton « on » et les voir se louer toute seules. Ça revient un peu à la projection qu’avait Mike Hearn, mais sur Ethereum. Cela serait un objectif à long terme. Enfin, pas si long que ça, car la technologie nous prouve qu’elle avance quand même assez rapidement et je ne serais pas surpris de voir Uber sortir un modèle automatisé grâce à Tesla par exemple.

À moyen terme, on a par exemple des clients comme RWE, pour lesquels nous allons créer des objets autonomes, comme des chargeurs de voiture électrique qui leur permettraient d’économiser des coûts opérationnels, de simplifier à la fois la comptabilité et la facturation. À moyen terme, finalement, je dirais que nous trouvons des cas d’usage pragmatique pour la Blockchain. Et à court terme, la DAO. C’est un peu un « side project », dans le sens où nous ne sommes pas payés pour le faire. Nous donnons gratuitement a la communauté et tout cela a grandi, si bien que s’il venait a y avoir un projet de DAO sérieux qui se montait autour de l’Ethereum Computer, ça en vaudrait la peine et ça a l’air d’être le cas.

LCC : Selon toi, qu’est-ce qui peut contribuer à l’adoption massive de toutes ces cryptotechnologies et ces crypto-usages ? Qu’est-ce qui peut casser cette barrière technique afin que tout cela devienne mainstream ?

S.T : Je dirais en fait que la technologie et l’adoption de la technologie sont deux choses totalement différentes. Par exemple, dans le cas de Facebook, ils ont créé leur propre version de base de données Hadoop, mais tout le monde s’en fout en fait. Si ma mère va sur Facebook, c’est pour voir des photos de ses petits enfants ou autres. La technologie sous-jacente, elle s’en fout. Lorsqu’elle paye pour un café chez Starbucks, elle paye pour son café, mais elle n’en a rien a faire de savoir comment le paiement va s’effectuer techniquement à travers le TPE. Ou encore, si elle tape « http://slock.it » elle ne se demande pas ce que c’est « HTTP », elle le fait et c’est tout. Je pense que la technologie Blockchain c’est un peu la même chose finalement. Si c’est censé devenir mainstream, ça le deviendra si la plupart des gens ne sont pas conscients qu’ils l’utilisent.

Ce qui intéresse les gens c’est de savoir si le service est moins cher ou plus rapide, s’il offre des fonctionnalités que d’autres services n’offrent pas. La décentralisation en elle-même et la Blockchain ne sont pas des fonctionnalités. Par exemple, Joe est dans la rue, il a internet, et il y a deux « Uber », dont l’un est totalement centralisé et l’autre ne l’est pas. Si on lui dit il y’en a un qui est basé sur une Blockchain il répondra qu’il s’en fout. C’est pour ça que notre mission est d’utiliser la Blockchain pour créer de la valeur ajoutée ou engendrer une baisse de coût et c’est ce qu’on essaie de faire.

LCC : On voit des projets naître un peu partout et c’est vrai qu’il est un peu compliqué d’accorder de l’attention et du credit à tout ce qui se fait. En dehors de Slock.it, y a-t-il des projets en particulier qui attirent ton attention ?

S.T : Je porte une attention particulière sur les projets propres à la fondation Ethereum. En l’occurrence sur Mist (navigateur visuel de la Blockchain Ethereum) qui est pour moi l’une des raisons pour lesquelles j’ai joint Ethereum et qui en 2016 fait toujours partie de la vision qui doit être livrée. Mist va permettre d’aller sur des sites décentralisés. D’un côté il y a les back-end (les smart contrats, solidity, etc…) et de l’autre coté, les front-end ne sont pas encore faits. Dans le cas de Mist, ce serait comme des fichiers .zip ou .tar qui contiennent du code HTML, css ou du JavaScript et qui seraient décompressés en arrivant sur Mist de sorte a ce que l’utilisateur puisse s’en servir. Donc une fois le front-end et le back-end décentralisés, ça nous donne une autre vision de l’Internet. Selon moi, c’est très important.

Du moins, ça le devient, car il y a un risque avec la technologie Blockchain, c’est que l’excès de vulgarisation peut finir par corrompre l’idée originelle des projets et on risque de se retrouver avec des gens qui voient des Blockchain là ou il n’y en a finalement pas. Aujourd’hui on commence à voir des gens qui assimilent des DAO à des trucs qui finalement sont centralisés et là pour prendre du pognon.

Attention à la « hype », c’est un peu comme internet en 1990 où il y avait plein de projets montés partout. Des gens avec de bonnes idées, mais aucune expérience commerciale, des gens avec de mauvaises idées, mais qui étaient très commerciales, des voleurs, des cinglés, etc.(rire). Et de l’autre coté des gens qui avaient beaucoup d’argent, désireux d’investir dans le future, mais qui ne savaient pas trop où aller, car trop de projets, et compliqué d’avoir une vue dégagée. Alors si tu investissais dans Google ou Yahoo, ça finissait bien, mais ça n’a pas été le cas de tous les projets montés à l’époque.. Cette époque est assez similaire de ce point de vue là.

CCN : Donc méfiance, et recul

ST : Et bien, tout ça est censé être trustless…(rire). Il faut être plus que méfiant, si par exemple quelqu’un était amené a utilisé la DAO a laquelle on soumettra nos idées pour l’Ethereum computer, la première recommandation qu’on passera, sera de dire : allez vérifier notre code ! La semaine dernière, j’ai vu deux ou trois projets qui s’annonçaient comme étant des DAO et qui ont été coulés par la communauté, car elle sait rester vigilante et les gens cherchent rapidement à repérer les scams (arnaques). Donc c’est important, car il n’y a toujours pas de système de réputation et c’est aussi la raison qui me pousse à attendre le développement de Mist, car il intègre ce système de réputation et c’est plus que nécessaire.

LCC : Tu voyages beaucoup et donc as une vue dégagée sur les différentes législations et sensibilités des États vis à vis des cryptotechnologies. Quel pays, selon toi, offre les meilleures conditions entrepreneuriales pour l’avenir ?

S.T : Figure-toi, que j’aimerais bien le savoir (rire). C’est dur à dire. Il y a un problème majeur : dès lors que l’on essaie d’ouvrir une société qui a un lien direct avec la Blockchain, on reçoit souvent une lettre qui dit « désolé vous êtes impliqués dans quelque chose sur lequel nous ne souhaitons pas être associés ». Ça nous est déjà arrivé avec l’entité “EthDev” d’Ethereum, qui a vu son compte en banque refusé 3 ou 4 fois d’affilée en Angleterre. Tout cela parce qu’elles allaient voir le site Ethereum et voyaient qu’on avait levé 18 millions de dollars en bitcoins. Le simple effet du mot « Bitcoin » et son assimilation au trafic, à la drogue, et à tout type d’horreurs habituellement véhiculées.

J’en parlais à un parlementaire anglais et lui disais qu’il ne faut pas oublier que  je pourrais être un simple fleuriste qui utilise la Blockchain pour avoir un système de gouvernance transparent de mon business et un système antifraude et tout cela sans accepter les cryptomonnaies en guise de moyens de paiement. Je peux toujours accepter les paiements par carte bancaire, mais utiliser la Blockchain juste pour la gestions de ma boite. Il ne faut pas tout mélanger. Le plus marrant, c’est  que ce sont surtout les banques qui sont  l’origine de ces blocages et non les gouvernements. En dehors de la Russie, les gouvernements n’ont pas vraiment pris de mesures qui peuvent porter atteinte au business. En Angleterre, le système de taxe a reconnu Bitcoin et consorts comme étant de l’argent. Et c’est plutôt bien, car ça me permet de déclarer des revenus et de payer des impôts comme n’importe quel contribuable. Il n’y a pas encore de pays à la pointe, mais je trouve important que la France s’y mette.

J’ai quitté la France il y a plus de 20 ans. À l’époque c’était « le minitel avant tout, l’internet, c’est une technologie d’Américains, etc. » et depuis, ça fait 20 ans d’impôts que je n’ai pas payé au gouvernement français. Juste pour ce genre de logique. Et c’est franchement dommage, car beaucoup d’amis dans ma situation ont quitter le pays, et voir cette intelligence partir…

Il y a encore une opportunité pour la France de devenir une juridiction qui encourage ces technologies. Un premier pas serait de reconnaître les DAO et les Blockchains légalement parlant.

LCC : Donc en deux mots pour nos élus.

S.T : Il y avait ces derniers jours cette conférence a l’Assemblée nationale où il y avait deux députés (NDLR : Monsieur Jean Launay, députe du Lot, et Madame Laure de La Raudière, députée d’Eure-et-Loir) et c’est formidable, car en voyant les gens repartir on pouvait percevoir un certain enthousiasme. Ils ont cerné le potentiel de la Blockchain. En parlant avec Henri d’Agrain ( Ndlr : Directeur général du Centre des Hautes Études du Cyberespace) qui animait en partie l’événement, je lui disais qu’en ce moment, nous montions un projet sur la Blockchain, avec une DAO et que nous étions obligés de nous installer dans une juridiction qui accepte ces choses pour faire notre business légalement, donc dans un pays qui accepte de percevoir des taxes sur ce type de société.

Si par exemple, nous recevons 10 millions de dollars pour construire l’Ethereum Computer, et bien nous devrons alors verser 2.8 millions d’euros au gouvernement allemand. Autant d’argent qui aurait pu aller au gouvernement français…il faut vraiment qu’ils s’y mettent.

LCC : Compte sur moi pour mettre en évidence cette dernière phrase afin de stimuler les représentants de l’exécutif.

S.T : J’espère.(rires)

LCC : Question d’actualité, on voit de plus en plus souvent sur les forums, des débats opposant le Proof of Stake (PoS) au Proof of Work (PoW). Selon toi quelles sont les véritables forces et faiblesses de chacun de ces deux systèmes ?

S.T : La force du PoW, c’est déjà d’être un système qui a fait ces preuves. Et sur ce point, il n’y a qu’à regarder Bitcoin pour voir que ça ne fait aucun doute. D’ailleurs, ça marche aussi très bien pour Ethereum. Les problèmes sont par contre bien connus : le minage devient vite centralisé. À l’heure actuelle,sur Bitcoin, le minage est centralisé en Chine, si bien que si le gouvernement décidait de couper le protocole à partir du Grand Firewall, il y aurait tout de suite moins de concurrence, point de vue mining (rires). Et ça, c’est un énorme problème.

Puis ensuite vient le problème du coût écologique/environnemental  qui fait que des GPU, enfin plus précisément des Asics, tournent toute la journée à faire des calculs qui n’ont pas beaucoup d’utilité.  L’avantage qu’a le PoS c’est que ça résout ce problème écologique et de centralisation et ça, c’est formidable. Mais le gros problème du PoS, c’est qu’il n’a pas fait ses preuves du tout. Je n’ai pas encore vu de façon concrète un système PoS qui fonctionnait. J’ai vu des choses, il y a certains projets qui déclarent l’utiliser, mais j’ai aussi vu des faiblesses énormes.

C’est une chose d’être une altcoin qui à 2000 dollars de capitalisation de marché et qui se dit être PoS, mais s’en est une autre d’être Ethereum qui pèse prés d’un milliard et qui passe au PoS. On imagine facilement qu’il y aura des attaques ! Donc je pense que le PoS, nous n’y sommes pas encore. Il est prévu que dès la fin de l’année 2016, il sera compliqué de miner un bloc sur Ethereum en PoW, mais je ne suis pas convaincu que le délai sera tenu. Ce sera sûrement reporté à 2017 le temps que Casper, le système mis au point par Vlad ( Ndlr : Vlad Zamfir, développeur Ethereum) fasse ses preuves et ne soit plus expérimental.

LCC : Plus orienté autour de l’actualité du Bitcoin, enfin, si on peut parler d’acte ou d’état de fait : Qu’est-ce que tu penses du débat autour de la Blocksize ?

S.T : Je vois principalement que le débat dure depuis des mois, au sujet d’un problème qui n’est finalement pas si compliqué que ça. Il y a des gens sur Reddit qui se demandaient si c’est une bonne chose que Vitalik soit connu contrairement à Satoshi Nakamoto. Et certaines personnes pensent que dans un sens c’est bien, car de cette manière il peut faire office de leader, même s’il n’est pas forcement le leader. C’est plutôt un bénévole-leader qui oriente les choses en disant « on peut faire ça, ou il ne faudrait pas faire ça » et les gens suivent assez facilement sa vision. Et ça ce voit lors du passage à Homestead qui est un hard fork : Tout ça, s’est passé sans encombres sur Ethereum alors que pour Bitcoin, ça aurait pu être… (rires).

Donc dans un sens, ça aide et on se demande si finalement il n’y a pas une paralysie due à cette décentralisation de Bitcoin. J’entendais par exemple Mike Hearn, lors d’une conférence à Prague l’année dernière, qui expliquait que quand ils intégraient du code à Bitcoin, c’était celui qui hurlait le plus qui gagnait. Si des petites modifications se font autant dans la douleur qu’en serait-il s’il fallait passer a PoS ou intégrer des smart contracts? Donc dommage qu’il y ait ce blocage. J’ai toujours été supporter de Bitcoin et ai contribué en participant à la communauté. Mais quand je vois ce que devient l’ambiance ne serait-ce que sur les forums où des gens s’insultent à longueur de journée, ça ne m’intéresse pas !

LCC : Donc j’imagine que tu es favorable à une augmentation de la taille des blocs.

S.T : Tout à fait ! dans le cas d’Ethereum par exemple, il n’y a pas de taille limite pour le bloc, mais leur taille reste raisonnable grâce a un algorithme qui limite l’augmentation. On partait du principe que la Blockchain est quoi qu’il en soit quelque chose de difficile à mettre à échelle, et il faudrait utiliser des technologies comme « Shard » (Vitalik bosse très dur dessus, en ce moment) et ça représente des enjeux assez importants.

LCC : Pour finir, tu te doutes bien que j’allais forcement te poser cette question : Une date a nous fournir pour le lancement de la DAO de Slock.it ?

S.T : Houla ! Déjà, qu’on soit clair. Ca n’est pas la DAO de Slock.it, mais la DAO a laquelle Slock.it va soumettre une proposition. La différence est relativement importante. Le lancement dépendra de plusieurs choses. Ce matin (mardi 05/04/2016) nous avons fait un audit du code généré pour la DAO et fourni à tous. Tout le monde peut donc construire la DAO, et on va en plus donner du code pour faire le front-end de la DAO gratuitement. Une fois que les gens l’ont intégré, nous pourrons voir où en est la communauté. Est-ce qu’ils montent une DAO intéressante ? Qu’est-ce qu’on a bien fait ? Qu’est-ce que l’on a mal fait ? Etc..Donc nous ne sommes pas pressés et il n’y a pas vraiment de date. Je dirais que ça dépend beaucoup de la communauté et de la façon dont tout cela est reçu.

LCC : Parfait ! Merci pour tous ces éclaircissements Stephan. Tu es toujours le bienvenue sur Le Coin Coin. Une déclaration à faire ?

S.T : Pas de déclaration, je ne suis pas très politique (rires) ! En tout cas je trouve le nom du site sympa.

Cet article Entretien avec Stephan Tual, Cofondateur et COO de Slock.it est issue du site Le Coin Coin.

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Cet article Le Spectre est issue du site Le Coin Coin.

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Un spectre hante la Finance : le spectre du bitcoin. Toutes les puissances de la vieille finance se sont unies en une Sainte-Alliance non pour le traquer mais pour le noyer sous un flot de mots. Mais il remonte toujours à la surface, de colloque sur la disruption en consortium sur la blockchain, quand on imagine les vingt façons dont cette technologie libertaire pourrait être miraculeusement retournée pour embellir la main qu’elle entendait mordre.

A l’Assemblée nationale le 24 mars (« Blockchain : disruption et opportunités ») plusieurs experts ont pu expliquer qu’il était illusoire de séparer le bitcoin de la blockchain, simplement en rappelant le fonctionnement de l’un et de l’autre ou en faisant mention de recherches de première main ; mais il se trouvait toujours un nouvel orateur pour venir asséner à l’assistance l’importance de bien distinguer l’un et l’autre, sans que cette admonestation ne soit fondée sur quoi que ce soit hormis l’argument d’autorité.

Si aucune explication technique ne peut surmonter la sainte horreur qu’une monnaie décentralisée inspire à tous ceux qui exercent le métier de tiers de confiance ou de contrôle, la bonne nouvelle est qu’un soutien de poids pourrait venir des juristes.

JuristesCertes, tout n’est pas limpide de ce côté là. À l’Assemblée Nationale, on n’a pas toujours saisi si les pros des lawtechs comptaient mettre de la loi dans l’algorithme ou de l’algorithme dans la loi. Certains n’ont pas dû méditer le principe de Kerckhoffs. On a vécu, en revanche, un grand moment quand Maître Thibault Verbiest (De Gaulle-Fleurance) a rappelé que la monnaie est basée sur une notion qui n’est pas définie juridiquement parce qu’en droit la confiance n’existe pas et qu’elle est au mieux une tautologie.

Gardez cette tautologie en mémoire, elle va resurgir avant la fin de l’article.

Deux événements consécutifs viennent de faire entendre des musiques intéressantes. La soirée « Blockchain et Droit » organisée à la Sorbonne le 31 mars par le groupe d’étudiants Think Libéral d’Assas, entendait explorer comment le droit positif risque de se retrouver rapidement dépassé par ces innovations [et] commencer à défricher les liens entre le droit et la technologie de la blockchain. La matinée Assurchain organisée le 6 avril par Finyear et France Innovation au Palais Brongniart se présentait comme un évènement exceptionnel en avance de phase sur l’impact de la Blockchain sur le secteur de l’assurance. On a parlé des smart contracts et de leurs promesses révolutionnaires : pas d’interprétation, pas d’intervention de l’Ètat, exécution automatique, mise en œuvre d’organisation autonome décentralisées… disruption de tout et partout.

À mi-chemin des juristes (on ne peut pas) et des technos (on peut tout) je dois exprimer quelques doutes sur certaines promesses des contrats intelligents mais aussi ce que je perçois comme une chance pour les paiements intelligents.

Les smart contracts n’éliminent pas forcément l’Etat. Au palais Brongniart on a entendu Alain Bregy décrire une flotte de véhicule autonomes et sans conducteur, appartenant à des DAO et mutuellement assurés via une blockchain. Tout un exposé qui n’a semblé buter qu’à l’évocation de dommages corporels réels. Sa diapositive a même été la plus likée sur Tweeter. Personne n’a cependant songé à demander à quels noms seraient établis les cartes grises. Cela me gêne un peu.

Sorbonne

À la Sorbonne, j’avais annoncé la couleur en tant qu’historien : l’ordre public est une fonction régalienne prioritaire à l’émission monétaire. Même si les tenants des contrats auto-exécutables assurent et proclament que code is law, rien n’empêchera jamais des litiges d’être portés devant la justice nationale quand il adviendra que l’un des plaignants ou la transaction elle-même y sera localisable. Je rappelle que les rois de France ont étendu le territoire où les justiciables pouvaient interjeter appel devant eux bien avant d’y déployer un réseau administratif. Le juge précède le préfet, et c’est le justiciable lui-même qui va le chercher.

Les smart contracts n’éliminent pas (tous) les litiges. A Genève ou à Paris, on s’est pressé pour entendre Stephan Tual présenter Slock.it, toujours brillamment tant qu’on en reste au concept, mais parfois avec un peu d’imprécision quand surgissent, par exemple sur le cas concret d’une location d’appartement, des questions sur l’état des lieux, les contestations, les dommages etc.

Ils ne fondent pas de droit et laissent ouvertes certaines questions de gouvernance. Maître Hubert de Vauplane (Kramer Levin Naftalis & Frankel) a déclaré à la Sorbonne que le débat autour de la méthode de consensus va déterminer largement le choix de la gouvernance des technologies blockchain. Je lui ai fait remarquer à la sortie que c’était aussi (voire plutôt ?) l’inverse, ce dont il est convenu en souriant. Mais le « contrat crypto » lui-même est problématique quand on écoute Maître de Vauplane : dans une blockchain ouverte les opérations effectuées n’ont pas d’autre force juridique que la valeur que les participants à la chaîne veulent bien lui donner.

Au total on risque d’être long à mesurer ce qu’ils apporteront. À la Sorbonne on a entendu le professeur Bruno Dondero (Panthéon Sorbonne) citer la gestion d’un pacte d’actionnaires (en private equity) comme une application très efficace de la blockchain… mais conclure en se demandant mais finalement en quoi est-ce que la blockchain est indispensable  par rapport au service que rendrait un tiers de confiance, qui pourrait ne pas être imposé par l’État mais choisi par les parties. Il ajoutait que « en droit je contracte avec un sujet de droit » et comparait avec humour les contrats entre machines au célèbre dialogue de Furby et Siri…

Furby et SiriEn terme de bénéfice technique, Alain Bregy parle de « l’élimination de la faillibilité du témoignage humain », mais il peine à convaincre quand on lui parle de la possibilité de truquer les capteurs. Quant aux bénéfices financiers, nul ne sait comment les 20 milliards promis sont sortis de chez Santander (ou de chez ses consultants?). Le patron de Ripple vient d’émettre de gros doutes. Un ancien banquier me suggère en off que concrètement, ce sont des réductions massives d’effectifs pour la réalisation de tâches administratives : exactement le discours qui a accompagné dans les années 1980 l’arrivée de la micro-informatique; ce qui pour des raisons aussi nombreuses qu’évidentes ne se réalise pas d’un coup de baguette magique…

Au total, une notable imprécision dans l’accroche au réel risque d’entraver ce que l’on commence à appeler la marchandisation de la blockchain. Pour l’instant l’argent qui soutient la blockchain est celui de l’ancien monde qui n’a que deux buts : regarder comment ça marche (mais de loin, et pas tout seul) et faire oublier son potentiel disruptif en implémentant de vieux services, comme le crédoc (chez R3CEV ?), les bons de Caisse (chez Macron) ou le financement participatif (chez BNP Paribas, lire les réserves d’un expert) sur des « prototypes » (alias « PoC ») c’est à dire des blockchains-jouets présentées comme de grandes réalisations maison, mais conçues par des consultants extérieurs.

Dans l’exposé d’Alain Bregy au Palais Brongniart la fonction de production de monnaie n’a pas d’intérêt : on adhère à son système de véhicules autonomes pour bénéficier d’une bonne assurance quand on est un bon conducteur. Et d’ailleurs sur ses diapositives les paiements sont symbolisés par le signe €.

BregyInutile de préciser que le même jour, dans l’exposé de Philippe Denis (BNP Paribas) le bitcoin est éliminé d’une phrase, comme une saleté, même s’il réapparait comiquement quand l’orateur avance que la banque se serait intéressée à la blockchain dès 2011.

Or une autre phrase, prononcée pourtant plus tôt dans la matinée, aurait dû faire mouche, celle d’Adrian Sauzade (Wekeep) : la blockchain ne permet de programmer que des cryptomonnaies. Pour enfoncer le clou : « l’euro n’est pas une smart money ».

J’avais prévenu, moi-même, à l’Assemblée Nationale : Des contrats intelligents auto-exécutables en tous genres sont conceptuellement possibles. Ils fonctionneront avec des jetons digitaux et chaque fois qu’une idée séduira, le jeton correspondant prendra de la valeur. Voyez ce qui est arrivé avec Ethereum, jadis paré de toutes les vertus demodestie face à bitcoin, et dont l’éther est devenu aussi volatile et aussi spéculatif. La moue des banquiers n’y pourra rien, une blockchain ne peut faire circuler que des représentations (IOU) qui n’auront jamais d’autre force juridique que la valeur que les participants à la chaîne veulent bien lui donner ou …des smart-tokens qui pourront toujours servir de monnaie. Une monnaie est une monnaie. Tautologie ! 

Adrian Sauzade, qui avait déjà pu présenter le projet WeKeep à la Sorbonne, vise lui aussi à fournir un service smart : une assurance (vraiment) mutualisée, avec séquestre sur la blockchain (de bitcoin), déblocage de l’indemnisation en cas de sinistre par un jeu de multi-signature, le groupe de mutualistes étant l’unique détenteur des fonds. Pour cela, à la Sorbonne, comme au Brongniart, il n’a pas hésité à parler de bitcoin parce qu’il est raisonnable de fonder son projet sur ce qui fonctionne réellement. Il vise aussi à gérer des points de fidélités ou des jetons cryptographiques d’authentification…. Pour cela il doit ajouter de l’information (on dit « colorer ») des portions… de cette smart-money programmable qu’est le bitcoin.

Comme l’a rappelé en février dans un communiqué le Cercle du Coin (qui compte aujourd’hui 35 membres tous entrepreneurs, promoteurs de start-up, développeurs, gestionnaires de blogs spécialisés ou de meet-up) il n’y aura certainement pas de « révolution blockchain » sans le bitcoin.

Cet article Le Spectre est issue du site Le Coin Coin.

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Qu’est-ce qu’un actif sûr ? https://le-coin-coin.fr/4077-quest-quun-actif-sur/ https://le-coin-coin.fr/4077-quest-quun-actif-sur/#respond Thu, 31 Mar 2016 13:51:05 +0000 https://le-coin-coin.fr/?p=4077 Si l’actualité récente du Bitcoin laisse entrevoir un pessimisme généralisé, ce n’est tout du moins pas l’opinion émise par deux acteurs (et non des moindres) du monde financier. Le premier, la banque d’investissement et la société de gestion d’actifs Needham & Company a publié un rapport qui conclut que le prix du Bitcoin est actuellement […]

Cet article Qu’est-ce qu’un actif sûr ? est issue du site Le Coin Coin.

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Si l’actualité récente du Bitcoin laisse entrevoir un pessimisme généralisé, ce n’est tout du moins pas l’opinion émise par deux acteurs (et non des moindres) du monde financier. Le premier, la banque d’investissement et la société de gestion d’actifs Needham & Company a publié un rapport qui conclut que le prix du Bitcoin est actuellement sous-évalué de 60%, ce qui l’estimerait à 580€ au lieu des 365€ actuels. Le second n’est autre que David Andolfatto, vice-président et directeur de la recherche à la Federal Reserve Bank de St Louis, qui s’en est allé de son « petit » commentaire sur son blog personnel.

Bitcoin, un actif sûr?

Vous ne le pensez probablement pas et vous avez raison. Le prix en dollars d’un bitcoin peut être très volatile. On peut facilement gagner ou perdre 50% sur une très courte période de temps. De fait, si nous parlons donc d’un actif qui offre un taux de rendement stable, Bitcoin ne l’est pas.

Sauf que ce n’est pas ce que je veux dire par « actif sûr ».

Je ne suis même pas sûr de savoir comment définir précisément ce que je veux dire par actif sûr. Grosso modo, je pense à un actif sur lequel les gens affluent quand les circonstances économiques sont mauvaises ou incertaines. En temps normal il s’agit d’actif qui, même en dépit d’un taux de rendement relativement faible, se tient en raison de sa liquidité ou de la « sécurité » qu’il représente.

Le dollar américain et les bons du Trésor américain sont des exemples d’actifs sûrs aujourd’hui. Maintenant, vous pourriez penser qu’ils sont sûrs parce qu’ils promettent d’une certaine manière un taux de rendement nominal (NDLR : Taux déterminé en intégrant l’inflation anticipée). Un dollar promet un taux d’intérêt nominal de 0% et vous serez sûr de l’obtenir si vous conservez ce billet au fil du temps (les dollars sous forme de réserves de banques centrales gagnent actuellement 1 à 2%, mais seules les institutions de dépôt obtiennent ce taux). Un projet de loi concernant les bons du Trésor promet également un intérêt nominal nul et avec, vous pouvez être sûr d’obtenir le remboursement intégral de votre capital à l’échéance.

Mais ce n’est pas la façon la plus appropriée de réfléchir aux risques associés à un actif. Premièrement, les économistes (à juste titre) mettent l’accent sur le taux de rendement réel d’un actif. Les investisseurs ne se soucient pas du nombre de dollars papier qui leur sont promis à terme. Ils (probablement) se soucient du pouvoir d’achat qu’auront ces futurs dollars. Si l’inflation se révèle être élevée, le pouvoir d’achat sera faible. L’inverse est aussi vrai si l’inflation se révèle être faible.

Quant au bons du Trésor dit «sans risque» il faut prendre un compte que le prix de marché va généralement fluctué entre la date d’émission et la date d’échéance du bon. Cela est parfois appelé «risque de taux d’intérêt ». Si vous achetez un bon du Trésor à 99$ et qui promet 100 $ par année vous ferez environ 1% si vous détenez le bon à l’échéance. Mais si les taux d’intérêt du marché grimpent dans l’intervalle, et si vous êtes contraints de vendre votre bon pour lever des fonds, vous êtes susceptible de réaliser une perte substantielle.

Voilà la chose à retenir d’un actif sûr. Il peut sembler stable pendant une longue période de temps et ensuite – boum – quelque chose se passe. (Il y a toujours quelque chose qui se passe..) Les taux d’intérêt peuvent monter en flèche – une liquidation soudaine des obligations peut se produire. Ce qui pourrait déclencher un tel événement ? Toutes sortes de nouvelles. Les banques étrangères peuvent avoir besoin de liquider leurs réserves en devises composées en partie de bon du Trésor américain pour des raisons politiques ou économiques. Une augmentation soudaine des taux anticipés d’inflation ferait baisser le taux de rendement réel des obligations nominales attendues, induisant un sell-off (NDLR : Phénomène correspondant à un mouvement de panique baissier brutal sur un cours). Une obligation en « sell-off » peut même être déclenchée par un enchainement de bonnes nouvelles. Une augmentation de la croissance de la productivité, qui aurait pour effet d’augmenter le rendement attendu des investissements privés, par rapport aux obligations, par exemple.

Une autre chose à garder à l’esprit est que les classes d’actifs qui constituent des actifs sûrs peuvent changer au fil du temps. Dans un récent article sur la stagnation séculaire, j’ai noté qu’une « fuite vers la sécurité» semble produire des changements qui impliquent des ralentissements de productivité. En 1974, les investisseurs ont afflué vers l’or et l’immobilier – ils ont délaissé le Dollar (augmentation rapide du niveau des prix) et les bons de Trésor (hausse rapide des taux d’intérêt nominaux) alors qu’en 2008, la situation était un peu différente : les investisseurs, fuyant l’immobilier, ont trouvé dans le dollar et les bons de Trésor une valeur refuge.

Les observations ci-dessus suggèrent que le régime de politique monétaire revêt une grande importance pour déterminer si une monnaie fiduciaire est perçue comme sûre ou non. Lorsque Nixon et ses conseillers ont choisi d’abandonner l’étalon-or (allant contre la recommandation du président de la Fed, Mr. Burns) en 1971, la politique monétaire a semblé perdre son ancrage nominal. Ainsi, lorsque le choc pétrolier et le ralentissement de la productivité ont frappé au début des années 70, les investisseurs ont fui l’argent. L’or est souvent crédité comme étant un actif sûr en raison de son offre «politique». Mais il y a d’autres raisons à cela, car comme l’or, l’offre de biens immobiliers n’est pas très élastique. Et pourtant, l’immobilier n’était plus un actif si sûr en 2008…

Asymétrie de l’information

Patience. Je vais bientôt en arriver au Bitcoin. Avant de le faire, j’aimerais demander « qu’est-ce qui fait d’un actif, un actif sur? »

Selon Gary Gorton, cela a beaucoup (peut-être tout) à voir avec l’asymétrie de l’information:

Un « bien » sûr est un atout qui peut être utilisé pour effectuer des transactions sans crainte : il ne doit pas y avoir de préoccupations qu’une des contreparties connaît secrètement la réelle valeur de l’actif.

En d’autres termes, un actif sûr est un bien avec des attributs qui permet aux parties de se mettre d’accord très rapidement et à peu de frais. Les objets ayant cette propriété ont tendance à devenir des instruments monétaires ou, pour utiliser un terme plus large – une valeur d’échange (cela comprend des objets couramment utilisés comme garantie pour soutenir des accords de prêt). Les actifs sûrs ont tendance à être des actifs « simples ». Historiquement, les produits tels que le sel ou les métaux précieux. Il est facile de vérifier votre salaire avec du sel (il suffit de le goûter). Il est un peu plus difficile d’estimer une proportion d’or. Le but de la monnaie est donc d’être un bien facilement reconnaissable. Sans trop d’effort.

Il va sans dire que la plupart des instruments financiers sont des objets complexes. Tenez compte de votre police d’assurance-vie, qui reste relativement simple dans l’immensité des produits financiers.. La raison pour laquelle vous ne pouvez pas acheter votre café au lait le matin avec une part de cette assurance vie, est qu’il est tout simplement trop coûteux pour le vendeur de faire preuve d’une diligence raisonnable et nécessaire à votre égard dans de telles circonstances. Donc, vous payez en espèces. Tout le monde sait ce qu’est l’argent liquide. L’argent liquide peut être « indésirable » (dans le sens où il n’est plus convertible en or), mais au moins tout le monde peut en convenir. Il n’y a rien de compliqué à accepter les espèces.

Un actif simple

L’espèce et l’or sont des objets «simples». Le fait qu’ils ne paient pas d’intérêt les rend encore plus simples. En particulier, il n’y a pas besoin de passer du temps à enquêter sur la fiabilité d’un dividende versé par un actif « stérile » – tout le monde peut se mettre d’accord tout de suite sur le fait que le dividende est égal à zéro. Ce type de symétrie d’information semble être très demandée en période d’incertitude financière (quand personne ne sait vraiment ce que les gens savent des titres qu’ils vendent).

Cela me conduit directement à Bitcoin. Je pense que Bitcoin pourrait être le prochain grand atout sûr de ce monde. En tout cas il semblerait qu’il possède bien toutes les propriétés qui sont souhaitées et attendues d’un actif sûr.

Surtout, il est « simple ». Simple dans le sens où il possède une valeur intrinsèque. Bitcoin est tout simplement une technologie de tenue de compte (et les économistes savent depuis fort longtemps que l’argent c’est la mémoire). Il ne rapporte aucun intérêt. Simplement une possession qui correspond à un droit de propriété. Et ce livre de compte (NDLR : sous-entend la Blockchain) a fait ses preuves niveau sécurité.

Maintenant, on pourrait objecter que Bitcoin n’est pas si simple, au moins du point de vue de la moyenne des individus. Bitcoin est constitué de 30MB de code en langage C ++. Et l’algorithme qui régit sa précision et sa sécurité peut être difficile à comprendre.

Mais j’aime comparer ceci à la façon dont la plupart des gens comprennent le fonctionnement de leur moteur de voiture. Nous avons une notion vague d’ingénierie, de combustion interne, ou de la façon dont l’énergie circule,etc..Tout ce que nous savons vraiment, c’est que notre expérience collective vis à vis de cette la technologie est utile. Nous savons aussi que pour être mécanicien il n’ya a pas besoin d’avoir été ingénieur en mécanique.

Comme pour le protocole Bitcoin, qui est un logiciel open source, les tentatives de modification du code guidées par un intérêt personnel au détriment de la communauté sont facilement détectables par des yeux experts. Et ayons confiance dans le fait qu’il y a beaucoup d’yeux experts penchés sur le sujet.

Enfin, Bitcoin a une politique monétaire très simple. Essentiellement, la politique est de maintenir la masse monétaire fixe (en fait, il se développera asymptotiquement à un nombre fixe, 21 millions d’unités). Bien que cette règle monétaire peut être modifiée par consensus communautaire, il y a des raisons de croire que cela est peu probable.

Moyen d’échange ou réserve de valeur ?

Comme nous le savons, il y a eu quelques troubles dans la communauté Bitcoin. La question, si je comprends bien, concerne un projet d’amendement de la constitution du Bitcoin (NDLR : L’auteur fait référence à la controverse liée à la taille des blocs). Les gens craignent que si l’amendement ne passe pas, la vision originale de Satoshi Nakamoto qui souhaitait un système de paiement P2P à faible coût, grande vitesse ,et haut volume ne se concrétise pas. D’autres sont convaincus qu’une solution, sous une certaine forme, finira par être trouvée. Ces gens respirent l’optimisme. Rappelez-vous, c’est le carburant qui alimente l’esprit d’entreprise.

Mais supposons que la vision originale ne fonctionne pas. Supposons au contraire que Bitcoin soit frappé d’une limite stricte sur le volume des transactions qu’il peut traiter (actuellement bien en deçà de ce que Visa peut accomplir). Supposons en outre que les récompenses de bloc (actuellement 25 bitcoins/10 minutes) deviennent négligeables. Supposons aussi qu’une taxe de transaction fixe (et peut-être même variable) doit être payée, puisque quelqu’un doit financer la sécurisation de la Blockchain. Si cela devait se produire, alors Bitcoin ne serait utilisé que pour les transactions de grande valeur (le coût fixe associé à chaque transaction rendrait les transactions de faible valeur non pertinente économiquement.)

Ce « Bitcoin » comme système de transfert de grande valeur ne va pas a l’encontre de ma thèse : Bitcoin peut rester un actif sûr et souhaitable. (Les petits joueurs pourraient vraisemblablement s’impliquer en investissant dans un ETF Bitcoin, même si cela présentait un risque de contrepartie.)

Dans un monde où il serait l’unité de compte, un événement qui inciterait à une «fuite vers la sécurité » provoquerait une déflation inattendue et sévère. Nous avons gardé l’expérience de cela au début des années 1930 pour prouver ce qu’une politique monétaire à la Bitcoin peut entrainé. Et tandis qu’un système monétaire comme Bitcoin peut libérer les gens de la perte de valeur liée à l’inflation, il ne pourra pas les libérer des formes plus générales d’imposition.

Cependant, même si Bitcoin n’est pas, à mon avis, un instrument monétaire particulièrement idéal, cela ne l’empêche pas de servir comme un actif sûr ou une réserve de valeur à plus long terme. Une fois que sa pénétration du marché sera terminée, son comportement est susceptible d’imiter le comportement de tout autre actif sûr qui génère un faible rendement. Les investisseurs peuvent espérer gagner des rendements anormalement élevés dans une situation de crise. Mais si vous achetez au plus haut de la crise, vous pouvez vous attendre à réaliser des pertes anormalement élevées lorsque la crise retombera. En bref, c’est un excellent investissement – en supposant que vous pouvez prédire quand une crise se produit et quand elle prend fin !

Pour retrouver l’article dans son intégralité en version anglaise.

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A l’occasion du meet-up Ethereum Paris organisé le 23 mars par Karl Chappé, Stephan Tual fondateur et COO de Slock.it nous présente leur projet de relier des objets connectés à la blockchain Ethereum et leur vision pour l’avenir. Retrouvez la vidéo de la conférence en fin d’article.

Vision de Slock.it

Pour débuter sa présentation Stephan Tual nous présente la vision de Slock.it pour le futur. Là où certains voit l’avenir avec des casques de réalité virtuelle qui nous permettraient d’interagir avec des objets dans le cyberespace. Stephan présente sa vision où ce sont les objets autonomes qui rentreraient dans notre monde physique. Et réaliser des transactions avec des machines autonomes serait le nouveau normal.

Présentation de Slock.it

L’objectif de Slock.it est de marier le digital et le physique avec la blockchain Ethereum. Soit relier des objets connectés à cette blockchain, permettant ainsi de louer, de vendre ou de partager n’importe quel objet, sans passer par un intermédiaire. Ces objets profiteraient du fait que les smart contracts nécessaire à leur gestion autonome, sont reliés à la blockchain, ce qui leur donne des propriétés intéressantes : l’immutabilité (ne peut pas être modifié par un tiers), résistant à la corruption et à la collusion, sécurité cryptographique, zéro temps d’arrêt.

L’objet physique est associé à l’objet digital en connectant l’identifiant unique (la clé du contrat) sur la blockchain avec l’appareil dans le monde physique. Ce qui permettra à cet objet de posséder des propriétés de la blockchain, avoir une identité, et la possibilité d’exécuter des codes. Ce qui donne des objets complètement autonomes qui se possèdent eux-mêmes.

Slock.it 2

Exemple d’utilisation de Slock.it

Stephan Tual nous présente ensuite un exemple d’utilisation de la technologie Slock.it avec le cas d’une maison autonome. Prenant un utilisateur qui souhaite louer une maison. Il lui suffira de prendre son téléphone et émettre sa clé publique, qui le représente sur le réseau. Il n’a donc pas besoin de s’enregistrer sur un site, où il devrait donner ses informations personnes, créer un login, un mot de passe… Il lui suffit d’utiliser sa clé privé pour pouvoir signer une transaction. Le téléphone ensuite récupère sur la blockchain Ethereum le contrat qui représente la porte, et lui distribue de l’argent. Il s’agit donc d’un contrat entre un humain et une machine. Ce n’est pas le propriétaire de la porte qui doit activer son ouverture, mais la porte elle-même.

De plus, la personne qui souhaite louer sa maison ou son appartement n’a pas besoin de passer par un tiers de confiance comme Airbnb, qui prend une commission. Et cela fonctionne dans le monde entier étant donné que c’est basé sur la blockchain.

Une fois le client devant la porte il va s’identifier auprès de celle-ci de façon digitale à l’aide de sa clé publique, que lui seul peut utiliser. Un processeur dans la porte faisant office de verrou va se connecter à la blockchain. Et récupère le contrat qui la représente dans la blockchain et vérifie que cette personne a le droit de rentrer. Si c’est le cas la porte s’ouvre.

Il est également possible de représenter d’autres services sur la blockchain. Par exemple la personne en charge du nettoyage serait aussi sur la blockchain. Une fois que le client aura quitté l’appartement celle-ci automatiquement se synchronise pour envoyer la personne le nettoyer.

Au cours de cette présentation Stephan Tual a également abordé le sujet de l’Ethereum Computer, du système de DAO (Organisation Autonome et Décentralisé), et des partenariats de la société Slock.it pour d’autres projets à venir.

Ethereum Computer

L’Ethereum Computer a été réalisé en partenariat avec Samsung et Ubuntu, dans le but de connecter et synchroniser les objets à la blockchain Ethereum, grâce à un petit module de proxy. Évitant ainsi de faire tourner un full node Ethereum sur chaque objets connectés.

Ethereum Computer

DAO : Organisations Autonomes et Décentralisées

La DAO est un groupe de personnes qui se mettent ensemble pour pouvoir réaliser un produit ou une série de projets. Il s’agirait d’un fond de management décentralisé où les gens investissent dans le but de financer d’autres projets, propositions soumises à la DAO. Stephan Tual nous informe qu’il souhaite proposer le projet de l’Ethereum Computer et ses applications à une DAO. En échange de ces fonds les Ethereum Computers enverront l’argent qu’ils gagnent (les commissions prélevées sur chaque transaction) à la DAO. L’Organisation Autonome Décentralisée aura ensuite le choix de réinvestir ses gains dans d’autres projets, ou de les distribuer aux actionnaires de la DAO.

Un système de proposal permettra à n’importe qui de proposer un projet, un produit à la DAO. Et définir les termes du contrat, ainsi que l’automatisation de son exécution. L’intervention d’un tiers : avocat, notaire sera donc évité.

DAO

Partenariats et projets à venir

Slock.it a également développé des partenariats avec d’autres sociétés, dans le but d’associer de nouveaux projets et objets connectés à la blockchain Ethereum.

Stephan Tual commence par nous présenter le partenariat avec Electron, pour connecter l’eau, l’électricité et le gaz à la blockchain de façon à ce que l’utilisateur paie uniquement ce qu’il a utilisé. Par exemple dans le cas d’un appartement loué, le client aurait seulement à s’acquitter du montant correspondant à sa consommation énergétique durant son séjour.

Slock.it travaille aussi avec SafeShare, une compagnie d’assurance spécialisé dans la sharing économie (économie de partage) qui nécessite des assurances spécialisées. Pour implémenter un système d’assurance permettant à une personne qui loue un appartement de payer uniquement l’assurance pour la durée de sa location.

L’équipe Slock.it a développé avec VENQO un projet pour créer et connecter à la blockchain des véhicules électriques autonomes. Ces véhicules pourraient se déplacer, se louer tout seul et renvoyer de l’argent aux personnes qui l’ont déployé.

Le dernier partenariat évoqué au cours de cette conférence, concerne le conglomérat énergétique allemand RWE. Dans le but de créer des bornes de chargement complètement autonome pour les véhicules électriques.  Où l’utilisateur paiera uniquement ce qu’il consomme (là où avec les bornes actuelles on paie à l’heure)  et n’aura pas besoin d’un contrat.

RWE

Pour retrouver l’intégralité de cette conférence je vous invite à visionner la vidéo réalisé par Marco :

 

 

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