Afrique – Le Coin Coin https://le-coin-coin.fr Informations, réflexions, contenu francophone sur le sujet des monnaies décentralisées dont le bitcoin. Un magazine sans pub crypto, blockchain et économie. Sun, 23 Nov 2025 17:33:57 +0000 fr-FR hourly 1 69367527 Compte rendu conférence VISA à Casablanca https://le-coin-coin.fr/2189-forum-de-la-monnaie-et-du-paiement-electroniques-en-afrique-francophone/ https://le-coin-coin.fr/2189-forum-de-la-monnaie-et-du-paiement-electroniques-en-afrique-francophone/#respond Wed, 01 Apr 2015 14:57:06 +0000 http://le-coin-coin.fr/?p=2189 La troisième édition du Forum de la Monnaie et du Paiement électronique en Afrique francophone s’est déroulée le jeudi 19 et vendredi 20 Mars 2015 à l’hôtel Hyatt Regency à Casablanca. Cette manifestation de grande envergure avait pour but de rechercher les possibilités de développement de la monnaie et du paiement électroniques auprès des usagers […]

Cet article Compte rendu conférence VISA à Casablanca est issue du site Le Coin Coin.

]]>
La troisième édition du Forum de la Monnaie et du Paiement électronique en Afrique francophone s’est déroulée le jeudi 19 et vendredi 20 Mars 2015 à l’hôtel Hyatt Regency à Casablanca.

Cette manifestation de grande envergure avait pour but de rechercher les possibilités de développement de la monnaie et du paiement électroniques auprès des usagers et d’élaborer une vision et une feuille de route déclinable en recommandations opérationnelles.

Elle avait également pour objectifs de permettre aux experts et aux opérateurs de la monétique de la région d’Afrique francophone de se rencontrer et d’échanger leurs expériences ou encore développer de nouvelles relations de partenariat et créer un espace de Networking.

Au programme de cette rencontre figuraient six thèmes principaux à savoir: « l’inclusion financière et la bancarisation de la société », « le E-gov avec les effets de la biométrie », « de l’introduction du paiement électronique des services administratifs », « les effets paiement électronique sur le développement des PME et du commerce international », « la ville intelligente ou Smart city et la Sécurité » et « fraude et gestion des risques ».

Afin d’être la plus concise possible, j’aborderais dans ce compte rendu les thèmes les plus récurrents lors de ces deux jours de conférence.

téléchargement

CADRE INSTITUTIONNEL ET PAIEMENT ÉLECTRONIQUE

Durant ce thème, Monsieur Mounir RAZKI, directeur et responsable de la direction des opérations monétaires et des changes Bank Al Maghrib, est intervenu. Il a expliqué que le système de paiement était une des mission centrale de la banque centrale. Pour l’institution, la stabilité financière n’est possible qu’avec la présence de trois acteurs majeurs qui sont les systèmes bancaires, marchés de capitaux et infrastructures de marché.

Le Maroc, de part son emplacement et son développement, veut se positionner comme un HUB financier et se doit donc d’avoir les meilleures pratiques et normes afin que les investisseurs internationaux puissent se sentir en sécurité lors de leur investissements. L’ultime but et qui revient tout au long de la conférence est le développement de l’inclusion financière et de la bancarisation.

Bank Al Maghrib a ainsi mis en oeuvre une adaptation du cadre règlementaire pour accompagner les évolutions mais également des infrastructures de compensation et des transactions. Monsieur Mounir RAZKI a souligné que la banque centrale s’était grandement inspirée de la BCE (banque centrale européenne) du point de vue du cadre normatif afin qu’il y ait un système de gouvernance efficace. Des réformes ont également été entreprises pour la promotion des paiements électroniques, notamment l’agrément des établissements de paiement.

D’autres intervenants comme Monsieur Le Noir, membre du comité du club des dirigeants des banques d’affaires d’Afrique, a expliqué qu’il y avait de grandes perspectives d’évolution des banques dans l’Afrique subsaharienne (c’est à dire dans la zone franc).

Au terme de différents chiffres énoncés, la banque africaine est clairement appelée à évoluer. Le taux de pénétration de la micro-finance ne représente que 25% de la population alors que 40% de la population, trop pauvre, n’est pour le moment pas « bancarisable ».

Enfin, dernier constat : il y a encore des partenaires « potentiels » qui sont absents du sillage bancaire africain, mais qui devraient certainement arrivés d’ici quelques temps, telles que les banques chinoises, indiennes… Toutefois, il est a noté que la banque islamique n’a pas réussi en Afrique subsaharienne et les banques marocaines ont pris de l’avance sur leur concurrents.

COMMERCE INTERNATIONAL ET PAIEMENT ÉLECTRONIQUE

Ce thème-ci a fait intervenir la douane et les impôts indirects et leur procédure de dématérialisation ainsi que Monsieur Jean Yves Rossi, fondateur de la société CANTON-consulting. Ce dernier a mis en lumière l’augmentation du volume des échanges qui a été multiplié par 25% ces dernières années. Au Maroc, on observe des évolutions très fortes sur les investissements avec une croissance extrêmement rapide. De la même manière, on remarque l’évolution des crypto-monnaies, notamment le Bitcoin, qui se développe assez rapidement en Afrique, aussi grâce au développement du mobile banking.

Il a été expliqué la géométrie traditionnelle, qui se définit par le monopole bancaire d’émission et de gestion des instruments de paiement. Ces géométries traditionnelles sont maintenant confrontées à la combinaison de leviers de changement de nature économique, technologique et d’usage.

De même, on note le sens de la recomposition de l’offre qui s’accélère. Cette dernière se recompose autour de nouvelles typologies de services, qui est notamment poussée par l’Europe avec les prélèvements (SDD), virements et les cartes ou dispositifs similaires. L’écosystème est amené à s’ouvrir avec le cadre européen « SEPA » qui a ouvert les voies d’entrée sur le marché en particulier pour les établissements de paiement et établissements de monnaie électronique, les opérateurs de tierce partie et les établissements de crédit d’un nouveau genre comme Paypal, Apple… Un point d’honneur a été mis sur la régulation. En effet, il est important de passer d’une logique d’instruments à une logique de services de paiement en tentant d’unifier ou du moins de coordonner les approches bancaires/telecom, également faire de la prévention de la fraude une priorité absolue et maximiser la prise en compte des exigences LAB-LAT (lutte anti-blanchiment, lutte anti-terrorisme).

INCLUSION FINANCIÈRE

 Ce fut l’un des thèmes majeure de cette troisième édition de la monnaie et du paiement électroniques.

Plusieurs intervenants, notamment Blaise AHOUANCHEDE, directeur général de GIM-UEMOA au Sénégal, ont donné une définition de l’inclusion financière.

Cette dernière se définit comme l’offre de services financiers et bancaires de base à faible coût pour des consommateurs en difficultés et exclus des services traditionnels.

C’est donc le fait de permettre aux populations pauvres et vulnérables d’accéder aux services financiers (service bancaire de base, micro-crédit, assurances, transferts d’argent, paiement de factures) à des couts réduits. Les services bancaires représentent aujourd’hui des services indispensables pour être intégrés à la société. L’inclusion financière est donc le pendant de « l’exclusion bancaire » qui est directement liée à l’exclusion sociale. Aujourd’hui les mesures d’inclusion financière sont devenues des objectifs importants des banques de détails.

En plus de la pauvreté, les inadéquations des infrastructures – accès au réseau routier dans les zones rurales par exemple, en Afrique ne permettent pas non plus à l’ensemble de la population de pouvoir accéder à des banques. Toutefois, ces dernières années de nouvelles stratégies ont été mis en place pour pouvoir fournir des services bancaires au monde rural et aux populations pauvres, notamment à l’aide du Mobile Banking.

MOBILE BANKING 

Dernier thème abordé durant ce forum, le mobile banking est en plein essor en Afrique. Le leader est le service M-pesa qui a été lancé en 2007 et offre un service sécurisé de paiement, en prélevant une faible commission sur chaque transaction, inférieure à 1 %. En 2010, il y a également eu le lancement d’une plateforme d’épargne nommé M-Kesho et dernièrement en 2012, celui d’une plateforme de crédit : M-Swhari.

Aujourd’hui M-Pesa représente plus de 20 millions de clients actifs, 30 000 points agrées, 10 000 clients recruté par jours, plus de 70% des transactions Mobile Banking et surtout près de 75% de la population non bancarisée utilise ce service.

Le Mobile Banking est donc l’une des solutions afin de développer l’inclusion financière notamment grâce aux couts et à l’accessibilité des services. Par ailleurs, le Mobile Banking permet aux crypto-monnaies de prendre leur envol sur le continent africain.

En définitive, ce forum a été véritablement passionnant, accompagné d’une bonne ambiance et surtout d’une très grande qualité de ses intervenants. Il a été permis d’apprendre, de comprendre et d’appréhender ce qui se passait en matière de développement bancaire et de monétique, non seulement au Maroc, mais également en Afrique Centrale. De plus, il est à noter que l’Afrique est en pleine mutation, et cela se ressentait particulièrement au niveau de ses intervenants dynamiques, pleins d’entrain et d’espoir. Quant au Maroc, nous avons eu la confirmation que ce pays, au carrefour des continents, n’est qu’au début de son apogée et a encore d’heureux jours devant lui.

Cet article Compte rendu conférence VISA à Casablanca est issue du site Le Coin Coin.

]]>
https://le-coin-coin.fr/2189-forum-de-la-monnaie-et-du-paiement-electroniques-en-afrique-francophone/feed/ 0 2189
Une première conférence Bitcoin en Afrique https://le-coin-coin.fr/1997-une-premiere-conference-bitcoin-en-afrique/ https://le-coin-coin.fr/1997-une-premiere-conference-bitcoin-en-afrique/#respond Tue, 03 Feb 2015 17:46:34 +0000 http://le-coin-coin.fr/?p=1997 La première conférence Bitcoin d’ Afrique arrive enfin et se tiendra à Cape Town en Afrique du Sud, le 16 et 17 Avril 2015. Attendue comme un grand événement dans l’histoire de Bitcoin en Afrique, la Bitcoin Conference Africa est sponsorisée entre autres par BITX et Bankymoon, et réunira des commerçants, investisseurs, venture capitalistes, start-up et […]

Cet article Une première conférence Bitcoin en Afrique est issue du site Le Coin Coin.

]]>
La première conférence Bitcoin d’ Afrique arrive enfin et se tiendra à Cape Town en Afrique du Sud, le 16 et 17 Avril 2015.

Attendue comme un grand événement dans l’histoire de Bitcoin en Afrique, la Bitcoin Conference Africa est sponsorisée entre autres par BITX et Bankymoon, et réunira des commerçants, investisseurs, venture capitalistes, start-up et amateurs cherchant à faire avancer le bitcoin sur le continent Africain.

UNE MISSION EDUCATIVE

Avec une communauté Bitcoin très active sur le continent Africain, cette conférence va permettre de mettre en valeur les différentes innovations venant d’Afrique. En plus de rassembler la communauté, la conférence se donne également un rôle éducatif. Selon son site officiel, l’événement veut donner « une compréhension en profondeur » de ce qui suit:

  • Qu’est-ce que Bitcoin?
  • La Blockchain et le mining de Bitcoin
  • L’adoption marchande
  • Bitcoin en Afrique
  • Les implications financières, juridiques et réglementaires de Bitcoin
  • L’avenir de Bitcoin

Quelques noms bien connus figurent d’ores et déjà sur la liste des orateurs comme Brock Pierce et Elizabeth Rossiello, cette dernière a notamment fondé BitPesa, un service aux frais réduits, qui permet de transférer de l’argent en Afrique. Des interventions seront également faites par Jonathan Smit le fondateur de  PayFast , qui permet aux commerçants sud-africains d’accepter Bitcoin pour les virements à l’intérieur du pays, ainsi que par le fondateur et PDG de Bankymoon, Lorien Gamaroff.

bitcoin conference africa

Les tickets pour la conférence peuvent être obtenus sur le site officiel, pour la somme de 1350 rand, soit 117 dollars.

Espérons que la conférence soit à la hauteur des attentes de la communauté Africaine. L’Afrique représente un marché potentiellement énorme pour Bitcoin, en effet de nombreuses personnes ne sont pas bancarisées, et se voient prélever des frais hallucinants de la part des sociétés de transferts d’argent comme Western Union par exemple. Bitcoin n’est peut-être pas la solution ultime, mais il permettrait notamment à certaines personnes d’accroitre considérablement leurs revenus, d’améliorer leur quotidien, et de participer au développement de tout un continent en économisant les différents frais qui leurs sont imposés.

 Source: CoinTelegraph

Cet article Une première conférence Bitcoin en Afrique est issue du site Le Coin Coin.

]]>
https://le-coin-coin.fr/1997-une-premiere-conference-bitcoin-en-afrique/feed/ 0 1997
Le potentiel des devises numériques en Afrique Noire : Bitcoin & CFA https://le-coin-coin.fr/1214-potentiel-devises-numeriques-en-afrique-noire/ https://le-coin-coin.fr/1214-potentiel-devises-numeriques-en-afrique-noire/#comments Mon, 15 Sep 2014 13:31:16 +0000 http://le-coin-coin.fr/?p=1214 Dans une série d’articles que j’ai écris sur mon blogue, sur le futur des devises numériques,  j’ai introduit la notion de Bitcoin pour la première fois à mon audience. Généralement, mes lecteurs, qui sont des jeunes professionnels bien rangés, ont du mal à comprendre l’importance d’une telle technologie. Comment s’approprier une devise qu’on ne peut […]

Cet article Le potentiel des devises numériques en Afrique Noire : Bitcoin & CFA est issue du site Le Coin Coin.

]]>
Dans une série d’articles que j’ai écris sur mon blogue, sur le futur des devises numériques,  j’ai introduit la notion de Bitcoin pour la première fois à mon audience. Généralement, mes lecteurs, qui sont des jeunes professionnels bien rangés, ont du mal à comprendre l’importance d’une telle technologie. Comment s’approprier une devise qu’on ne peut pas toucher? En effet, même si aujourd’hui, plus de 90% de l’argent en circulation dans le monde est sous forme électronique, l’individu moyen en occident a encore du mal à accepter l’idée d’une devise complètement numérique. Alors combien de  fois en Afrique Sub-Saharienne?

Pourtant le fait est que les Africains sont parmi les personnes les plus susceptibles d’adopter les devises numériques comme le Bitcoin. Et oui! Malgré les accès internet limités, les coupures d’électricité intempestives, et un système bancaire peu populaire, il y a plus de chance aujourd’hui de voir proliférer le Bitcoin en Afrique que d’assister un jour à la création d’une devise fiat panafricaine.

Set of modern flat design icons of emerging virtual currency and

LES AVANTAGES DES DEVISES NUMÉRIQUES EN TANT QUE MOYEN DE PAIEMENT

Les devises numériques représentent 4 avantages principaux pour les pays Africains :

1. L’accessibilité
2. Les faibles couts de transactions
3. Une portée mondiale
4. Le traitement de micro-paiements

En effet, en exploitant une industrie des télécommunications très développée, et un fort taux de pénétration du mobile, des plateformes de paiement par SMS comme M-PESA permettent d’introduire le Bitcoin en Afrique (sans toujours nécessiter une connexion internet des utilisateurs).

D’une part, les devises numériques permettraient aux populations africaines d’avoir un accès plus large aux sites de e-commerce à travers le monde, qui imposent souvent des restrictions sur les types de paiements possibles.

D’autrepart, l’utilisation des devises numériques comme le Bitcoin réduisent drastiquement les couts de transferts d’argent internationaux, tout en rendant ces transferts plus rapides et accessibles à travers le monde entier. Ainsi, au lieu de payer 12 à 15% de frais de transaction avec Western Union ou MoneyGram, la diaspora africaine peut envoyer de l’argent à des plateformes de change Bitcoin, qui le reconvertissent en monnaie locale à destination du receveur, directement dans son portefeuille électronique (mobile money wallet).

D’ailleurs, plusieurs pays Africains anglophones sont déjà en train d’en faire l’expérience. Parmi les startups qui participent à ce changement, on compte :

BitPesa: une plateforme de change qui accepte des Bitcoin en échange de Shillings Kenyans. Les individus qui possèdent des BTC peuvent ainsi envoyer des shillings à leurs proches, à travers BitPesa, et ce dernier dépose les devises locales dans des portefeuilles mobiles comme M-Pesa, Orange Money, Airtel, et Yu. Cout total: 3%.

Kipochi : un service de portefeuille BTC qui s’intègre avec M-Pesa. Cela permet à des propriétaires de téléphones portables de recevoir et envoyer des BTC avant de les convertir dans la monnaie locale, en passant par leur compte M-Pesa.

Payfast: Cet équivalent Sud-Africain de Paypal accepte depuis Juillet 2014 les paiements en BTC, ce qui permet de transiger avec leurs 30,000 commerçants partenaires.

BitX South Africa et ICE3X.com: Plateformes de change Sud-Africaines qui permettent d’acheter, de vendre et de conserver des BTC et Litecoin.

ZABitcoinATM: La première machine de retrait automatique pour BTC qui permet aux clients d’échanger des devises locales contre des BTC en Afrique du sud.

Kitiwa est une plateforme de change qui permet aux ghanéens de convertir leur Ghana Cedis en BTC, leur permettant ainsi de faire des transactions sur internet dans le monde.

tumblr_msqogjobLk1qartzso1_1280

LES AVANTAGES DES DEVISES NUMÉRIQUES EN TANT QUE RÉSERVE DE VALEUR

Aussi futuriste semble être ce scénario, les pays africains qui seraient intéressés à développer un système monétaire basé sur les devises numériques au lieu des monnaies fiat, bénéficieraient de :

1. Une meilleure traçabilité des flux monétaires : L’une des premières choses qui marque quand on observe l’économie sub-saharienne, est le pourcentage des transactions qui s’opèrent dans l’économie sous-terraine. Ces transactions ne sont pas forcément illégales, mais sont plutôt non-divulguées, et non règlementées. Ce qui représente une énorme perte fiscale pour les gouvernements. Théoriquement, l’application d’un système monétaire basé sur une devise numérique permettrait donc d’accroitre la transparence financière, en permettant aux institutions d’état de retracer les adresses électroniques qui hébergent l’historique des transactions d’un individu ou d’une entreprise.

2. Une protection contre l’inflation : L’économie d’Afrique sub-saharienne est également très marquée par l’utilisation de l’argent comptant. Dans une économie où la priorité des populations est de satisfaire des besoins vitaux à court-terme, il est très fréquent de voir des micro-portions de divers produits et services se transiger sur le marché. C’est ainsi que se vendent à vil prix, des sachets d’huile de friture, des sachets d’eau potable, du crédit téléphonique et des cigarettes à l’unité.

Le besoin pour les commerçants de fragmenter les portions de produits conçus initialement pour se vendre dans un emballage précis, devient donc une nécessité pour survivre dans l’économie Africaine. Ces micro-transactions qui représentent le quotidien des populations, les rendent très dépendantes de l’argent comptant. Les cartes de paiement sont très rarement utilisées pour de tels micro-paiements, car le ‘cash’ permet plus de liquidité et de flexibilité. Mais cette liquidité vient avec un prix : une vulnérabilité à la dépréciation de la monnaie.

En effet, les populations modestes sont généralement celles qui sont le plus susceptibles de perdre leur pouvoir d’achat, à cause de leur dépendance au cash. Ces personnes ne possèdent généralement par d’actifs qui apprécient sur le long terme comme de l’immobilier ou des fonds d’investissement. Elles gardent leur argent sous les matelas, et sont donc à la merci des politiques monétaires inflationnistes de leur gouvernement.

En théorie, les devises numériques comme le BTC peuvent régler ce problème. En l’occurrence, le BTC dont l’émission maximale a été limitée à 21 Millions de BTC, est une devise, qui est vouée à apprécier sur le long terme, contrairement aux devises fiat, (pourvu bien sur que l’adoption du Bitcoin devienne plus généralisée et que sa volatilité diminue).

3. Une plus grande souveraineté monétaire : Un système monétaire basé sur les devises numériques permettrait aux nations Africaines de se libérer de l’hégémonie économique qu’exercent des puissances comme la France. Cette liberté monétaire est très bien expliquée dans l’article de Slim Bouzid, Bitcoin: Liberté monétaire pour les tunisiens ?

C’est d’ailleurs sur ce dernier point que j’aimerais rebondir, afin de parler du cas des pays de la zone CFA, et comment les devises numériques peuvent contribuer à l’économie de cette région.

prison

LA ZONE CFA : UN EXCELLENT EXEMPLE D’EMPRISONEMENT MONÉTAIRE

La zone CFA (‘Communautés Financières d’Afrique’ ou bien ‘Colonies Françaises d’Afrique, tel que créé en 1939!) est l’ensemble des 15 pays africains qui utilisent le Franc CFA comme devise. Elle est constituée de huit pays d’Afrique de l’Ouest (Bénin, Burkina-Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo), six pays d’Afrique centrale (Cameroun, République Centrafricaine, Congo-Brazzaville, Gabon, Guinée Équatoriale, Tchad) et les Comores. Ces espaces monétaires et économiques sont issus de l’ancien empire colonial Français, et sont encore au jour d’aujourd’hui gérées par elle, à travers deux institutions africaines : la Banque Centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO), la Banque des États d’Afrique Centrale (BEAC), la Banque Centrale des Comores (BCC).

Tel que brillamment expliqué par le site de publication Survie.org, dans un article sur le sujet :

Le système franc CFA est basé sur quatre grands principes : la centralisation des réserves de change au Trésor public français, la fixité de la parité franc CFA/euro, la libre convertibilité du franc CFA à l’euro, et la libre circulation des capitaux entre la France et les pays africains de la zone franc. A ces principes s’ajoutent la participation française aux instances de direction des banques centrales africaines, pièce maitresse du système CFA puisqu’elle garantit l’application sans faille des quatre principes précédemment cités

En gros, cela veut dire que contrairement à la plupart des devises dans le monde, qui ont des cours fluctuants, le Franc CFA n’a aucune existence indépendante :

• A cause de sa parité avec l’euro (historiquement le Franc français), 1 euro vaut 656 FCFA tout le temps, et cela ne change jamais.  Donc si l’euro monte, le FCFA monte; et si l’euro tombe, le FCA tombe! Cette parité est particulièrement avantageuse pour la France car elle élimine complètement le risque de taux de change dans son commerce avec ses anciennes colonies. Les institutions françaises peuvent donc acheter à prix fixe autant de cacao, café, hévéa, pétrole, bois, bauxite, or, diamants, et autres ressources naturelles et matières premières, dont ils sont généralement les principaux exploitants, afin d’alimenter l’industrie française. Mais attention! Cette libre convertibilité du CFA ne s’applique pas aux 3 régions économiques africaines concernées, ce qui restreint énormément les échanges interafricains, au profit du rapatriement de capitaux en France.

• Afin de se protéger contre les risques de surémission du FCFA (et donc de dévaluation), la production du FCFA est faite par la Banque de France. Cette dernière a aussi pour tache de surveiller de très près les politiques monétaires des pays africains sous la zone CFA. Ainsi, le Trésor Français, est la banque des banques centrales africaines, ces dernières n’étant donc que des institutions de façade, vu qu’elles n’ont aucun pouvoir sur la politique monétaire de leur région. D’ailleurs, aucune décision ne peut être prise par les banques centrales des zones CEMAC et UEMOA sans l’accord de la Banque de France. Cela représente quelques implications positives comme la protection contre des pratiques monétaires inflationnistes, mais surtout plusieurs limites néfastes (comme le manque de compétitivité des pays Africains dans le commerce international, et un accès difficile au crédit bancaire pour les populations locales).

• Les banques centrales Africaines sont forcées de déposer 50% de leurs réserves monétaires dans un compte d’opérations au Trésor public français. La Banque de France les rémunère en intérêt, mais perçoit également des revenus de placement au passage. La baisse des dépenses publiques qui en découle limite donc énormément les opportunités de croissance et la liberté des gouvernements africains à allouer leurs fonds vers des projets de développement, au  lieu de grossir les caisses de l’État français.

CONCLUSION

Aujourd’hui, le FCFA est le principal outil de contrôle politique et économique qu’exerce la France sur ses anciennes colonies africaines. Afin de se défaire complètement de ce système et retrouver une souveraineté économique, les pays africains de la zone CFA doivent suivre les étapes suivantes:

1. Sortir de la zone CFA et donc se détacher complètement du concept de la France-Afrique (ce qui implique un changement majeur de l’idéologie politique, sociale et économique africaine)

2. Migrer vers un système monétaire souverain (panafricain ou non)

Pour les pays producteurs de ressources naturelles, un système monétaire basé non pas sur des devises fiat, dont le cours déprécie sur le long terme, mais sur la parité avec des ressources naturelles comme l’or, le diamant, le pétrole ou la bauxite (ou une combinaison de plusieurs matières premières) serait idéal.

Pour les pays non-producteurs, un système monétaire basé sur les devises numériques dont la production absolue serait limitée, afin d’assurer une appréciation sur le long terme, et une limite des manipulations monétaires par le gouvernement.

Crédits images : DiaDesignModoAlbert Exergian

Cet article Le potentiel des devises numériques en Afrique Noire : Bitcoin & CFA est issue du site Le Coin Coin.

]]>
https://le-coin-coin.fr/1214-potentiel-devises-numeriques-en-afrique-noire/feed/ 1 1214