Histoire – Le Coin Coin https://le-coin-coin.fr Informations, réflexions, contenu francophone sur le sujet des monnaies décentralisées dont le bitcoin. Un magazine sans pub crypto, blockchain et économie. Sun, 23 Nov 2025 17:33:57 +0000 fr-FR hourly 1 69367527 Enquête #III : Monnaie crypto, monnaie porno? https://le-coin-coin.fr/1160-monnaie-crypto-monnaie-porno/ https://le-coin-coin.fr/1160-monnaie-crypto-monnaie-porno/#comments Sat, 13 Sep 2014 04:43:17 +0000 http://le-coin-coin.fr/?p=1160 Nous avons déjà évoqué le parfum de soufre du bitcoin en traitant de l’usage de la monnaie dans les choses sacrées, qui suscitait bien des questions. Comme ont dû le faire certains romains, sortons du temple et dirigeons-nous vers le lupanar, puisque les industries du vice ne sont pas les dernières à lorgner vers les […]

Cet article Enquête #III : Monnaie crypto, monnaie porno? est issue du site Le Coin Coin.

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Nous avons déjà évoqué le parfum de soufre du bitcoin en traitant de l’usage de la monnaie dans les choses sacrées, qui suscitait bien des questions. Comme ont dû le faire certains romains, sortons du temple et dirigeons-nous vers le lupanar, puisque les industries du vice ne sont pas les dernières à lorgner vers les monnaies cryptographiques. Le site de l’une d’entre elles, le Redcoin annonce : porn, gambling and everything naughty. Une monnaie pour le vice ? Depuis l’antiquité, les bordels ont battu monnaie…

Est-ce par respect pour César ou par précaution que l’on y inventa une monnaie affectée, comme nous dirions aujourd’hui ? En tout cas, si le premier bordel semble avoir été athénien (et bon marché) les premiers jetons de maisons closes datent de l’époque romaine. On les appelle tessères spintriennes ou spintriae d’un mot latin désignant la débauche.

Le mot tessera désignait en général un jeton et il en existait de toutes sortes. Dans la ville qui garantissait au petit peuple du pain et des jeux, on distribuait en fait des tesserae de matières et de motifs divers, donnant droit à une entrée dans le Cirque ou à une ration de froment. Je ne dis pas que l’on ait distribué des bons pour une passe, mais l’usage du jeton pour entrer quelque part était bien établi. Effectivement, autant ne pas mettre la figure de César sur cela, même si on se souvient que l’empereur Vespasien se moquait bien de voir sa monnaie transiter par les latrines ! Je reviendrai un autre jour sur les tessères et autres jetons d’usage.

Jeton en verre
Jeton en verre

Ce jeton en pate de verre dont la réalisation est par ailleurs d’une grande qualité était sans aucun doute en usage dans un établissement huppé.

Notons que l’on n’a pas tenté de donner à la tessère une figure trop proche de la monnaie.

Plus grossières sont les spintriae de plomb que l’on retrouve un peu partout, et jusqu’en Angleterre.

Plomb Romain
Plomb Romain
Jeton trouvé dans la Tamise
Jeton trouvé dans la Tamise

On voit mal ces jetons servir de monnaie à l’extérieur comme nos tickets restaurants qui sont plus ou moins admis par les épiciers. Cependant leur aspect prend progressivement celui de pièces, avec des chiffres au côté pile.

Spintrae
Spintrae
Spintriae
Spintriae

Quelle signification donner à ces chiffres? Certains connaisseurs imaginatifs ont prétendu que cela désignait le prix des différentes prestations, d’autres plus prosaïques y ont vu le numéro de la chambre, ou de la fille… mais le plus grand lupanar retrouvé à Pompei n’avait que 10 chambres, quand certaines séries de spintriae atteignent 16 modèles.

Il m’apparaît probable que ces objets ont été collectionnés indépendamment et parallèlement à leur valeur d’usage. À l’appui de cette thèse il y a l’évidente similitude avec d’autres émissions très comparables, comme une série d’empereurs. Là aussi, on retrouve souvent le chiffre 16 comme nombre des spécimens.

Spintriae
Spintriae

Il est difficile de trancher le point quant à l’ordre des choses : les spintriae furent-elles une simple variante libertine des collections dédiées aux empereurs ou aux gladiateurs ? Des contrefaçons coquines de la monnaie, comme certaines pièces de six euros aujourd’hui? Ou bien fabriquées à l’origine comme des jetons de passe ( achetés par le client à la maquerelle ? distribuées par le général à la troupe ? ) ont-elles été ensuite sciemment transformées en objet collectors ?

La question n’est pas innocente. Pas davantage que la pratique bien connue des éditeurs de cartes diverses : autant les vignettes de l’équipe de France offertes jadis dans les boites de fromage avaient une faible et égale valeur dans les cours de récréation, autant les vignettes vendues (très au-dessus de leur coût de revient réel) par des éditeurs (comme l’italien Panini) peuvent, par leur inégale répartition dans les pochettes où elles sont vendues, acquérir des valeurs différentes, et pour certaines très élevées… L’édition de médailles ou de cartes de collection permet de créer de la valeur et cela en parfaite légalité puisqu’à aucun moment on n’émet de la monnaie. Dans les années 90, j’ai cependant vu une directrice d’école pourchasser les faux Pikatchu avec force – certes sans oser brandir le célèbre article 139 du Code Pénal – parce que ces faux avaient été monnayés contre de vrais francs français. Il est probable que l’on verra un jour des altcurrencies collectors du fait d’une quantité volontairement restreinte ou d’un gimmick quelconque.

* * *

Retournons à la maison close : bien des raisons pouvaient y justifier l’usage des jetons.

Quelque soit le statut des filles (esclaves antiques, débitrices, filles-mères, pauvresses …) pratiquer un change à la caisse évitait que ces filles ne touchent à la monnaie du dehors. C’est aussi l’une des raisons de l’usage des chips dans les maisons de jeux, sujet sur lequel je reviendrai un jour.

Cette précaution classique a perduré dans les maisons de passe, mais une chose forcément significative doit ici être notée : alors que dans certaines industries on donne à ces monnaies internes un aspect ludique et le moins monétaire possible ( les colliers de perle du Club Med ) , dans les bordels la coutume de donner un aspect monétaire à l’objet s’est affirmée au cours des siècles : tous les souverains du 19 ème siècle ( et pas seulement en France…) ont ainsi leurs effigies à l’avers de jetons dont les revers s’ornent de symboles les plus explicites. Très souvent ce sont des objets de plomb ou d’étain, assez grossiers. Il arrive toutefois que l’on trouve de lourdes pièces d’argent, probablement en usage dans les meilleurs établissements parisiens.

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( et cliquez ici pour voir aussi la côté  »poil », mais pour les impudiques seulement !)

Liard
Liard

Tant et si bien que des établissements plus modestes purent, inversement, se servir comme jetons de vieilles espèces démonétisées et sans réelle valeur. J’ai découvert qu’à Arsonval, dans l’Aube, une petite maison de passe se servait avant la guerre de vieux liards en cuivre du temps de… Louis XV.

Etonnant destin de la monnaie d’un roi lui-même notoirement porté sur la fille publique !

Dans le monde crypto de même, toutes les alt-currencies perdureront, même démonétisées si leurs cours s’effondrent totalement : rien n’empêche de leur imaginer d’étonnants destins, comme ceui des liards d’Arsonval.

Du coup certains vrais jetons se donnaient des petits airs de monnaies anciennes, comme ci-dessous, avec une figure de Louis XIII assez fantaisiste.

Château du diable
Château du diable

On trouve le même usage équivoque des codes et symboles officiels en Amérique avec un jeu de mot salace : cent changé en cunt (chatte mais aussi salope).

One Cunt
One Cunt

A la même époque on gravait aussi des mots d’amours ou l’initiale d’un fiancé sur les pièces, une coutume ancienne que les soldats de la guerre de Sécession popularisèrent. Le bitcoin sera-t-il un jour à même de porter (aussi) un message amoureux?

Love Token
Love Token

Malgré le jeu de mot permis par le slang, n’allons pas croire que le service ait été vendu pour one cent seulement : il fut pendant assez longtemps fixé à trois dollars, somme que l’on retrouvait sur de nombreux jetons.

Red Door Salon
Red Door Salon

Relique d’un monde sans inflation : il ne viendrait plus à l’idée d’écrire Bon pour un repas sur un ticket restaurant aujourd’hui. Les établissements du Nebraska sont d’ailleurs revenus à la pratique du token sans indication de valeur.

Les claques parisiens ont largement continué, passé le temps des rois, de singer les monnaies de la République et leurs divers symboles (Marianne, coq ..). C’est aussi que la République prenait sa part du profit, ce qui permet de comprendre certains atouts d’une monnaie de transaction affectée.

Monnaie de singe
Monnaie de singe

Le jeton a dû servir d’instrument fiscal. Les maisons ne fabriquaient point elles-mêmes de tels jetons, ce qui explique que les scènes pornographiques au verso soient si souvent similaires. Il est probable que l’on pouvait savoir combien de jetons circulaient dans telle ou telle maison, et que cela faisait partie des diligences du Préfet (qui délivrait l’indispensable certificat de tolérance et faisait payer cher ses contrôles, notamment sanitaires) et des renseignements connus du percepteur, qui en ces temps de fisc plus léger que le nôtre, prenait ici un confortable 50%.

Mais le jeton est aussi un instrument comptable : quand le client de la Belle Epoque achetait son jeton 5 francs, 2 francs 50 revenait à la fille, 2 francs étaient destinés à la maison le reste allant à diverses charges (on payait 25 centimes pour la serviette à la blanchisseuse par exemple). Tenir les comptes en jeton permet une comptabilité analytique aisée.

Allons plus loin : si la fille est le premier indicateur de la police contre la maquerelle, qui remplit ce rôle contre les clients… d’un point de vue comptable on a ici, grâce au jeton, une ébauche de comptabilité en partie triple (client, caisse de la maquerelle, fille) avec la possibilité pour la communauté des filles de vérifier les comptes de la maquerelle. Cela ne vous évoque rien?

CETTE ARTICLE A ÉTÉ INITIALEMENT PUBLIÉ SUR LA VOIE DU BITCOIN

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Enquête #II Rendre à César ? https://le-coin-coin.fr/1043-enquete-ii-rendre-cesar/ https://le-coin-coin.fr/1043-enquete-ii-rendre-cesar/#respond Thu, 04 Sep 2014 10:08:23 +0000 http://le-coin-coin.fr/?p=1043 A peine propulsé dans l’espace médiatique, le bitcoin a dégagé un parfum de souffre. Il ne s’agit pas ici de plaider mais d’examiner le rapport entre deux arguments essentiels : le bitcoin servirait à des trafics sales ; il ne serait pas régi par une autorité souveraine. Les deux critiques sont cependant sans rapport : le dollar reste […]

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A peine propulsé dans l’espace médiatique, le bitcoin a dégagé un parfum de souffre. Il ne s’agit pas ici de plaider mais d’examiner le rapport entre deux arguments essentiels : le bitcoin servirait à des trafics sales ; il ne serait pas régi par une autorité souveraine. Les deux critiques sont cependant sans rapport : le dollar reste la monnaie préférée des narcotrafiquants et les monnaies virtuelles, pas davantage que les greenbacks, n’ont été conçues spécifiquement à leur usage.

Si la cyber-monnaie n’est pas soumise à l’autorité d’un souverain, c’est que son cyber-espace de circulation ne l’est pas non plus. Un espace hors souveraineté n’est pas forcément une exception historique : avec quelle monnaie payait-on dans le désert entre deux royaumes ? ou dans l’enclos sacré d’un temple ?

Notons d’abord que dans l’histoire et dans leur domaine de souveraineté les rois n’ont pas souvent été aussi regardants que de nos jours : l’argent n’a pas d’odeur déclara Cesar Vespasien. Tellement que c’est l’argent du roi qui pourrait bien être l’argent sale, ou impur, du moins là où s’opère la distinction du licite et de l’illicite, du sacré et du profane.

Denier de Tibere
Denier de Tibere

Quand Jésus déclare rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu il répond à la question (peu innocente !) de savoir s’il est licite pour un juif de payer l’impôt romain. Certes ce denier d’argent porte l’effigie de l’empereur Tibère, mais puisque vous vivez avec cette monnaie (vous l’avez en poche) payez son dû à celui qui frappe cette monnaie. Quant à Dieu c’est bien autre chose qu’il vous demande.

D’où l’autre épisode évangélique concernant l’argent : celui des marchands (et changeurs) chassés du Temple par Jésus, épisode souvent présenté de façon simpliste comme une condamnation de l’esprit boutiquier et de l’appât du gain. Par sa colère soudaine, le Nazaréen s’en prend à l’esprit de traffic entre l’homme et Dieu tel qu’il le voit à l’oeuvre à Jérusalem plutôt qu’au signe monétaire.

Car il y a bien trafic et change. Les israélites âgés de vingt ans devaient payer annuellement pour l’entretien du culte un impôt du temple d’un demi-shekel, soit 5 grammes d’argent (Exode XXX – 11, 16). Or Jérusalem n’a jamais été autorisée par les romains à frapper ces demi-shekels. L’évangéliste Matthieu rapporte d’ailleurs (XVII, 23) que le montant de cet impôt était d’un didrachme, une monnaie grecque. Les pèlerins avaient en poche des monnaies grecques, ou romaines, ou des pièces de cuivre que les potentats locaux alliés de Rome avaient la permission de frapper.

On lit parfois que les autorités du Temple exigeaient que l’on change ces monnaies contre la monnaie du sanctuaire. Mais le Temple, pas davantage que Jérusalem ne frappait de monnaie qui aurait été plus propre. Cela aurait été inutile aux yeux des pharisiens ; d’ailleurs un passage de la Mishna conduit à penser que la monnaie elle-même n’a rien d’impur mais l’usage qu’on en fait peut conduire à l’impureté. Il fallait simplement que la pièce fit 5 grammes d’argent. Il fallait non que l’argent soit pur, mais que le compte soit bon.

On se servait pour l’opération de change du demi-shekel de la ville libre de Tyr, aussi appelé didrachme dans les textes grecs. C’est cette monnaie de Tyr qui était la monnaie du Temple et c’est contre cette pièce ( qui avec son aigle peu biblique et la figure du dieu local, un Hercule nommé Melkart, avait un caractère tout païen ) que les pèlerins devaient échanger ce qu’ils avaient en poche: denier romain, drachme attique, petit cuivre local.

Un shekel de Tyr
Un shekel de Tyr

La réalité c’est d’abord que l’aristocratie du Temple voulait recréer, en petit, un espace de souveraineté enclavé dans le vaste empire de Rome et non doter son peuple d’un instrument communautaire ! C’est ensuite que l’impôt précédait et asseyait cette tentation de recréer de la souveraineté, c’est enfin que le change permettait une seconde prédation.

Reveons au bitcoin. Il n’est pas la seule ni la première monnaie sans souveraineté : sous l’ancien régime, nos rois ont concédé à des seigneurs locaux le droit de battre des monnaies qui circulaient en dehors de leurs terres ; dans le passé des monnaies ont été émises par des villes libres – comme Strasbourg – dont la souveraineté ne se comparait pas et de loin à celle du Royaume de France. Aujourd’hui, on pourrait dire du Franc CFA qu’il est une monnaie sans souveraineté, et sans doute des DTS » du FMI qu’ils sont une quasi-monnaie sans souveraineté.

Non, le propre du bitcoin n’est pas d’être une monnaie sans souveraineté, c’est d’être une monnaie sans impôt. Or historiquement, il n’est pas bien certain que la monnaie précède toujours l’impôt. Viennent en premier la guerre, la solde des troupes, l’impôt. Dans les colonies, l’instauration de l’impôt fut le meilleur moyen d’établir l’économie monétaire et les marchés.

Pour résumer plaisamment la chose, il faut relire l’un des épisodes les plus fins d’Astérix: le Chaudron. Moralelastix, un chef gaulois un peu collabo confie à Asterix la garde d’un chaudron contenant son trésor, pour ne pas avoir le remettre aux romains en paiement de l’impôt. Puis, durant la nuit, il vole ledit chaudron. Asterix, déshonoré, se retrouve contraint de trouver le moyen de remplir à nouveau le chaudron. Pour cela il va falloir gagner de l’argent.

Issu de Astérix et le chaudron de  René Goscinny & Albert Uderzo
Issu de Astérix et le chaudron de René Goscinny & Albert Uderzo

Finalement, bien loin du rendez à César... les gaulois ne trouveront pas de meilleur moyen que de détrousser le collecteur romain, et découvriront alors qu’il transportait… les sesterces volés, que l’infâme Moralelastix après son forfait avait ignominieusement remis aux romains.

En somme Asterix découvre que l’impôt précède le travail, et qu’il rend obligatoire l’usage de la monnaie de celui-là même à qui l’on paye cet impôt. En revanche jusqu’à la fin de l’album, Obélix qui figure ici le primitif, se refuse à comprendre pourquoi il fallait remplir d’abord de monnaie un chaudron qui devait finalement contenir le repas.

Issu de Astérix et le chaudron de  René Goscinny & Albert Uderzo
Issu de Astérix et le chaudron de René Goscinny & Albert Uderzo

Mais si nous oublions notre anarchisme gaulois, échapper à l’impôt est-il souhaitable? À titre individuel c’est à chacun de répondre. Pour la communauté des bitcoiners, c’est moins sûr.

L’impôt sur une monnaie fiat paraît relever naturellement du commandement évangélique: la monnaie fiat est bien celle de César. Or le denier d’argent était une monnaie minée. César pouvait bien y imprimer son effigie, il ne pouvait (sauf altération) en multiplier les signes. La monnaie minée est une monnaie rare. Il importe de la faire circuler, d’en empêcher l’enfouissement.

La singularité du bitcoin, la voilà : c’est une monnaie minée qu’aucun impôt (à ce jour) ne vient brasser. Sans conséquence pour les petites monnaies virtuelles, destinées à une vie locale ou communautaire, cette absence de pompe à phynance pourrait bien s’avérer un handicap pour la circulation bitcoin, s’il doit être le dollar virtuel de l’avenir et la monnaie des monnaies…

Payer des impôts sur ses gains en bitcoins, mais les payer en dollars ou en euros ( comme payer une pizza en bitcoins mais après une opération de change) ce n’est pas encore disposer d’une monnaie indépendante.

Peut-être donc, à défaut de payer l’impôt à César, faudra-t-il payer un jour une sorte d’impôt à Ubu?

Le voiturin à phynance d'Ubu déssiné par Alfred Jarry
Le voiturin à phynance d’Ubu déssiné par Alfred Jarry

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Enquête #I Les frères Monneron https://le-coin-coin.fr/999-enquete-1-les-freres-monneron/ https://le-coin-coin.fr/999-enquete-1-les-freres-monneron/#respond Mon, 04 Aug 2014 03:37:29 +0000 http://le-coin-coin.fr/?p=999 Il y a quelques mois on a vu sur BFM Business l’économiste Jean-Marc Daniel (polytechnicien, professeur à ESCP) présenter le Monneron, cette éphémère monnaie privée française de 1792, comme  »le bitcoin de la révolution’‘, mais avec quelques assertions dont je ne trouve pas les fondements, et sans tenter d’en tirer de leçons pour l’avenir de […]

Cet article Enquête #I Les frères Monneron est issue du site Le Coin Coin.

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Il y a quelques mois on a vu sur BFM Business l’économiste Jean-Marc Daniel (polytechnicien, professeur à ESCP) présenter le Monneron, cette éphémère monnaie privée française de 1792, comme  »le bitcoin de la révolution’‘, mais avec quelques assertions dont je ne trouve pas les fondements, et sans tenter d’en tirer de leçons pour l’avenir de la nouvelle star, essentiellement citée en accroche.

Je voudrais donc explorer plus en détail (et pour les seuls lecteurs curieux d’érudition) ce que cette étrange aventure recèle d’enseignements utiles.

CETTE ARTICLE A ÉTÉ INITIALEMENT PUBLIÉ SUR LA VOIE DU BITCOIN

JM Daniel

LES MONNERON NE SONT PAS DES NOVATEURS

Ce sont quatre frères venus d’Ardèche, Charles-Ange (né en 1735), Jean-Louis (en 1742) et Pierre (en 1747) élus en 1789 députés aux États-Généraux (par l’Ardèche, les Indes orientales et l’île Maurice) et un petit dernier, Augustin Monneron, né en 1756, qui sera élu en 1791 député de Paris à l’Assemblée législative.

Pas de mystère autour des Monneron comme autour de Sakoshi Nakamoto ; pas de communauté de geeks autour d’eux. L’ainé, qui est au moment de la Révolution un homme d’âge mur ayant fait fortune dans le négoce aux Indes (en étant cousin de Dupleix), ou pour le second, négociant fortuné et armateur qui sera à l’Assemblée le défenseur des intérêts coloniaux. Le troisième était un peu plus original car il commença dans l’architecture et fréquenta l’un des frères Montgolfier avant de se singulariser à l’Assemblée par un engagement comme Ami des noirs.

C’est sans doute le benjamin, Augustin, dont les interventions politiques sont les plus originales (notamment sur l’organisation des écoles primaires) et qui invente le monneron, en fondant en 1791, avec la caution de son frère Jean-Louis, une maison qui obtient le droit d’importer des métaux essentiellement pour fournir la marine et accessoirement pour poursuivre une activité développée de longue date : la frappe de médailles politiques. Son frère Pierre s’associe à lui. On va voir que l’aîné doit aussi avoir participé à l’idée, sinon à l’aventure.

LA SITUATION, ELLE, EST BEL EST BIEN RÉVOLUTIONNAIRE

La fin de l’ancien régime est marquée par la conjonction de deux facteurs:

  • un déficit budgétaire de quelques 160 millions (qui pourrait évoquer quelque chose à nos yeux) largement dû à une totale aliénation aux puissances financières représentées par quelques familles de banquiers et fermiers généraux qui lèvent pour partie à leur profit l’impôt destiné à payer les intérêts de leurs crédits. On verra bien plus tard l’Union Européenne demander conseil à Goldman Sachs…
  • une insuffisance chronique de numéraire que nous ne connaissons évidemment plus.

Une banqueroute (plus simple à décider qu’elle ne le serait aujourd’hui pour un Etat) eût pu faire l’affaire, mais trop de créanciers étaient présents à l’Assemblée. Mirabeau parlait comme le FMI. La confiscation des biens du clergé en novembre 1789 fut conçue pour régler le premier problème. Talleyrand en attendait 2 à 3 milliards, près du double de la dette totale de l’Etat. Mais ceci ne réglait ni le déficit à très court terme, ni le problème de l’absence de numéraire. Or celui-ci ne va cesser de s’aggraver : on estime entre 300 et 400 millions les sommes emportées par les émigrés. Et tous les chasseurs de trésors savent que ces années-là furent l’occasion de nombreux enfouissements.

Si le monneron est un nouvel instrument de paiement, l’assignat ne l’est pas moins. Le terme lui-même n’est pas neuf : issu du droit méridional, il désignait un bien immobilisé pour gage d’un paiement à venir. Ce sont les biens du clergé qui sont assignés, le papier n’est qu’un billet d’achat. On remet ces assignats aux créanciers de l’Etat, qui s’en serviront pour se faire payer quand les ventes auront renfloué l’Etat. Ou pour acheter des biens fonciers lors des enchères, à défaut de numéraire.

Finalement, le cours forcé décidé le 17 avril 1790 par un coup de force équivalent à celui de Nixon le 15 août 1971, fit de ces assignats une monnaie. Mais émis en grosses coupures de 200, 300 et 1000 livres ils n’avaient pas du tout été conçus pour améliorer les transactions quotidiennes et accrurent plutôt le problème car à la vue de tout ce papier, le cuivre, l’argent et l’or disparurent, d’autant que la situation politique n’inspirait pas forcément l’optimisme à tout le monde.
En janvier 1791, l’Assemblée décida enfin de frapper la nécessaire petite monnaie de bronze, de 3 deniers (le fameux liard) à 30 sous (une livre et demi). De nouveau on se tourna vers l’Eglise : il fut décidé de fondre les cloches, idée catastrophique qui ne provoqua que lenteur et malfaçons avec un métal gratuit mais malaisé à travailler.

decret_cloche

Regardons cette pièce en métal de cloche. Que peut-elle bien dire aux illétrés qui les tiennent au creux de la main ? Que c’est fini. La monarchie n’a pas été régénérée, les caisses sont vides.

metal de cloche

Les frères Monneron sont des négociants et des entrepreneurs réactifs. Ils font vite et bien ce que l’Etat fait mal et lentement. Ils ne sont peut-être pas les premiers : dans le passage du Perron à Paris (dans l’axe de la rue Vivienne, vers Palais-Royal) un boutiquier du nom de Givry semble s’être lancé dès 1791, avec des monnaies de «5 sols à échanger contre des assignats» d’abord moulées et qui ne semblent pas avoir beaucoup circulé. Les Monneron ne sont pas non plus les seuls, et il faut noter que l’idée est souvent portée par des négociants comme les frères Clémanson qui étaient marchands de fer à Lyon, ou le Sieur Boyère, qui fonda la Caisse Populaire et qui était un négociant parisien.

Plutôt que de voir à tout prix les Monneron comme les inventeurs d’une nouvelle monnaie, il faut voir que comme les autres négociants, ils ressentent le danger d’une situation sans instrument de micropaiement (pour parler comme aujourd’hui) alors que l’Assemblée en reste aux grands agrégats budgétaires. Il faut savoir qu’avant que Augustin ne batte monnaie, son frère aîné, Charles Ange, propose dès septembre 1791 de faire tout simplement des pettites coupures d’assignats. En proposant un décret en ce sens.

UNE IDÉE ANCIENNE, ET « ANGLAISE »

Les frères Monneron font faire à partir de la fin de l’année 1791, des jetons de 2 et 5 sols en grande quantité, mais par un atelier anglais. Or ce sous-traitant, Matthew Boulton à Birmingham, fabriquait déjà, grâce à la machine à vapeur de Watt, des trade tokens. En Angleterre, l’usage pour les commerçants de rendre la monnaie avec des jetons maison avait déjà bien plus d’un siècle. On en trouve chez les numismates d’innombrables spécimens, portant des symboles sans plus de majesté qu’un tonneau de bière, une cloche ou les initiales d’un gros marchand. Dans cette nation de commerçants, les tokens ne seront jamais interdits.

The Sun Inn 1670

William Barradell 1671

David Hood 1795

Bien loin d’avoir été ruinés par des « faux » anglais à compter de 1793 comme le soutenait M. Daniel, les Monneron ont importé un usage anglais!
Ainsi donc les Monneron continuent en réalité de vendre ce qu’ils vendaient déjà, des médailles de grande qualité, en couplant cela avec une vieille idée anglaise. Les leurs sont bien plus belles que celles des autres maisons qui se sont engouffrés dans la brèche juridique dont on va reparler. Boulton est mieux équipé, il frappe vingt flans à la minute, et il a un excellent mécanicien, un français émigré en Angleterre bien avant la Révolution… parce qu’en France on boudait les innovations qu’il voulait apporter au balancier. Voici enfin le mot innovation mais elle est technique, non juridique. Voici aussi l’expatriation des entrepreneurs…

QUEL EST LE BUSINESS MODEL DES MONNERON ?

Leurs 5 sols pèsent 30 grammes de bronze, contre 61g en théorie mais ont fière allure quand les (rares) pièces officielles en fonte de cloche font piètre figure. A tout prendre le peuple préfère des monnerons, que leur qualité rend difficilement imitables, à des bouts de papier. Même s’il n’est pas sûr que les petites gens aient suivi le cours du cuivre au jour le jour, la mention 5 sols sur 30 grammes de bronze, cela vaut toujours mieux que sur 5 grammes de papier, non ? Aux yeux du peuple, la fausse monnaie, ce n’est pas l’unité de compte, immémoriale, sou ou livre, c’est le support, le papier.

Aujourd’hui le support papier n’est pas sans faille, mais il est entré dans les mœurs et (sauf chez les maffieux) ne représente plus qu’une partie assez faible de nos actifs pour ne pas être un sujet d’inquiétude prioritaire. C’est plutôt la vraie valeur du dollar ou de l’euro qui pourrait être le sujet de perplexité.

Il y a deux aspects dans l’offre que représente la mise sur le marché des monnerons. A première vue l’entreprise des Monneron est une offre psychologique d’un support matériel connu pour un produit nouveau, l’assignat, qui est lui-même le support d’une promesse de pouvoir acheter des biens fonciers. Ne voit-on pas la même chose aujourd’hui autour du bitcoin ? Certaines start-up proposent de le loger sur une carte à puce (ce qui est à la fois pratique et rassurant), d’autres sur une sorte de pièce de métal, ce qui est extravagant. Avez-vous noté ce fait sidérant que pas un seul article consacré au bitcoin n’est illustré autrement que par une sorte de pièce d’or qui n’existe nullement et paraît assez incongrue

une représentation incongrue

Mais l’offre des Monneron, qui permettait aussi à tout un chacun de stocker du métal sous une forme standard, me paraît plus proche des offres de re-monétisation de l’or (notamment les cartes de paiement en unité de compte d’or physiquestocké) que du bitcoin. Osons le mot, elle est un peu réactionnaire.

Et elle a aussi un vice interne que le bitcoin devra maitriser : si la valeur intrinsèque (du cuivre ou du bitcoin) monte à l’excès, ou que l’on pense qu’elle va monter, et que ce soit du fait d’une spéculation ou parce que son utilité matérielle grandit (la guerre pour le cuivre, le nombre de transactions pour le bitcoin), alors la nouvelle monnaie perd tout intérêt comme instrument d’échange (alors même qu’elle a été conçue pour cela). Au demeurant on retrouve des monnerons très usés et d’autres pratiquement sans la moindre trace. Et chacun sait aujourd’hui qu’une part des bitcoins émis n’a jamais circulé.

QUEL ÉTAIT LE STATUT DES MONNERON ?

Les premières médailles sont ornées du motif tout jeune de la Liberté assise (comme le visage du roi en métal de cloche souffre de la comparaison !) et font explicitement référence à l’article V de la Déclaration des Droits de l’homme qui dispose que tout ce qui n’est pas défendu par la loi ne peut être empêché. Certes la nouvelle Assemblé n’a point songé à interdire de battre monnaie. Mais parmi les privilèges abolis en août 1789, on compte les nombreux monnayages féodaux qui avaient subsisté. On pourrait en conclure que seul peut désormais battre monnaie, le roi, ou la Nation. Il est toujours hasardeux d’exploiter une brèche juridique.

Les premières émissions en 1791 portent donc au côté pile la mention Médaille de confiance de cinq sols à échanger contre des Assignats de 50 L et au dessus.

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La mention à échanger laisse entendre que sur présentation d’un sac de monnerons il serait remis au porteur un bel assignat. Dans la pratique, c’est plutôt l’inverse. On n’imagine tout de même pas les gens porter leur or chez les Monneron pour avoir du bronze, aussi joliment frappé soit-il.

En 1792, à la seconde émission, la mention change : Médaille de confiance de cinq sols remboursable en assignats de 50# et au dessus. Il me semble que l’équivoque (remboursable quand ?) est encore plus grande. Comment auront-ils été acquis, ces monnerons ? Tout se passe comme si les frères Monneron les rachetaient, alors qu’ils les vendent.

monneron remboursable
monneron qui se vend

Une troisième émission, en mai 1792, voit deux innovations significatives : les Monneron émettent des pièces de même valeur nominale mais plus légères, pour une raison que l’on devine aisément mais aussi assorties d’une mention beaucoup moins équivoque: Médaille qui se vend 5 sols à Paris chez Monneron. Il est clair qu’ils ont senti venir le boulet : la disparition du mot confiance supprime le caractère quelque peu souverain de l’opération, tandis que le sens commercial de l’opération est remis à l’endroit : les Monneron vendent des médailles ; c’est bien leur droit.

Il reste une petite rouerie : ces médailles sont toutes frappées en frappe monnaie (pile et face tête-bêche, comme toutes les monnaies françaises depuis Louis XIII et jusqu’en 2002) et non en
frappe médaille (recto et verso dans le même sens). Cela ne nous saute pas aux yeux à nous, mais à l’époque ?

L’INTERDICTION PROGRESSIVE

De toute façon le vent a tourné. Il faut sans doute incriminer la maladresse d’un concurrent. La maison Lefèvre-Lesage frappe aussi des monnaies de confiance à partir du printemps 1792 mais… en argent et qui elles aussi taillent de moitié… au mieux. Là aussi donc, il y a écart entre la valeur affichée (5 sols) et la valeur réelle du poids d’argent. Mais, dira-t-on, la moitié du poids de 5 sols, en bronze ou en argent, cela fait toujours 2 sols et demi: Lefevre & Lesage ne margent pas davantage que les Monneron. Il ne fait pourtant aucun doute que c’est eux qui ont attiré l’attention.

Peut-être pour une raison technique : trop légères, leurs médailles étaient aussi trop irrégulières, ce qui a pu susciter des disputes sur les marchés. Les ménagères étaient peut-être plus regardantes sur le poids réel du métal blanc, voire connaissaient sa valeur de marché. Les autorités ont pu, de surcroît, percevoir la frappe d’argent, et notamment de 20 sols (une livre), comme une transgression symbolique plus grave que celle de bronze.

20 sols L&L en argent
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Quoiqu’il en soit le 9 juin c’est la municipalité de Paris qui interdit leur circulation et saisit le stock ; le 27 août, un décret de l’Assemblée interdit nommément leurs monnaies en notant curieusement qu’ils ont été entraînés par un dangereux exemple… Autrement dit Lefevre & Lesage sont ceux par qui le scandale arrive, mais les Monneron peuvent se sentir visés au premier chef.
Ce sera l’affaire d’une petite semaine, un décret du 3 septembre interdit toute émission privée. Comme souvent, l’action publique est ici à contretemps : les Monneron ont déjà fait faillite. Pourquoi ?

En quelque mois seulement, le volume de bronze traité par les Monneron s’élève à 55 tonnes, ce qui, au prix du cuivre, doit laisser un bénéfice de 225.000 livres. Seulement ces négociants avisés ont un point faible : ils croient en la Révolution qui commencé avec la noble ambition d’assainir les finances du royaume. Et donc ils ont confiance dans les assignats et les thésaurisent, sans doute pour les convertir en biens fonciers. Le petit peuple, plus terre-à-terre, thésaurise le bronze. Bien lui en prend, d’autant que la rumeur de guerre (finalement déclarée en avril 1792) fait monter le métal tandis que l’assignat s’effondre, lentement au début, mais sans rémission. Quant au fournisseur, il exige d’être payé en métal noble.

La faillite, dès mars 1792, intervient avant l’interdiction. Pierre s’enfuit. Augustin reprend une activité de banque, pour pouvoir liquider son stock d’assignats dans d’autres opérations.

Le 3 septembre 1792, un décret de la Convention défend à tout particulier de fabriquer des monnaies de métal. Si leur commercialisation s’arrête, leur circulation dure en fait jusqu’à la fin de 1793 et même au-delà par endroits, jusqu’à ce que l’Etat mette sur le marché des petites pièces de qualité.

La prolifération est en soi une raison possible de l’interdiction. On a déjà cité les transgressions symboliques : l’usage de l’argent par Lesage & Lefevre pour des 5, 10 et 20 sols ou par Dairolant & Cie pour des 40 sols. Enfin la Manufacture de porcelaine de l’anglais Potter (rue Crussol, Paris) fabriqua aussi des médailles d’une valeur de 5 à 20 sols en argent et, circonstance sans doute aggravante, pour payer ses employés. C’est là une tentation à laquelle ne résisteront pas toutes les entreprises de l’univers Bitcoin…

On vit aussi (loin de Paris semble-t-il) des billets de confiance. En ce cas, le support papier n’offre gère de caractère distinctif par rapport aux assignats, sauf à insinuer que son émetteur, privé ou communal, aurait une meilleure signature que l’Etat, chose délicate à afficher.

L’entreprise des Monneron, dans la continuité de leur activité de médaillers et dans les limites du trade token anglais n’aurait peut-être pas suscité la foudre. Mais à laisser faire, c’est à une privatisation de la monnaie sur tous supports et pour tous usages que la République s’exposait.

Les Monneron ont-ils blessé d’autres intérêts que celui de l’Etat ? J’ai dit et redit qu’ils étaient des négociants, cela veut dire qu’ils n’étaient pas ce que l’on appelait alors des financiers. Ceux-ci, fermiers généraux et manieurs d’argent se servaient depuis longtemps du mot confiance et de billets représentants des droits sur les impôts, joliment appelés billets pour le service du roi. J’ai dit que ces gens-là étaient bien présents ou représentés dans les premières Assemblées. En 1792, la Convention ne les a pas encore envoyés à la guillotine où ils finiront tous. Les Monneron venaient, au minimum, piétiner leurs plate-bandes…
Comme on l’a dit, l’entreprise monétaire des frères Monneron était condamnée avant d’être interdite. Le décret du 3 septembre 1792 donna un coup d’épée dans l’eau sans résoudre le problème. La multiplication des interdictions laisse penser que le jeu continua un peu partout et à moindre risque financier pour les émetteurs, c’est à dire sur support papier.

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Un décret du 8 mars 1793 en interprétation des décrets des 8 novembre et 19 décembre derniers, fait ainsi un sort à tous les billets de confiance & de secours émis tant par les corps administratifs ou municipaux que par les compagnie ou particuliers. Finalement on n’avait pas besoin de 55 tonnes de métal pour contourner la volonté nationale d’établir un privilège sur la monnaie plus intégral que celui des rois eux-mêmes…

CETTE ARTICLE A ÉTÉ INITIALEMENT PUBLIÉ SUR LA VOIE DU BITCOIN

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Pourquoi les Tunisiens sont pauvres ? https://le-coin-coin.fr/940-pourquoi-les-tunisiens-sont-pauvres/ https://le-coin-coin.fr/940-pourquoi-les-tunisiens-sont-pauvres/#comments Thu, 24 Jul 2014 13:17:17 +0000 http://le-coin-coin.fr/?p=940 Dans cet article je vais essayer de démontrer que les causes principales de notre sous développement et de notre misère sont avant tout une déficience de libertés économiques. J’ai toujours pensé que la pauvreté n’était pas une fatalité, bien au contraire, elle n’est que le résultat de nos choix et nos politiques antérieurs. Je crois […]

Cet article Pourquoi les Tunisiens sont pauvres ? est issue du site Le Coin Coin.

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Dans cet article je vais essayer de démontrer que les causes principales de notre sous développement et de notre misère sont avant tout une déficience de libertés économiques. J’ai toujours pensé que la pauvreté n’était pas une fatalité, bien au contraire, elle n’est que le résultat de nos choix et nos politiques antérieurs. Je crois fermement que tous les peuples sont maitres de leur destin et que c’est à eux qu’incombe la tache d’évoluer et d’améliorer leur niveau de vie. Le déterminisme en économie n’existe pas, tout peut être changé et façonné.

LE NON RESPECT DE LA PROPRIÉTÉ PRIVÉE :

Qu’est ce que la propriété privée ? La propriété privée englobe tout ce qui est ‘’propre’’ à l’individu, elle ne se limite pas aux biens matériels au quel un individu a le droit exclusif d’en jouir, mais inclus aussi tout attribue auquel on accorde de la valeur (la valeur est subjective). Chaque individu libre est avant tout propriétaire de lui même (de son corps et de son esprit). Les sociétés évoluent et progressent en démocratisant et en accroissant le champ de la propriété privée, seuls les esclaves ne sont pas propriétaires. Dans l’histoire certains pays avaient tentés la douloureuse expérience de la propriété collective en abolissant la propriété privée, les résultants ont été catastrophiques.

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L’IMPÔT PROGRESSIF SUR LE REVENU

Commençons par rappeler quelques vérités, la richesse dans notre pays est crée par les tunisiens qui travaillent et produisent. L’État tunisien ne crée aucune richesse, ses deux seules sources de revenu sont l’impôt et l’endettement. Le mot impôt vient du verbe ‘’imposer’’, l’impôt loin d’être volontaire il est avant tout coercitif. L’État tunisien applique un impôt progressif, le taux de prélèvement peut atteindre 35% pour un revenu de 50 milles dinar et plus. L’impôt est avant tout utilisé par l’État pour nourrir son appareil bureaucratique. Si on y pense, au jeu de l’impôt le citoyen est systématiquement perdant, parce que la richesse qu’il sacrifie à l’État est de loin supérieur aux pseudos services publiques que l’État lui procure en retour. Est ce que le niveau actuel des services publics justifie de tel prélèvement fiscaux ? Ça m’étonnerait.

L’impôt progressif constitue un frein considérable au développement, il dissuade les tunisiens à produire davantage puisqu’ils vont devoir sacrifier toujours plus de richesses à l’État. Les tunisiens ne voient pas l’impôt comme une contribution à l’essor de la société, mais plus tôt comme un racket comme une confiscation de leurs biens par l’État et son administration. L’évasion fiscale n’est qu’une réponse légitime face à la sur-taxation des tunisiens, qui cherchent à mettre à l’abri leurs économies du racket étatique.
L’économiste autrichien Ludwig Von Mises avait brillamment expliqué que l’impôt progressif, loin de favoriser les classes populaires, entretient les privilégiés des classes aisés de la société. En absorbant les revenus excessifs des nouveaux arrivants, il les empêche d’accumuler du capital et d’étendre leurs affaires. L’impôt progressif freine le jeu de la concurrence et rassurent les vieilles fortunes en les protégeant d’éventuels nouveau venus.

« L’impôt progressif sur le revenu pénalise les plus capables et favorise indûment les moins capables en les affranchissant de l’impôt. Il constitue un obstacle à la promotion sociale. C’est un impôt conservateur et réactionnaire qui protège la fortune acquise et compromet la constitution de patrimoines pour tous ceux qui ne disposent d’autres ressources que celles de leur travail. »
— Maurice Allais, Le Figaro du 23 novembre 1975

Supprimer l’impôt progressif et le remplacer par un ‘’Flat Tax’’ (un taux fixe applicable à tous le monde) ferait baisser l’évasion fiscale, ramènerait de la justice fiscale et stimulerait les tunisiens à produire d’avantage.

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LE CONTRÔLE DES CAPITAUX

Les contrôles de capitaux sont les différentes mesures prisent par un gouvernement avec pour but de restreindre la liberté financières des individus. Les contrôles de capitaux peuvent prendre différents aspects :

– restriction sur l’envoie ou bien la réception de capitaux de l’étranger
– l’interdiction aux citoyens résidents de détenir une autre devise que la devise officielle

L’État tunisien est passé maitre en matière de contrôle des capitaux, l’administration tunisienne exerce des lois très strictes en matière de transfert ou bien de réception d’argent de l’étranger. L’État interdit aux résidents d’investir à l’étranger, ou bien de détenir une autre devise que la devise officielle. L’import-export est strictement contrôlé et le pays applique encore des droits de douanes extrêmement élevés sur les produits d’importation. Au lieu d’encourager le commerce et les échanges avec l’étranger on continue d’asphyxier l’économie avec ces lois toujours de plus en plus complexes et liberticides.

CENTRALISATION DES POUVOIRS ET ÉTAT HYPERTROPHIÉ

Dans un précédant article dédié au bitcoin, j’avais commencé par un bref rappel historique sur les bases sur lesquelles l’État moderne tunisien fut bâti. Les années 50 furent essentiellement marquées par le socialisme et le dirigisme étatique. Le monde sortait d’une guerre qui venait de faire 50 million de victimes. La moitié avait sombré sous le joug du communisme pure et dure (marxisme) et l’autre moitié vacillait entre les deux : socialisme d’État mixé à l’économie de marché (keynésianisme). L’État tunisien moderne a vu le jour dans ce contexte mondial imprégné par le constructivisme étatique. Bourguiba et ses compagnons (fondateurs de la Tunisie moderne) étaient tous fortement influencés par le jacobinisme (doctrine politique qui avait vu le jour au lendemain de la révolution française qui prônait une centralisation absolue des pouvoirs).

La centralisation des pouvoir a été décrétée, Tunis (la capitale) détenait désormais tous les pouvoirs. Les gouverneurs des régions étaient nommés directement par le pouvoir central, celles-ci n’avaient aucune assemblée d’élus, et étaient totalement soumise au dictat de l’autorité centrale (Tunis). Tel a été le prix à payer pour notre chère république une et indivisible.

À l’extrême centralisation du pouvoir politique s’en est suivi une série de ministères et d’entreprises publiques exerçant des monopoles exclusif sur l’éducation, la santé, la sécurité, les banques, les retraites, le transport, les ressources naturelles l’électricité, l’eau etc. L’administration et la bureaucratie tunisienne s’immisçaient dans la moindre parcelle de la vie en société, l’économie fut largement étatisée et nationalisée.

Plus de 50 ans après l’indépendance on se rend compte que ce modèle hyper centralisé a été un échec absolu. L’étatisation de l’économie s’est traduite par un État obèse qui représente plus 30 % du PIB. Les différents monopoles étatiques sur l’éducation, les retraites, la sécurité… empêchent le jeu de la concurrence et interdisent au tunisien de faire des choix. L’hyper-étatisation de l’économie n’avait abouti qu’a creusé les déficits budgétaires, accroitre le pouvoir de l’administration et de la bureaucratie et de limiter les libertés économiques des tunisiens.

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Éducation nationale est principalement responsable du chômage de masse, avoir un diplôme universitaire et désormais un handicape pour l’obtention d’un travail. Les banques publiques sont quasiment toute en faillites, on continue malgré tout à taxer davantage les tunisiens pour les maintenir artificiellement en vie. La caisse nationale de retraite est largement déficitaires, la compagnie nationale de transport aérien Tunisair Idem : en faillite. La santé publique est médiocre (hôpitaux délabré et en manque de moyens), etc. Bref l’État est défaillant et échoue lamentablement en tout ce qu’il entreprend.

SUR-REGLEMENTATIONS ET UNE INFLATION DE LOIS

L’un des traits caractéristique des idéologies socialistes de droite comme de gauche est cette prétention que tout peut être ordonné et régenté par des lois. Bourguiba fondateur de la Tunisie moderne et son successeur Ben Ali croyaient dure comme fer en cette maxime.

Cette inflation de lois et les réglementations s’est essentiellement déversée sur la vie économique en Tunisie, en voici les conséquences :

• la sur-réglementation enchaine le capital et le travail étouffant l’initiative privée, empéchant la création de richesses et d’emplois.
• Les réglementations rigides et non intelligentes (marché de travail, marché financier, commerce, climat des affaires) continuent de rendre les coûts de transactions et les coûts d’entrée au marché inhibitoires aux petits et moyens entrepreneurs.
• Cette jungle réglementaire et juridique est peu compréhensible pour les investisseurs étrangers, ce qui augmente à leurs yeux le risque d’investissement et les décourage de placer leur capital dans l’économie tunisienne.
• L’excès de réglementation fait consolider l’économie de rente, le déficit d’investissement, le manque de concurrence, la spéculation, et surtout la corruption.
• La sur-réglementation a rendu l’économie formelle totalement incassable pour une grande majorité de tunisiens, les couts pour se conformer aux lois et aux régulations sont exorbitant, ce système exclus d’office les tunisiens moyens et pauvres qui n’ont pas d’autres choix que de se retourner vers l’économie informelle et la contrebande pour survivre.
• Sur-réglementation est intrinsèquement inégalitaire elle favorise les détenteurs de capitaux, (ceux qui ont les moyens de se conformer aux réglementations et aux lois), les mets à l’abri de la concurrence des nouveaux venu, et conforte leurs positions.

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Le Serment du Jeu de paume par David, musée Carnavalet

Il serait peut être temps de voir les choses autrement. On entend souvent dire que la prospérité économique ne peut se concrétiser que sous certaines conditions (sécurité, infrastructures, éducation, santé, lois, etc.) c’est ce qui légitime donc l’interventionnisme étatique. Mais on ne songe jamais à l’inverse, la croissance économique est le cœur de la société, c’est à travers elle que la sécurité, la prospérité et le savoir-vivre émergeront. Ce n’est pas par hasard que les pays les plus dangereux sont les pays les plus pauvres économiquement. La croissance économique est la cause du progrès et de la prospérité et non pas une conséquence.

À travers la technologie et internet, il est désormais possible aux tunisiens de se réapproprier une partie leurs libertés économiques. La technologie Bitcoin offre à ses usagers une devise mondiale, décentralisée sous la tutelle d’aucune administration ou banque centrale. C’est le moyen le plus efficace pour contourner les restrictions sur les flux de capitaux et d’échapper à l’oppression fiscale.

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Le Bitcoin déjà au musée https://le-coin-coin.fr/741-le-bitcoin-deja-au-musee/ https://le-coin-coin.fr/741-le-bitcoin-deja-au-musee/#comments Mon, 23 Jun 2014 22:28:14 +0000 http://le-coin-coin.fr/?p=741 Averti par l’une de mes lectrices, j’ai profité d’un rendez-vous à Londres pour aller voir cela. Et pas chez Madame Tussauds, où les people peuvent se contempler en momies de cire de leur vivant : non, au British Museum, dans la salle 68 consacrée depuis près de 2 ans à la monnaie. UNE DÉMARCHE PÉDAGOGIQUE […]

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Averti par l’une de mes lectrices, j’ai profité d’un rendez-vous à Londres pour aller voir cela. Et pas chez Madame Tussauds, où les people peuvent se contempler en momies de cire de leur vivant : non, au British Museum, dans la salle 68 consacrée depuis près de 2 ans à la monnaie.

la salle 68 du BM

UNE DÉMARCHE PÉDAGOGIQUE

Evidemment, la monnaie virtuelle a plus de mal à se transformer en objet de vitrine qu’un paper-wallet, un exemplaire de la revue Bitcoin… La démarche pédagogique est très brièvement résumée par le texte dans la vitrine : La façon dont les gens se servent de leur argent change. Depuis l’usage de la circulation de l’argent en ligne jusqu’à l’emploi du téléphone comme instrument de paiement mobile, de nouvelles technologies digitales se développent partout dans le monde. Certaines d’entre elles pourront avoir des conséquences sociales que l’on n’attendait pas. D’autres peuvent transformer les vies en permettant l’accès au système financier à des gens qui étaient auparavant éloignés du système bancaire.

ALSOP LE NUMISMATE

Bonne synthèse. En cherchant sur le site du Musée on trouve un texte assez intéressant du responsable de cette salle 68, Benjamin Alsop : how do we display the intangible? Obligé de convenir de ce qu’exposer un jeton frappé du sigle ฿ ne répond pas vraiment à la question et que le jeton n’est qu’une manifestation physique de quelque chose qui n’a jamais été censé exister sous un aspect tangible il a pourtant choisi cette voie, tout en l’entourant d’autres éléments historiques (un exemplaire de l’article fondateur de 2009, un ASIC etc) le contextualisant. Numismate plus que financier, il ne lui échappe cependant pas que le bitcoin et ses émules ne sont pas révolutionnaires en ce qu’ils sont invisibles (comme n’importe quelle impulsion électronique) mais en ce qu’ils impliquent aussi des choix politiques.

Le contenu de la vitrine, évidemment, n’apprendra pas grand chose aux early adopters.

BTC au BM

BEAUCOUP D’OBJETS « SANS VALEUR »

Mais ils ont tout intérêt à faire le tour de la salle, s’ils partagent du moins la conviction que je défends sur mon propre blog selon laquelle la dernière venue des monnaies, quoi que parée de son aura mathématique, de sa nature cryptée et d’un petit parfum sulfureux… ne se comprend vraiment qu’en perspective longue, et que les expériences les plus diverses développées depuis l’aube de l’humanité en matière d’échanges magiques, symboliques, politiques, marchands et financiers restent riches d’enseignements pour notre communauté. Ce qui m’a le plus frappé à Londres, c’est de voir dans les autres vitrines, à côté de pièces de musée beaucoup d’objets « sans valeur » : billets de nécessité allemands, billets dévalués du Zimbabwe. Le bitcoin sera-t-il plus dangereux que le papier ?
Toutes ces choses ont été jetées comme choses qui ne sont plus rien, pourtant on les collectionne encore. Collectionnera-t-on les altcoins ?

jetons de mariage

Et soudain un objet plus étonnant encore : des jetons de mariages iraniens, en plastique doré. Ceux-là sont conçus sans valeur, pour être jetés en l’air. Comme nos grains de riz. Plus loin encore une monnaie gravée d’un message d’amour. Le bitcoin connaitra-t-il ces usages ? Je crois qu’il les connaît déjà : on peut en offrir un à un nouveau-né dont la clé privée est sur un support codé à activer pour sa majorité…

love token

LE BITCOIN PAS ENCORE AU LOUVRE

Il n’est sans doute pas anodin que le bitcoin ait déjà sa place au British Museum, au cœur d’une «Ville-Monde» et pas encore au Louvre, au Cabinet des médailles de la Bibliothèque Nationale ou à la Monnaie de Paris. Une monnaie étant effectivement un fait social, sa présence symbolique dans les lieux où s’expose la culture de la classe dirigeante est en soi un indice de l’attitude de celle-ci. A cette aune, on peut dire que l’attitude des autorités françaises est encore réservée. Le patron de la Monnaie de Paris jugeait, en janvier dernier (voir à partir de 9’25’’ sur son interview ), que le bitcoin est très archaïque. Ce qui n’est sans doute pas la critique la plus pertinente que l’on puisse lui adresser.
Là où la vitrine du British Museum énonce que nous ne pouvons pas toujours prévoir les conséquences sociales et culturelles qui pourraient résulter de ces changements technologiques on a le sentiment que dans notre pays beaucoup de gens souhaiteraient simplement éviter d’avoir à se trouver face à ces conséquences. Sans doute faudrait-il commencer par installer le bitcoin au Palais de la Découverte ?

J. Favier

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Bitcoin, Pétrole et Baleines https://le-coin-coin.fr/684-bitcoin-petrole-et-baleines/ https://le-coin-coin.fr/684-bitcoin-petrole-et-baleines/#respond Wed, 18 Jun 2014 23:27:21 +0000 http://le-coin-coin.fr/?p=684 Tuur Demeester est un investisseur indépendant et un rédacteur d’une lettre d’information. Il a des qualifications dans l’économie Autrichienne et spécialement dans l’école qui étudie les phénomènes de « boom-and-bust » (traduisible par : explosion et destruction ou prospérité de la croissance et forte décroissance) dans l’économie. Aujourd’hui il a décidé de comparer le potentiel […]

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Tuur Demeester est un investisseur indépendant et un rédacteur d’une lettre d’information. Il a des qualifications dans l’économie Autrichienne et spécialement dans l’école qui étudie les phénomènes de « boom-and-bust » (traduisible par : explosion et destruction ou prospérité de la croissance et forte décroissance) dans l’économie. Aujourd’hui il a décidé de comparer le potentiel destabilisant du Bitcoin face à la finance traditionnelle au bouillonement du Pétrole face à l’industrie d’huile de Baleine au XIXe siècle. Le texte suivant est une traduction française du texte original de Demeester publié sur Coindesk.

Aujourd’hui je vais vous raconter l’histoire de Charles W Morgan :

BALEINES BUSINESS

M. Morgan vivait aux Etats-Unis durant le début du XIXe siècle et a été un entrepreneur et investisseur à succès. Il était spécialisé dans le secteur de l’énergie. Ou bien, nous pouvons nommer ce secteur par son nom d’époque, il était spécialisé dans : La chasse à la Baleine. Ce n’est pas une exagération, à cette époque le monde entier était alimenté en huile de Baleine. Elle était le combustible de la majorité des lampes à huile. Les hommes étaient aussi habitués à faire des bougies avec le spermaceti, ces bougies brulaient mieux, tout en ne sentant pas la même mauvaise odeurs que les graisses animales ou la cire. L’omniprésence des bougies en blanc de baleines a laissé des traces dans la mesure permettant de connaître le niveau d’intensité d’une lumière, nommée candela, qui était fixée à l’origine sur ces bougies de spermaceti.

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LA BATEAU DE MORGAN

Quand Charles Morgan fut impliqué dans la baleine, c’était une industrie qui avait cru depuis cinq decénies. Cette entreprise devenait très lucrative, les gouvernements étaient présents depuis des dizaines d’années pour réguler la baleine. C’était d’ailleurs un des aspect les plus importants de ce secteur, il était hautement régulé. À ce moment-là, Morgan monta une flote de sept baleiniers. En 1841, à l’apogée de l’industrie de la baleine, il lança la construction d’un huitième bateau de bois de 351 tonnes, et devinez quel nom il lui donna ? Le sien.

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CHANGEMENT DE CAP

Cependant quelques années plus tard Morgan sentit que le filon commencait à être trop utilisé, la compétition était terrible ! Il a aussi découvert que la population des baleines diminuait fortement, la rendant plus chere et plus dure à attraper dans des eaux toujours plus profondes. C’est pourquoi il décida en 1846 de commencer à vendre ses baleiniers et à se diversifier dans d’autres secteurs comme le minage, la construction féroviaire et les banques.

LA DÉCOUVERTE DU KÉROSÈNE

Morgan pris sa décision juste au bon moment car en 1849, un géologiste canadien qui distillait vit une substance huileuse sortir de goudron de houille, il l’appela Kérosène. Cela n’a pas pris longtemps pour que le marché passe d’un éclairage à la baleine à un éclairage moins chèr au pétrole. Et dans les années 1850 l’invention de la paraffine, un distilat du pétrole, rima avec une destruction de la demande de spermaceti de baleines. (Les lampes electriques ne sont inventées qu’en 1880) Après des dizaines d’années de forte croissance et de domination du pétrole, l’âge d’or de la baleine aller plus ou moins se terminer quelques années plus tard.

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LA RÉACTION DES BALEINIERS

Cela ne veut pas dire bien sûr que tous les chasseurs de baleines ont directement fait faillite. Un nombre inculculable d’entre eux ont saisi l’opportunité naissante du marché du pétrole. En réalité, il y avait pas mal de relations entre les deux secteurs :

• Les deux étaient des marchés de prospérité de la croissante puis de ralentissement de celle-ci.

• Les baleinier étaient familiers avec  le phénomène d’épuisement des stocks

• Chercher de l’huile de baleine était une tâche pleine d’aventures et de dangers, tout comme la recherche de pétrole.

• Le pétrole devait être raffiné par un procédé chimique, l’huile de baleines également

Et ce n’est pas surprenant que l’historien Samuel John Mills Eaton fasse ce commentaire en 1866 :

« Beaucoup des vieux baleiniers ont jété le harpon et les filets et se sont reconvertis dans le business qui consiste à chercher des sites pour puiser du pétrole en cherchant avec la même hargne et perservérance qu’ils démontraient lorsqu’ils chassaient ces monstres des mers. »

LA MÊME RÉVOLUTION ?

Aujourd’hui mes amis et moi voyons l’histoire se répéter. La vieille industrie de la monnaie et de la finance d’une part, et un tout nouveaux système monétaire technologique d’autre part. Il y a quelques parallèles entre le XIXe siècle, siècle du pétrole, et notre époque que nous pouvons distinguer :

I L’industrie des monnaies fiduciaires, incluant les banques centrales a été en croissance continue depuis plus de 50 ans, elle est rudement régulée et à été à l’origine de la crise mondiale de 2008.

II Les banquiers sont également aujourd’hui à la recherche d’une proie rare : le rendement. Faire un retour sur investissement dans cette environnement économique qui subit une inflation continue provoquée par les banques centrales est hautement risqué, peut-être plus que la traque du Capitaine Ahab qui cherchait la baleine nommée Moby Dick.

III Des technologies nettement plus efficaces font des vagues et ont une croissance incroyable forte et rapide. Pour illuster le propos, quelques mois plus tôt, une transaction de 100 millions de dollars a été faite en bitcoin et :

• Elle a été effectuée en une fraction de seconde

• Elle n’a utilisé aucun intermédiaire

• Les frais de transactions ont été quasi-nuls

• La vie privée des deux agents a été respectée

• Cela s’est passé un dimanche

L’éfficacité de cet exemple est indéniable.

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IV Comme le pétrole au XIXe siècle, le prétendant à ce status quo :

• Est un candidat étonnant

• Il n’a pas de soutien de l’établishment intellectuel

• Il est associé à la fraude et aux arnaques

• Les innovations sont à la fois effrayantes et d’une puissance incroyable.

• Le secteur est volatile avec de violents changements de prix et de spectaculaires faillites.

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V Les entreprises dans la crypto-monnaie commencent à arracher leurs meilleurs esprits aux banques

Tout comme cela a été le cas avec l’huile de baleine et l’industrie du pétrole, le Bitcoin et son statut légal du point de vue des banques est minutieusement étudié. Il y a donc de gigantesques opportunités pour les banquiers qui pourront donner de la valeur à cette nouvelle économie. Est ce que ces intrigants parallèles nous montre la suite du monde bancaire et financier tel que nous le connaissons ? Est-ce qu’il nous montre que le Bitcoin est destiné à devenir la nouvelle reserve monétaire mondiale.

LES CERTITUDES

On ne peut en être sûr, mais ce que ces similitudes nous disent haut et fort c’est : ne prenez pas ce status quo comme acquis. Laissez moi décrire quelques pensés à propos des défis et des opportunités qui se présentent devant nous. Techniquement ce que nous voyons c’est que les nouvelles technologies cryptographiques ont amené le jeu bancaire à un tout nouveau niveau. Les vieilles règles s’applique sur un très faibles espaces.

LA DEMANDE DU CONSOMMATEUR

Voila ce que les consommateurs vont de plus en plus demander dans le futur :

• Du contrôle et de la flexibilité : Tout comme Steve Jobs a imposé un nouveau standard avec « 1000 chanson dans ma poche avec mon iPod » , les consommateurs ne seront jamais satisfaits sans quelque chose comme « une banque dans ma poche »

• Que les dépôts bancaires soient hautement transparents, et qu’ils puissent y’avoir des audits pour avoir la possibilité de vérifier quoi que ce soit.

• Que le courtage de prêts et d’emprunts soient des services séparés. Avec l’abscence d’une banque centrale pour rembourser les prêts, il n’y aucun avantage à augmenter le risque de fraudes et d’insolvabilité en mélangeant ces deux industries indépendantes. C’est ce que l’on voit déjà apparaître dans le Bitcoin aujourd’hui.

• il faut une monnaie avec une chartre 100% prévisible : Les barbus vont dire que les écolos ne l’ont pas encore (pas sûr de ma traduction sur ce point), cependant les gens vont vouloir un système financier où il n’auront plus à croire en une institution centrale opaque.

• Finallement les gens vont demander de l’anti-fragilité : ils n’accepteront pas une seule faille centrale. C’est sûr, peut-être qu’aujourd’hui il la supporte, mais après le cycle de crises à répétitions généré par les banques, beaucoup d’eux ont perdu patience.

NOTRE NOUVELLE RÉALITÉ

Et quelle opportunité ! Pour la première fois dans l’Histoire, nous sommes à même de construire un système financier robuste et attractif dont l’humanité entière peut bénéficier. Et quelle opportunité aux Pays-Bas ! L’adoption du Bitcoin est une des plus forte dans ce pays, et il y a un savoir faire présent dans l’entrepreunariat près à passer à la vitesse supérieure. Tout le savoir est déjà disponible dans cette endroit pour en faire une nouvelle Silicon Valley de la monnaie 2.0, le nouveau Hong-Kong de la finance du XXIe siècle.

Tout comme la banque d’Amsterdam était centrale pour le siècle d’or de la monnaie Allemande, la crypto-monnaie pourrait être la clef de cette nouvelle ère de prospérité dans le pays des digues. Donc ne soyons pas effrayé par cette révolution mais embrassons-là.

Source (texte original) : Coindesk  Source des images :  Vintage car image

Cet article Bitcoin, Pétrole et Baleines est issue du site Le Coin Coin.

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