Politique – Le Coin Coin https://le-coin-coin.fr Informations, réflexions, contenu francophone sur le sujet des monnaies décentralisées dont le bitcoin. Un magazine sans pub crypto, blockchain et économie. Tue, 16 Sep 2025 10:00:14 +0000 fr-FR hourly 1 69367527 Interview du député Pascal Terrasse https://le-coin-coin.fr/4880-interview-de-pascal-terrasse/ https://le-coin-coin.fr/4880-interview-de-pascal-terrasse/#comments Wed, 07 Sep 2016 08:37:49 +0000 https://le-coin-coin.fr/?p=4880 Pascal TERRASSE a accepté de répondre à nos questions relatives à l’économie collaborative et les blockchains. Député de l’Ardèche, il a remis le 8 février 2016 un rapport sur les enjeux de l’économie collaborative. Ce rapport qui comprend 19 propositions et se fonde sur de nombreuses auditions et sur une large consultation en ligne, conclut […]

Cet article Interview du député Pascal Terrasse est issue du site Le Coin Coin.

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Pascal TERRASSE a accepté de répondre à nos questions relatives à l’économie collaborative et les blockchains. Député de l’Ardèche, il a remis le 8 février 2016 un rapport sur les enjeux de l’économie collaborative. Ce rapport qui comprend 19 propositions et se fonde sur de nombreuses auditions et sur une large consultation en ligne, conclut la mission qui lui avait été confiée par le Premier ministre en octobre dernier.

Quelles sont les suites de votre Rapport sur le développement de l’économie collaborative? Qui a participé à l’élaboration de ce rapport ?

Il s’agit d’un rapport commandité par le Premier ministre, à vocation interministérielle, ayant pour objectif de répondre à une thématique précise qui relève des enjeux de l’économie collaborative afin de nourrir plusieurs textes de lois. Au départ, il y avait le texte de loi sur les nouvelles opportunités économiques que devait porter Emmanuel Macron et en même temps le texte de loi porté Myriam El Khomri sur la réforme du droit du Travail.

Depuis les choses ont évolué, le texte de loi devrait nourrir à la fois le texte de loi porté par Axelle Lemaire et une partie portée par Myriam El Khomri sur ce qui relève du droit du travail et une partie plus fiscale portée par le texte de Michel Sapin (Loi Sapin) présenté au mois de juin prochain sur le collectif budgétaire.

Les véhicules juridiques qui serviront à proposer par voie législative le rapport seront donc composés de trois textes. Les 19 propositions de ce rapport doivent servir d’inspiration afin de nourrir plusieurs projets de lois.

Le rapport a été élaboré avec l’aide d’un inspecteur général de l’action sociale et d’une inspectrice générale des finances. Cependant la méthode de participation à ce rapport a été assez collaborative puisque j’ai fait appel à la plateforme « Parlement et citoyens » pour que son texte soit nourri d’une information citoyenne. Il y a eu 250 contributions de citoyens qui ont pu prendre part au débat à travers un site collaboratif. Finalement, j’ai organisé plus de 70 auditions de professionnels de l’économie collaborative, des administrations et des organisations syndicales.

A partir de toutes ces réflexions, j’ai condensé toutes ces participations et organisé des propositions qui me paraissaient être les plus adaptées à l’économie collaborative. 

Est-ce que vous aviez des affinités particulières à l’économie collaborative ou tout simplement le monde du numérique ?

Je suis rentré dans ce dossier vierge de toute arrière-pensée et j’étais affranchi de mon environnement et libre dans mes appréciations. Cela m’a permis d’avoir suffisamment de recul dans le cadre de cette réflexion. De par mon action de Président du Conseil général de l’Ardèche, j’ai été nourri par les réflexions d’un ancien directeur de France télécom, Jacques Dondoux, l’inventeur du GSM, qui m’avait dit que l’économie numérique allait révolutionner l’économique traditionnelle. Très tôt, il m’avait expliqué qu’il fallait désenclaver notre département par la fibre optique. J’ai donc été le premier Président de Conseil général à mettre en place un réseau public de fibre optique de manière à faire en sorte que la fracture numérique en milieu rural soit atténuée par l’action publique.

Pensez-vous que les pouvoirs publics ont les capacités de répondre à ce type d’économie nouvelle, créatrice de progrès, et est-ce que les lois n’ont pas toujours un « train de retard » face au progrès technologique. Est ce qu’il y a vraiment des solutions concrètes ?

Il faut partir du principe suivant : le temps économique est toujours plus rapide que le temps politique. Or, quand on parle d’économie numérique on est dans un temps qui est supersonique, on aura toujours un train de retard. C’est la raison pour laquelle je préconise dans mon rapport la mise en place d’un observatoire de l’économie collaborative ayant pour vocation d’anticiper les évolutions de ce secteur et qui pourrait au fil de l’eau produire éventuellement de la législation de manière à accompagner cette économie nouvelle.

Je pense qu’il ne faut pas brider l’économie collaborative ou la sur-réglementer au risque de l’abimer. C’est un écosystème en devenir, on est dans une transition économique que l’on pourra évaluer à la fin. Plutôt que de laisser faire les choses, il faut les anticiper et les accompagner. Et, pour les accompagner cet observatoire, qui comprendrait des responsables politiques et acteurs de l’économie collaborative ainsi que des administrations, serait un lieu de débat pour anticiper les évolutions puisque l’on sait que cette économie va disrupter l’ensemble de l’économie.

L’économie collaborative est une économie qui va contourner l’économie traditionnelle et qui a vocation, non pas à l’abimer, mais à la régénérer, à inventer de nouveaux modèles économiques. Les responsables économiques ont intérêt à se préoccuper de ces enjeux modernes qui remettent en perspective un nouveau mode de pensée dans nos organisations et les principes mêmes de production. C’est pourquoi adapter les règlements à ces nouvelles formes d’économie permettra à la France de demeurer une terre de création, une terre d’entreprenariat qui conserve sa compétitivité face au reste du monde.

En quelques sortes, s’agit-il de ne pas tomber dans le piège de Hadopi qui était assez répressif, qui venait après la démocratisation du téléchargement illégal ainsi que des plateformes privées légales, et au contraire chercher à ce que l’Etat anticipe et soit une partie prenante et non un Etat policier ?

Bien sûr, l’idée est d’anticiper les évolutions économiques dans tous les secteurs et non pas d’avoir une vision segmentée de l’économie. On sait que l’économie collaborative s’inscrit dans un champ très large qui touche toutes les activités.

Le premier secteur qui a été touché par l’économie collaborative est le secteur de la création artistique avec la loi Hadopi. Des jeunes ont d’abord créé des réseaux d’échange de musique en pair-à-pair. Ils ont ensuite basculé vers un système où ils ne souhaitaient plus être propriétaires de disques mais propriétaires d’un usage de la musique, qui sera développé par Spotify ou Deezer.

Lorsque l’on regarde le passé, on a eu Hadopi, les problèmes d’hier et d’aujourd’hui qui sont posés par Uber, et actuellement la problématique d’Airbnb. On voit que l’économie collaborative va toucher tout type d’activités et pas seulement le tourisme ou le transport. L’idée que je préconise est que la France doit avoir l’agilité d’une start-up dans son organisation et faire en sorte que ce secteur émergent soit accompagné pour le valoriser et pour permettre à l’économie traditionnelle de faire sa mutation. Car l’économie traditionnelle, soit elle s’inscrit dans une logique d’opposition frontale  à cette économie numérisée, soit elle s’adapte et s’organise. Au fond, le plus bel exemple est Uber, si la gestion des taxis traditionnels s’était intéressée à la géolocalisation, nous n’en serions peut-être pas là aujourd’hui. Il ne faut jamais brider un service ou une action moderne et nouvelle. Ce serait comme dire que l’on est contre l’électricité au moment où celle-ci a été créée. Le progrès nous rattrape toujours.

Le pair-à-pair est un système résilient par essence. Et aujourd’hui, toutes les relations  qui ne sont pas dans le pair-à-pair, mais qui sont en CtoC, en BtoC, s’imposeront à nous dans tous les cas, puisque l’on ne bloquera jamais les réseaux internet. Ma définition au fond du rôle politique est à la fois l’anticipation et l’accompagnement mais surtout pas des prises de décision qui interviennent trop tard et qui seraient contraires à une économie ouverte dans un monde ouvert.

Seriez-vous capable de définir de manière concise ce que l’on peut entendre par économie collaborative ?

Définir l’économie collaborative est très difficile et cela fait partie de la mission qui a été la mienne. En réalité, c’est un concept qui a été inventé il y a une trentaine d’années et qui reposait sur les services locaux (communément appelés par leur acronyme SEL). A l’origine, cette économie est très territorialisée et ne s’appuie pas sur le numérique, il s’agit d’une économie de l’échange et du troc qui a vocation à créer du service.

Néanmoins, l’avènement des plateformes numériques a massifié cette économie par l’avènement du digital. Dans ma définition, l’économie collaborative, ce n’est surtout pas l’Ubérisation de la société, mais d’abord un moyen qui permet à travers l’intermédiation d’une plateforme de faciliter l’acte d’échange, de troc ou de service. Ce que je relève dans l’économie collaborative, c’est que l’on change de paradigme dans le cadre d’une prestation, où pendant très longtemps le producteur vendait un bien. Aujourd’hui on est plus sur une valeur d’usage. C’est plutôt la mise à disposition par un prestataire d’un service, d’un usage intermédié par une plateforme numérique. Voilà comment je définirais le dispositif en sachant que je fais la différence entre l’acte professionnel et l’acte d’un particulier. On peut en effet avoir un producteur consommateur qui est un particulier mais il peut y avoir aussi un producteur de service qui est professionnel.

Ne pensez-vous pas que les intermédiaires sont voués à disparaitre puisqu’ils exercent une certain prédation économique ? Lorsque l’on voit des technologies comme la blockchain qui permettent de s’affranchir de cette intermédiaire, la finalité de l’économie collaborative n’est-elle pas de se passer totalement d’intermédiaire ?

En réalité, je n’aborde que très peu la blockchain dans mon rapport. C’est l’étape suivante puisque l’économie collaborative n’aura qu’une durée limitée et que l’on arrive maintenant à des systèmes de « communs » qui appartiennent à tout le monde et se mettent en place petit à petit. Au fond, le plus bel exemple est Wikipédia, qui est un « commun », dont la valeur est créée par l’utilisateur et celui qui va contribuer à l’enrichissement de l’information. Demain, en réalité, il y aura des plateformes qui seront des « communs » et qui appartiendront autant aux producteurs de biens qu’aux consommateurs.

Je pense que les premiers à être disruptés ou ubérisés seront les plateformes telles qu’Uber notamment par une blockchain commune qui appartiendra aux utilisateurs : les taxis, mais aussi demain des clients, qui pourront eux-mêmes enrichir la plateforme sans intermédiation. L’économie collaborative a tué les intermédiaires économiques et la blockchain va tuer l’intermédiation.

En fait c’est un système transitoire du fait de l’arrivée à venir de ces « communs ». Mais ce sont des notions assez compliquées à comprendre lorsque l’on n’est pas initié. On en mesurera les conséquences dans deux ou trois ans, et l’on ne parlera sans doute plus d’économie collaborative mais de blockchain. Il y aura des systèmes de paiement avec des monnaies qui seront virtuelles, où l’on pourra vendre des biens, des services avec une sécurité redoutable puisqu’organisée par la communauté. On sera donc sur des systèmes très communautaires.

En tout état de cause, je suis favorable à l’accompagnement de tous ces changements. Mais en termes économiques, nous parlons là des « premiers habitants sur Mars ». Quand j’explique dans des colloques que l’économie collaborative disrupte l’économie automobile puisqu’aujourd’hui on est simple propriétaire d’usage grâce aux activités de partage de véhicule, où que j’explique que demain il sera possible pour les particuliers d’imprimer des moteurs de voitures sans permis avec des imprimantes 3D, les gens ne me comprennent pas forcément. Cela a par le passé été le cas de celui qui m’avait expliqué que j’aurai un jour un smartphone avec autant de microprocesseurs qu’il y en avait lorsque Soyouz est allé sur la Lune.

Il faut aujourd’hui avoir cette vision de ce que sera la société dans 30 ans et la blockchain sera l’évènement majeur qui va changer la relation que l’on a avec l’économie. D’ailleurs cela changera la relation que l’on a avec le fort et le faible. Quand on est consommateur, on est toujours affaibli par rapport à la production d’un bien. On sera là dans une forme d’égalité. Il y a dans l’économie collaborative cette idée de changer la nature des rapports de force, et c’est aussi une forme d’organisation d’une société vers une sobriété volontaire. On va organiser cette sobriété puisque cette économie sera source d’énergie, de matières premières ou l’épuisement de l’obsolescence programmée pour l’instant créatrice de valeur boursière. On est dans un changement de paradigme pas seulement productiviste et économique mais aussi sociétal. Ceux aujourd’hui qui commencent à regarder ces sujets-là permettent l’ouverture d’un débat politique fabuleux. Ce qui est également important, c’est que l’on va changer nos modes d’organisation. On est actuellement dans une logique verticale, très corporate concernant les rapports de force. Là, nous sommes dans une logique d’organisation horizontale : c’est le collectif qui amène la force, chacun aura une contribution à améliorer un dispositif. On sera donc sur des organisations beaucoup plus horizontales et les sociétés qui n’ont pas compris ce changement majeur auront de grandes difficultés demain à faire des recrutements et à inventer le futur.

Nous avons bien saisi la liberté que peut apporter l’économie collaborative mais si l’on revient sur des sujets plus juridiques tels le droit du travail, certaines difficultés semblent exister. En ce sens, y a-t-il des risques relatifs à l’absence de reconnaissance de ces acteurs par le droit du travail ?

La génération de mon père, qui a vécu l’ère industrielle et les Trente glorieuses, avait une vision : la formation pour le travail toute une vie dans une seule et unique entreprise. Ma génération, à savoir les années 1980, avait une vision différente : la nécessité de flexibilité dans le travail afin de pouvoir convenir à plusieurs employeurs, adapter sa formation aux différentes situations. La génération du jeune d’aujourd’hui est encore différente. En plus de ne pas avoir un travail permanent dans la même entreprise, il sera en réalité un acteur, un producteur de richesses, de valeurs, mais avec des statuts très différents. Une partie de la journée ou de la semaine, il sera salarié et à d’autres moments il sera indépendant ou prestataire. Il s’agit d’une situation à la fois intellectuellement intéressante mais également très insécurisante pour ce jeune.

C’est pourquoi, il faut que la puissance publique adapte des sécurisations utiles et nécessaires à ces acteurs. Tout d’abord, il faut faire vivre le Compte Personnel d’Activité, qui est un compte permettant la protection sociale non pas en fonction de la nature de l’activité mais de l’individu. Et de même, dans la perspective d’un débat politique à venir, il faudra ouvrir la possibilité d’un revenu universel de manière à sécuriser l’ensemble des acteurs économiques ayant des statuts différents.

Je suis favorable à terme à l’idée non pas de créer un statut particulier pour les acteurs de l’économie collaborative, tel que cela m’a été demandé, au risque de se trouver dans une situation où l’on licencie ses propres salariés pour les envoyer vers un statut low-cost. Je suis plutôt dans la logique de préconiser la convergence des droits sociaux entre indépendants et salariés, alors qu’en France on a à peu près 90% de salariés.

Pensez-vous que l’on est face à des personnes qui sont de fait salariés, qui seraient peut-être juridiquement reconnus salariés, mais qui sont pour l’instant dans le statut parfois précaire d’auto-entrepreneur ?

La véritable précarité, c’est le chômage chez les jeunes aujourd’hui. En réalité ce que nous disent ces jeunes chauffeurs, c’est que l’on préfère ça à la véritable précarité puisque de nombreux chauffeurs sont issus des banlieues et des lieux où le chômage est le plus élevé chez les jeunes. Ces jeunes préfèrent cela à la véritable précarité qui est l’inactivité. En réalité, derrière ces jeunes qui se sont engagés dans l’auto-entreprenariat et qui font beaucoup d’heures en gagnant peu leur vie, il y a cette ambition de pouvoir réussir. Il s’agit d’un premier pied à l’étrier dans l’activité. Parce que ces jeunes souvent issus de milieux modestes n’ont pas accès aux stages, aux premiers emplois, cela leur permet de se sociabiliser avec la vie du travail et d’améliorer leur ordinaire pour faire autre chose.

Donc, il vaut mieux voir cela comme un premier pas dans la vie active, mais en même temps, ce que je dis dans mon rapport c’est que la précarisation existe. Il faut faire attention sur le lien de subordination : on est dépendant économiquement d’une plateforme mais également dépendant d’une coopérative, ou d’autres secteurs d’activité. Il faut être prudent sur ce lien de subordination, et moi je laisse ce sujet à l’appréciation du juge. Pour le moment le lien de subordination dépend du contrat de travail, et quand je vois à quel point il est difficile de modifier le code du travail, je me demande quel responsable politique sera capable de le faire.

Je ne suis pas convaincu aujourd’hui qu’un chauffeur Uber qui a le choix de son lieu de travail, le choix de ses horaires de travail et clients soit considéré comme un salarié normal au titre d’un contrat de travail traditionnel. Car si l’on considère que quelqu’un qui travaille quand il souhaite et qui organise son activité comme il le sent, ce qui vaut pour un chauffeur Uber vaut pour n’importe quel salarié en France.

Comment appréhender les cas de concurrence déloyale que les professionnels revendiquent notamment lorsqu’ils sont tenus d’obligations imposées par la loi contrairement aux particuliers proposant des services similaires ?

Je suis sensible à la concurrence déloyale. Car certaines obligations existent pour les professionnels, notamment en termes de normes de sécurité. Ce qui n’est pas forcément le cas pour les particuliers qui  louent leur appartement sur une plateforme. Vous ne pouvez pas demander le même niveau de prestation chez un particulier que chez un professionnel.

Si aujourd’hui vous êtes considéré comme un loueur de meublés pour touristes, vous devez payer la fiscalité normalement. Si, en revanche, vous louez votre résidence principale à titre occasionnel, vous n’entrez pas dans ce champ concurrentiel. Il faut distinguer ce qui relève d’une action qui va occasionnellement mettre à disposition une prestation d’un professionnel.

C’est pourquoi, mon rapport ne crée aucune taxe nouvelle. Il ne fait que rappeler la loi. Il va même plus loin et demande à l’administration de faire du rescrit fiscal puisque certains secteurs sont mal mesurés. Il y a un besoin que l’administration fiscale nous donne des informations lisibles sur le droit fiscal, ce qui pour le moment est très compliqué. Par exemple sur le prix d’un véhicule, on sait que l’amortissement est en moyenne de 6 000 euros par an. Chaque Français peut donc en théorie défalquer de son impôt sur le revenu cette somme. Si les gains de la location de votre véhicule accumulés sur une année sont inférieurs à 6 000 euros, on peut considérer que vous êtes dans l’économie du partage et, à ce titre, vous ne pourrez pas être fiscalisé. En revanche, si vous en tirez plus de 6 000 euros de gains annuels, vous êtes considéré comme un loueur de véhicule et devrez vous acquitter de l’impôt sur le revenu en conséquence. Ce que je reproche au système actuel, c’est que l’on a des professionnels qui habilement se sont glissés dans l’économie collaborative pour échapper à toute norme et toute fiscalité.

Pour terminer, pensez-vous qu’il est possible pour l’état français de lutter contre la défiscalisation des entreprises facilité par la dématérialisation des activités concernées ?

C’est un sujet qui ne relevait pas au départ de ma mission pour ce rapport. En réalité, l’ère numérique a mis en évidence des sociétés multinationales qui font de l’efficacité fiscale une source de revenus non négligeable (Google ou Amazon par exemple). Ayant leur siège fiscal dans des paradis fiscaux, elles ne paient donc pas ou très peu d’impôts.

D’une manière générale, les Etats ont bien compris qu’aujourd’hui il y a une grosse partie de la fiscalité qui leur échappe. Le G20 à Antalya en Turquie l’an dernier a convenu que l’accord BEPS de l’OCDE devait se mettre en place, ce qui est très important. En réalité ce que les Etats du G20 ont convenu c’est que chaque entreprise, dans le cadre des accords de l’OMC, devra payer ses impôts dans l’Etat où elle exerce son activité. C’est un accord qui devra avoir une portée internationale. Néanmoins, il faudra peut-être deux ou trois ans avant sa mise en place. Cette volonté est aujourd’hui exprimée, et dans mon rapport, j’indique qu’il faut que le Gouvernement français soit un acteur plein et total de manière à ce que des décisions multilatérales soient prises dans les meilleurs délais.

Il faut cependant être prudent. Comme toujours, nous regardons notre économie avec l’œil qui nous concerne très directement. Par exemple, Google qui ne paie pas ses impôts en France. Il ne faut pas oublier que des établissements français ont des activités à l’étranger et, pour certaines, ne paient pas leurs impôts à l’étranger. Ainsi, ce que nous allons gagner d’un côté, nous risquons de le perdre de l’autre. Si l’on prend par exemple Le Bon coin, entreprise finlandaise, dont le siège fiscal est en France et qui a des activités en Suisse. Il s’agit d’une entreprise qui paie l’intégralité de ses impôts en France aujourd’hui et qui sera demain amenée à payer ses impôts partout ailleurs. Le montant collecté par l’Etat français au titre de l’impôt sera plus faible car Le Bon coin sera obligé de déclarer ses revenus dans chaque pays et de payer la fiscalité en conséquence. Nous serons donc perdants.

Dans tous les cas, ce système sera plus équilibré. Pour l’opinion publique, il y a un besoin d’un discours véritable sur la transparence fiscale. On voit par exemple qu’Airbnb a son siège social en Irlande et que celui d’Uber est aux Pays-Bas. Tous deux font de l’efficacité fiscale un moteur de leur croissance, ce qui n’est pas acceptable et pas compréhensible par l’opinion publique.

Propos recueillis en Mai en collaboration avec Florent GASSIES, Elève avocat, dans le cadre de la revue des élèves avocats : le Baromaître. (numéro 3 de Juin 2016)

Crédits photo : CLEMENS BILAN/AFP

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Le puzzle Blockchain : finance, régulation et politique https://le-coin-coin.fr/4509-puzzle-blockchain/ https://le-coin-coin.fr/4509-puzzle-blockchain/#comments Mon, 06 Jun 2016 14:04:34 +0000 https://le-coin-coin.fr/?p=4509 Après l’Ordonnance Macron du 28 avril, l’amendement présenté le 13 mai par Madame Laure de La Raudière, députée de la 3ᵉ circonscription d’Eure-et-Loir, est un second épisode de l’intervention des politiques français dans l’institutionnalisation de la « technologie blockchain ». Madame de La Raudière propose que les opérations effectuées au sein d’un système organisé selon un registre décentralisé permanent et infalsifiable de […]

Cet article Le puzzle Blockchain : finance, régulation et politique est issue du site Le Coin Coin.

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Après l’Ordonnance Macron du 28 avril, l’amendement présenté le 13 mai par Madame Laure de La Raudière, députée de la 3ᵉ circonscription d’Eure-et-Loir, est un second épisode de l’intervention des politiques français dans l’institutionnalisation de la « technologie blockchain ».

Madame de La Raudière propose que les opérations effectuées au sein d’un système organisé selon un registre décentralisé permanent et infalsifiable de chaine de blocs de transactions constituent des actes authentiques au sens du deuxième alinéa de l’article 1317 du code civil. L’Autorité des marchés financiers habilite le système répondant aux conditions de sécurité et de transparence définies dans un décret pris en conseil d’État.

Sa définition (un système organisé selon un registre décentralisé permanent et infalsifiable de chaine de blocs de transactions) est à comparer à celle de l’article 223-12 du CMF dans l’ordonnance Macron : un dispositif d’enregistrement électronique partagé permettant l’authentification de ces opérations, dans des conditions, notamment de sécurité, définies par décret en Conseil d’Etat. Le point commun, qui saute aux yeux, est évidemment de renvoyer au Palais Royal et à Bercy la charge de gérer la chose dans ses détails. Voir ici ce qu’est un décret en Conseil d’Etat.

Or les détails sont au coeur du sujet.

Quand on parle de la Joconde, il s’agit implicitement de celle de Léonard. Parler d’une Joconde, quelque soit son antiquité ou son originalité, nécessite de donner plus de précision.

Parler d’une blockchain sans expliciter si elle est (ou non) celle de Satoshi Nakamoto, c’est ouvrir la voie à la constitution d’une catégorie fourre-tout dans laquelle il ne sera pas dfficile de glisser des produits douteux.

Bien sûr, on peut faire comme pour l’omelette de la mère Poulard, dont chaque gargote du Mont Saint-Michel clame qu’elle a la recette originale : du moins chacune y met-elle quand même des oeufs ! Or ni Mme de la Raudière ni M. Macron n’entendent dire s’ils mettront des oeufs dans leur omelette ou des tokens intrinsèques dans leur blockchain (sans doute ne se l’interdisent-ils pas) et ils préfèrent donc aborder la chose par le résultat.

Pour l’instant ce que l’on sait de leurs blockchains tient donc principalement en quelques imprécisions.

D’abord elle doit être décentralisée (La Raudière) ou partagée (Macron). Le chiffre 2 étant la plus petite expression du pluriel, un registre distribué entre un établissement et sa filiale ad hoc serait partagé ; si en outre les deux noeuds sont à distance raisonnable (disons, de l’autre côté de la rue) on pourrait parler de décentralisation. Trêve de plaisanterie : une blockchain consortiale comblerait tous les voeux de ceux qui leur ont suggéré leurs rédactions.

Ensuite ledit système ou registre doit, pour Mme de la Raudière être permanent et infalsifiable. Si l’amendement ne dit guère comment sont obtenues ces caractéristiques adamantines, il va plus loin que l’ordonnance qui souhaitait simplement que la chose possédât un niveau de sécurité défini par décret. Mais c’est supposer le résultat acquis. Le registre sera sûr, effectivement, s’il est permanent (c’est dans le concept même de chaîne) et s’il est infalsifiable, tant de l’extérieur que de l’intérieur.

On peut intuitivement comprendre que le caractère infalsifiable de l’extérieur est fonction croissante du nombre de serveurs sur lesquels se trouve une copie du registre distribué et plus encore du nombre de validateurs. À la limite extrême (centralisation) on se retrouve avec le problème de l’étanchéité du silo.

Mais il y a aussi un risque de falsification de l’intérieur. Il est malséant, et probablement socialement risqué, de rappeler l’ampleur du scandale du Libor impliquant un nombre incroyable de banques, sur une très longue période. Que cela se soit conclu par des amendes ou (souvent) par des transactions avec « accord d’immunité », on n’a pas vu que cela ait remis en quoi que ce soit le coeur du système ni la prétention bancaire à exercer un rôle de tiers de confiance.

Or la blockchain-entre-amis confie à un consortium professionnel des tâches qui étaient auparavant assumées à côté, voire en surplomb, de la profession. C’est là qu’il est intéressant d’en venir à l’exposé des motifs présenté sur le site de Mme de La Raudière. L’amendement vise clairement (c’est écrit en gras) à donner un coup de pouce à la « Place de Paris » (sans définition) et plus spécifiquement à ses activités de post-marchés financiers comme celles liées à la conservation des instruments financiers et à la circulation de ces instruments.

On peut d’abord rectifier certaines illusions. Un des auteurs du site Bitcoin.fr (media membre du Cercle du Coin dont je suis le Secrétaire) a noté, sur le site même de Mme de La Raudière, plusieurs points techniques, que je recopie ici : la technologie blockchain est un protocole d’horodatage de preuve d’information mais pas de fichiers à proprement parler. On ne peut donc pas mettre en avant sa capacité de stockage. (…) Les actes ne seront jamais dans la blockchain, ce n’est pas fait pour ça. C’est la preuve par une empreinte numérique de ce document qui est ajouté dans la blockchain, l’empreinte numérique ne permet pas de recomposer le document d’origine (notion de hash cryptographique).

Ces choses-là doivent être inlassablement répétées. Il est curieux de voir comme le premier élément porté aux nues par les thuriféraires de la « technologie blockchain » est systématiquement l’horodatage (une révolution… du 19ème siècle, certes dans une version « centralisée ») avant que ne soit louée la possibilité de stocker sur la blockchain à peu près tout ce qui peut venir à l’esprit humain.

Au delà des illusions, il faut souligner certains risques.

Mme de La Raudière nous épargne les fameux 20 milliards (curieusement on cite toujours le point haut de la fourchette de 15 à 20 milliards avancés dans l‘étude de Santander, en page 15, qui agglomérait d’ailleurs des économies bien différentes). Je passe, puisqu’elle a le bon goût de ne pas en parler, sur le risque de voir les économies promises consister pour une bonne part en licenciements frappant un peu plus encore la classe moyenne supérieure au profit du big business. Mais le point qu’elle met en avant n’est guère plus rassurant : en quoi l’économie considérable de fonds propres nécessaires pour se livrer aux opérations de post-marchés est-elle censée délivrer un meilleur service ?

C’est un point commun à toutes les promesses bancaires sur la « technologie blockchain » que de pas même envisager ce qu’elle pourrait apporter aux clients. Largement issue des intuitions de Madame Blythe Masters (jamais évoquée publiquement, d’ailleurs), cette « technologie » risque d’en porter la marque de fabrique.

Quand Mme de La Raudière souhaite que les opérations de règlement livraison d’instruments financiers ou de devises dénouées dans un système de règlement (…) dont le fonctionnement utilise la technologie dite de la « blockchain » constituent des actes authentiques électroniques de la même manière que les actes passés devant notaires, ses derniers mots doivent être pesés. Certes le projet libertarien de Satoshi Nakamoto visait bien implicitement à éliminer le notaire, mais pas au nom d’un entre-soi de bonne société.

Depuis toujours, le notaire, que Quentin Massys représente vers 1515 avec de petits airs de Joconde, se tient habillé de noir (pas comme les seigneurs) et en surplomb. Et même les seigneurs, mêmes les rois, doivent passer leurs actes civils devant l’homme en noir.

Remplacer le notaire par un instrument précis, un bien commun et auditable, à la robustesse éprouvée depuis des années, serait une chose. Laisser aux seigneurs le soin de fixer les paramètres de « leur » technologie en est une autre, qui n’est pas dénuée de risques.

Lors du point presse de la Commission CSPPCE, le 16 mars,  le fondateur de ce site avait eu l’impertinence de demander à un représentant de la Caisse des Dépôts si les autorités n’envisageaient pas de statuer sur des normes techniques pour les blockchains de sorte à ce que la régulation puissent les encadrer précisément et suivant leur forme. Il obtint une fin de non-recevoir ; quant à la Commission il fut dit aussitôt qu’elle n’émettrait pas d’avis technique. Relire le CR de cette intéressante réunion…

Cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de normes. Mais leur élaboration ne se fera pas en plein jour. On restera bien loin de l’esprit d’open source qui est la plus solide garantie de la blockchain du bitcoin. C’est d’ailleurs une conviction hautement clamée par M. Philippe Dewost (CDC) que le tiers de confiance va muter, sans disparaître. Dans cette conception, on n’a guère besoin que d’une base de données distribuée.

BiAudit et régulationen sûr, les autorités devront habiliter la procédure, et sans doute les hommes. Tel est le sens du mouvement actuel qui voit les régulateurs s’intéresser à la Fintech, se doter d’un guichet ad hoc et participer à diverses rencontres autour de la « technologie blockchain » (voir le blog de Patrice Bernard). D’après Maître Michelle Abraham, les services de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) ont été étroitement associés aux travaux sur l’ordonnance Macron. Mais peut-être fut-ce plutôt pour aménager la dérogation au monopole bancaire que pour fixer les paramètres de la future blockchain.

Maître Abraham précisait lors d’une récente conférence qu’un groupe de travail devrait déterminer la faisabilité d’un tel projet, afin notamment de garantir que la technologie est assez sûre et mature pour assurer la tenue d’un registre électronique distribué fiable, sécurisé et susceptible d’être audité.

Il y a de bonnes chances que le groupe de travail fasse la part belle aux futurs utilisateurs, et que nombre de régulateurs ne se forment comme (et en même temps que) les banquiers, au sein des mêmes rencontres, en écoutant les mêmes conférenciers (qui sont tous, par la force des choses, en recherche d’emploi ou de mission de consultant).

enfumageDans ces forums, le bitcoin est expédié rapidement, comme un ancêtre douteux ou un adolescent rêveur, avant que la tribune ne soit monopolisée par les prestidigitateurs de la « technologie blockchain », avec leurs promesses de cadastre au Honduras (qui n’y songerait plus) ou au Ghana (cela dépend), d’oeuvres d’art qui décident toutes seules de leurs coloris, de taxis qui choisissent tous seuls clients et itinéraires, et de milliards d’économies qui valent celles des discours électoraux.

Puis, quand l’esprit est tout troublé, montent à la tribune ceux qui se déclarent noblement agnostiques au sujet des paramètres technologiques et ceux qui assènent des arguments d’autorité en faveur de telle ou telle option qui a le mérite d’aller dans le sens de leurs intérêts.

Enfin le ministre arrive toujours en dernier, pour conclure la séance. Son discours, extrêmement vague, est fictivement considéré comme le clou de la journée et poliment applaudi par tous, hors de toute préférence partisane qui serait jugée incongrue. Au mieux son petit mot, tenant sur une feuille A4 relue dans la voiture, intègre les conclusions du précédent forum, au pire il est écrit par un membre de son cabinet sur la base d’informations fournies par un camarade de promotion faisant carrière dans la finance.

Il faut donc une incroyable dose de maladresse pour aller, comme Madame Le Pen, imaginer que le bitcoin est une invention de la grande banque ! Il est tellement plus simple d’attendre de savoir ce que ladite grande banque fera comme choix technologique…

Les choses iront lentement. Annoncée à coup de trompettes, l’ordonnance Macron donne un coup de jeune à un produit imaginé lorsque Camille Chautemps était président du Conseil, et offre une blockchain de nature inconnue aux plateformes (donc à des intermédiaires!) de crowdfunding qui ont su lui présenter leurs besoins. Cela s’appelle de la com’.

Avant que le big business, qui tourne tant bien que mal sur de vieux programmes patchés de partout ne soit basculé sur une techno encore en preuve de concept, on en saura davantage sur les merveilleuses découvertes du R3 CEV, et le discours sur la « technologie blockchain » sera peut-être devenu plus crédible.

Money Lisa

(toile d’Emilie Grison)

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Qu’est-ce qu’un actif sûr ? https://le-coin-coin.fr/4077-quest-quun-actif-sur/ https://le-coin-coin.fr/4077-quest-quun-actif-sur/#respond Thu, 31 Mar 2016 13:51:05 +0000 https://le-coin-coin.fr/?p=4077 Si l’actualité récente du Bitcoin laisse entrevoir un pessimisme généralisé, ce n’est tout du moins pas l’opinion émise par deux acteurs (et non des moindres) du monde financier. Le premier, la banque d’investissement et la société de gestion d’actifs Needham & Company a publié un rapport qui conclut que le prix du Bitcoin est actuellement […]

Cet article Qu’est-ce qu’un actif sûr ? est issue du site Le Coin Coin.

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Si l’actualité récente du Bitcoin laisse entrevoir un pessimisme généralisé, ce n’est tout du moins pas l’opinion émise par deux acteurs (et non des moindres) du monde financier. Le premier, la banque d’investissement et la société de gestion d’actifs Needham & Company a publié un rapport qui conclut que le prix du Bitcoin est actuellement sous-évalué de 60%, ce qui l’estimerait à 580€ au lieu des 365€ actuels. Le second n’est autre que David Andolfatto, vice-président et directeur de la recherche à la Federal Reserve Bank de St Louis, qui s’en est allé de son « petit » commentaire sur son blog personnel.

Bitcoin, un actif sûr?

Vous ne le pensez probablement pas et vous avez raison. Le prix en dollars d’un bitcoin peut être très volatile. On peut facilement gagner ou perdre 50% sur une très courte période de temps. De fait, si nous parlons donc d’un actif qui offre un taux de rendement stable, Bitcoin ne l’est pas.

Sauf que ce n’est pas ce que je veux dire par « actif sûr ».

Je ne suis même pas sûr de savoir comment définir précisément ce que je veux dire par actif sûr. Grosso modo, je pense à un actif sur lequel les gens affluent quand les circonstances économiques sont mauvaises ou incertaines. En temps normal il s’agit d’actif qui, même en dépit d’un taux de rendement relativement faible, se tient en raison de sa liquidité ou de la « sécurité » qu’il représente.

Le dollar américain et les bons du Trésor américain sont des exemples d’actifs sûrs aujourd’hui. Maintenant, vous pourriez penser qu’ils sont sûrs parce qu’ils promettent d’une certaine manière un taux de rendement nominal (NDLR : Taux déterminé en intégrant l’inflation anticipée). Un dollar promet un taux d’intérêt nominal de 0% et vous serez sûr de l’obtenir si vous conservez ce billet au fil du temps (les dollars sous forme de réserves de banques centrales gagnent actuellement 1 à 2%, mais seules les institutions de dépôt obtiennent ce taux). Un projet de loi concernant les bons du Trésor promet également un intérêt nominal nul et avec, vous pouvez être sûr d’obtenir le remboursement intégral de votre capital à l’échéance.

Mais ce n’est pas la façon la plus appropriée de réfléchir aux risques associés à un actif. Premièrement, les économistes (à juste titre) mettent l’accent sur le taux de rendement réel d’un actif. Les investisseurs ne se soucient pas du nombre de dollars papier qui leur sont promis à terme. Ils (probablement) se soucient du pouvoir d’achat qu’auront ces futurs dollars. Si l’inflation se révèle être élevée, le pouvoir d’achat sera faible. L’inverse est aussi vrai si l’inflation se révèle être faible.

Quant au bons du Trésor dit «sans risque» il faut prendre un compte que le prix de marché va généralement fluctué entre la date d’émission et la date d’échéance du bon. Cela est parfois appelé «risque de taux d’intérêt ». Si vous achetez un bon du Trésor à 99$ et qui promet 100 $ par année vous ferez environ 1% si vous détenez le bon à l’échéance. Mais si les taux d’intérêt du marché grimpent dans l’intervalle, et si vous êtes contraints de vendre votre bon pour lever des fonds, vous êtes susceptible de réaliser une perte substantielle.

Voilà la chose à retenir d’un actif sûr. Il peut sembler stable pendant une longue période de temps et ensuite – boum – quelque chose se passe. (Il y a toujours quelque chose qui se passe..) Les taux d’intérêt peuvent monter en flèche – une liquidation soudaine des obligations peut se produire. Ce qui pourrait déclencher un tel événement ? Toutes sortes de nouvelles. Les banques étrangères peuvent avoir besoin de liquider leurs réserves en devises composées en partie de bon du Trésor américain pour des raisons politiques ou économiques. Une augmentation soudaine des taux anticipés d’inflation ferait baisser le taux de rendement réel des obligations nominales attendues, induisant un sell-off (NDLR : Phénomène correspondant à un mouvement de panique baissier brutal sur un cours). Une obligation en « sell-off » peut même être déclenchée par un enchainement de bonnes nouvelles. Une augmentation de la croissance de la productivité, qui aurait pour effet d’augmenter le rendement attendu des investissements privés, par rapport aux obligations, par exemple.

Une autre chose à garder à l’esprit est que les classes d’actifs qui constituent des actifs sûrs peuvent changer au fil du temps. Dans un récent article sur la stagnation séculaire, j’ai noté qu’une « fuite vers la sécurité» semble produire des changements qui impliquent des ralentissements de productivité. En 1974, les investisseurs ont afflué vers l’or et l’immobilier – ils ont délaissé le Dollar (augmentation rapide du niveau des prix) et les bons de Trésor (hausse rapide des taux d’intérêt nominaux) alors qu’en 2008, la situation était un peu différente : les investisseurs, fuyant l’immobilier, ont trouvé dans le dollar et les bons de Trésor une valeur refuge.

Les observations ci-dessus suggèrent que le régime de politique monétaire revêt une grande importance pour déterminer si une monnaie fiduciaire est perçue comme sûre ou non. Lorsque Nixon et ses conseillers ont choisi d’abandonner l’étalon-or (allant contre la recommandation du président de la Fed, Mr. Burns) en 1971, la politique monétaire a semblé perdre son ancrage nominal. Ainsi, lorsque le choc pétrolier et le ralentissement de la productivité ont frappé au début des années 70, les investisseurs ont fui l’argent. L’or est souvent crédité comme étant un actif sûr en raison de son offre «politique». Mais il y a d’autres raisons à cela, car comme l’or, l’offre de biens immobiliers n’est pas très élastique. Et pourtant, l’immobilier n’était plus un actif si sûr en 2008…

Asymétrie de l’information

Patience. Je vais bientôt en arriver au Bitcoin. Avant de le faire, j’aimerais demander « qu’est-ce qui fait d’un actif, un actif sur? »

Selon Gary Gorton, cela a beaucoup (peut-être tout) à voir avec l’asymétrie de l’information:

Un « bien » sûr est un atout qui peut être utilisé pour effectuer des transactions sans crainte : il ne doit pas y avoir de préoccupations qu’une des contreparties connaît secrètement la réelle valeur de l’actif.

En d’autres termes, un actif sûr est un bien avec des attributs qui permet aux parties de se mettre d’accord très rapidement et à peu de frais. Les objets ayant cette propriété ont tendance à devenir des instruments monétaires ou, pour utiliser un terme plus large – une valeur d’échange (cela comprend des objets couramment utilisés comme garantie pour soutenir des accords de prêt). Les actifs sûrs ont tendance à être des actifs « simples ». Historiquement, les produits tels que le sel ou les métaux précieux. Il est facile de vérifier votre salaire avec du sel (il suffit de le goûter). Il est un peu plus difficile d’estimer une proportion d’or. Le but de la monnaie est donc d’être un bien facilement reconnaissable. Sans trop d’effort.

Il va sans dire que la plupart des instruments financiers sont des objets complexes. Tenez compte de votre police d’assurance-vie, qui reste relativement simple dans l’immensité des produits financiers.. La raison pour laquelle vous ne pouvez pas acheter votre café au lait le matin avec une part de cette assurance vie, est qu’il est tout simplement trop coûteux pour le vendeur de faire preuve d’une diligence raisonnable et nécessaire à votre égard dans de telles circonstances. Donc, vous payez en espèces. Tout le monde sait ce qu’est l’argent liquide. L’argent liquide peut être « indésirable » (dans le sens où il n’est plus convertible en or), mais au moins tout le monde peut en convenir. Il n’y a rien de compliqué à accepter les espèces.

Un actif simple

L’espèce et l’or sont des objets «simples». Le fait qu’ils ne paient pas d’intérêt les rend encore plus simples. En particulier, il n’y a pas besoin de passer du temps à enquêter sur la fiabilité d’un dividende versé par un actif « stérile » – tout le monde peut se mettre d’accord tout de suite sur le fait que le dividende est égal à zéro. Ce type de symétrie d’information semble être très demandée en période d’incertitude financière (quand personne ne sait vraiment ce que les gens savent des titres qu’ils vendent).

Cela me conduit directement à Bitcoin. Je pense que Bitcoin pourrait être le prochain grand atout sûr de ce monde. En tout cas il semblerait qu’il possède bien toutes les propriétés qui sont souhaitées et attendues d’un actif sûr.

Surtout, il est « simple ». Simple dans le sens où il possède une valeur intrinsèque. Bitcoin est tout simplement une technologie de tenue de compte (et les économistes savent depuis fort longtemps que l’argent c’est la mémoire). Il ne rapporte aucun intérêt. Simplement une possession qui correspond à un droit de propriété. Et ce livre de compte (NDLR : sous-entend la Blockchain) a fait ses preuves niveau sécurité.

Maintenant, on pourrait objecter que Bitcoin n’est pas si simple, au moins du point de vue de la moyenne des individus. Bitcoin est constitué de 30MB de code en langage C ++. Et l’algorithme qui régit sa précision et sa sécurité peut être difficile à comprendre.

Mais j’aime comparer ceci à la façon dont la plupart des gens comprennent le fonctionnement de leur moteur de voiture. Nous avons une notion vague d’ingénierie, de combustion interne, ou de la façon dont l’énergie circule,etc..Tout ce que nous savons vraiment, c’est que notre expérience collective vis à vis de cette la technologie est utile. Nous savons aussi que pour être mécanicien il n’ya a pas besoin d’avoir été ingénieur en mécanique.

Comme pour le protocole Bitcoin, qui est un logiciel open source, les tentatives de modification du code guidées par un intérêt personnel au détriment de la communauté sont facilement détectables par des yeux experts. Et ayons confiance dans le fait qu’il y a beaucoup d’yeux experts penchés sur le sujet.

Enfin, Bitcoin a une politique monétaire très simple. Essentiellement, la politique est de maintenir la masse monétaire fixe (en fait, il se développera asymptotiquement à un nombre fixe, 21 millions d’unités). Bien que cette règle monétaire peut être modifiée par consensus communautaire, il y a des raisons de croire que cela est peu probable.

Moyen d’échange ou réserve de valeur ?

Comme nous le savons, il y a eu quelques troubles dans la communauté Bitcoin. La question, si je comprends bien, concerne un projet d’amendement de la constitution du Bitcoin (NDLR : L’auteur fait référence à la controverse liée à la taille des blocs). Les gens craignent que si l’amendement ne passe pas, la vision originale de Satoshi Nakamoto qui souhaitait un système de paiement P2P à faible coût, grande vitesse ,et haut volume ne se concrétise pas. D’autres sont convaincus qu’une solution, sous une certaine forme, finira par être trouvée. Ces gens respirent l’optimisme. Rappelez-vous, c’est le carburant qui alimente l’esprit d’entreprise.

Mais supposons que la vision originale ne fonctionne pas. Supposons au contraire que Bitcoin soit frappé d’une limite stricte sur le volume des transactions qu’il peut traiter (actuellement bien en deçà de ce que Visa peut accomplir). Supposons en outre que les récompenses de bloc (actuellement 25 bitcoins/10 minutes) deviennent négligeables. Supposons aussi qu’une taxe de transaction fixe (et peut-être même variable) doit être payée, puisque quelqu’un doit financer la sécurisation de la Blockchain. Si cela devait se produire, alors Bitcoin ne serait utilisé que pour les transactions de grande valeur (le coût fixe associé à chaque transaction rendrait les transactions de faible valeur non pertinente économiquement.)

Ce « Bitcoin » comme système de transfert de grande valeur ne va pas a l’encontre de ma thèse : Bitcoin peut rester un actif sûr et souhaitable. (Les petits joueurs pourraient vraisemblablement s’impliquer en investissant dans un ETF Bitcoin, même si cela présentait un risque de contrepartie.)

Dans un monde où il serait l’unité de compte, un événement qui inciterait à une «fuite vers la sécurité » provoquerait une déflation inattendue et sévère. Nous avons gardé l’expérience de cela au début des années 1930 pour prouver ce qu’une politique monétaire à la Bitcoin peut entrainé. Et tandis qu’un système monétaire comme Bitcoin peut libérer les gens de la perte de valeur liée à l’inflation, il ne pourra pas les libérer des formes plus générales d’imposition.

Cependant, même si Bitcoin n’est pas, à mon avis, un instrument monétaire particulièrement idéal, cela ne l’empêche pas de servir comme un actif sûr ou une réserve de valeur à plus long terme. Une fois que sa pénétration du marché sera terminée, son comportement est susceptible d’imiter le comportement de tout autre actif sûr qui génère un faible rendement. Les investisseurs peuvent espérer gagner des rendements anormalement élevés dans une situation de crise. Mais si vous achetez au plus haut de la crise, vous pouvez vous attendre à réaliser des pertes anormalement élevées lorsque la crise retombera. En bref, c’est un excellent investissement – en supposant que vous pouvez prédire quand une crise se produit et quand elle prend fin !

Pour retrouver l’article dans son intégralité en version anglaise.

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La Blockchain était à l’honneur dans la petite salle numéro une de l’assemblée nationale ce matin 16 mars 2016. En effet il s’y tenait un point presse concernant le colloque approchant du 24 Mars sur le thème #Blockchain : disruption et opportunités. Votre serviteur était présent sur place et en voici un compte-rendu plutôt factuel suivi d’une conclusion courte relevant plutôt de mon appréciation personnelle.

Tout d’abord, le député Jean Launay, président de la Commission supérieure du service public des postes et des communications électroniques (CSSPPCE), nous a confié qu’il n’est pas aisé « d’entrer dans cette maison même si c’est le cœur battant de la démocratie. ». Et il est vrai que quelques difficultés se sont présentées pour entrer à cette conférence de presse. Mais trêve d’anecdotes !

Le député a d’abord exprimé son désir de changer de nom la commission au nom un peu long et sonnant ancien. Il serait plus pour « commission parlementaire du numérique et des postes. » qui reflèterait parfaitement le travail des sept députés et sénateurs au sein de celle-ci. Ceux-ci travaillent avec le gouvernement en amont et sont en lien avec les régulateurs. Un point notable de cette commission est son caractère bicamérale et transpartisane, en ce sens qu’elle regroupe toutes les couleurs politiques.

Le désir de la commission est véritablement de se repositionner sur toutes les questions numériques. (sécurité, éducation, accès au numérique) La blockchain était donc un sujet dont cette commission devait s’emparer en nouant des contacts avec les entreprises et personnes exerçant dans ce secteur. Très rapidement le député admet avec une humilité certaine ne pas être lui-même spécialiste de la question et s’interroger fortement sur la question. Mais l’accélération des choses fait qu’il fallait s’y intéresser.

Il commença par évoquer la question du tiers de confiance avec la poste en expliquant que cette notion de tiers de confiance est en train de muter avec l’évolution technologie mais aussi à cause de la loi des grands nombres. Cependant au-delà comment bâtir ce lien de confiance ? Qui contrôle le système ? Quelles sont ces garanties ? Le but du colloque sera donc de permettre de répondre à toutes les questions qu’un député pourrait se poser et aussi d’informer en masse les citoyens sur ces nouvelles problématiques.

LA BLOCKCHAIN VA BOULEVERSER LA CONFIANCE

Des mots émergent. D’abord la presse spécialisée puis la presse grand public. Voici les raisons qui ont poussé à la création de ce comité de pilotage. À ce propos, le député précise que le colloque fait déjà salle pleine et que cela démontre et affirme le besoin d’explications. Il faut anticiper et éduquer tout en conservant le soucis de vigilance. Enfin il faut en saisir les opportunités, comme le titre du colloque l’indique !

Cette introduction terminée, la parole passe à Ludovic Provost, secrétaire général de la commission et personne en charge de l’organisation de ce colloque. Il explique qu’ils ont voulu élargir aux spécialistes extérieurs à la CSSPPCE les tables rondes de ce colloque. C’est d’ailleurs pour cette raison que le Secrétaire du Cercle du Coin, Jacques Favier participera à cette évènement. Il y avait un véritable désir de ne pas inviter que des acteurs commerciaux de ce secteur.

La question de départ est de se demander comment l’histoire de la confiance a évolué. Quelles sont les opportunités de business que ce nouveau modèle développe ? Quels sont les acteurs sur le marché de la blockchain ? Il y a déjà des « petits malins dans les startups » qui travaillent sur de nouveaux projets. Enfin il ne faut pas oublier la pédagogie et la conclusion du colloque devra être pédagogique. En ce qui concerne la présence d’un ministre, elle n’est pas arrêtée. Il semblerait que le Ministre Macron ne puisse pas s’y rendre et qu’il sera remplacé par Monsieur Mandon.

Vient le tour de parole d’Henry d’Agrain, directeur du Centre des Hautes Études du Cyberespace (CHECY). La première table ronde introduira les concepts de manière simple. À défaut de les maîtriser le but sera dans un premier temps de les comprendre. Le but n’est pas de favoriser une blockchain mais de partir des acteurs et non des mécanismes. Le thème de la confiance et l’articulation de la confiance dans la phénomène blockchain sera ensuite abordé.

Il y a une véritable question sociétale derrière la question de la blockchain. A la base de tout contrat social se trouve de la confiance. Or la blockchain va briser ce mécanisme classique et apporter une réponse extrêmement intéressante et très différente sur cette notion de confiance. Il y a donc un nouveau paradigme à développer.

Les intervenants de cette table ronde seront :

  • Thibaut Verbiest, Avocat rédigeant en ce moment un livre juridique sur la question.
  • Jacques Favier, Historien, et secrétaire du Cercle du Coin, membre actif de la communauté.
  • Pierre Porthaux, trader et créateur d’un cabinet de conseil accompagnant les startups.
  • Gilles Barbier, partenaire de The Familiy

Le député reprend la parole en raison de l’absence de l’animateur de la seconde table ronde Monsieur Rivaton. Le but de cette session sera de mettre les acteurs et investisseurs du secteur en face de la régulation et de ce qu’ils en attendent. Les intervenants seront :

La synthèse sera établie par Luc Belot, député du Maine-et-Loire.

Cette présentation terminée, Monsieur Launay passa la parole à l’animateur de la troisième table ronde Philippe Dewost, Directeur adjoint de la Mission Programme d’Investissements d’Avenir, en charge de l’économie numérique et du financement des entreprises à la Caisse des Dépôts. Il co-animera ce débat avec Nadia Filali, Responsable du Développement des Mandats et des Offices de la Caisse des Dépôts.

Cette table ronde aura pour sujet central la France. Philippe Dewost a débuté par préciser que la cryptographie est l’un des deux piliers de la blockchain avec la théorie des jeux. C’est ce qui explique la présence des intervenants suivant à cette table ronde :

  • Daniel Augot, Directeur de recherche INRIA, au LIX – Ecole polytechnique – Cryptographie
  • Stanislas de Bentzmann, Président de CroissancePlus
  • Bernard Duverneuil, Vice-Président du CIGREF (Club Informatique des Grandes Entreprises françaises), Directeur des systèmes d’information du Groupe Essilor
  • Primavera de Filippi, Chercheuse CNRS/Harvard University

La synthèse sera assurée par Monsieur Lalande sénateur de la Charente-Maritime.

Phillippe Dewost a insisté sur le fait que de nombreuses entreprises, y compris au sein du CAC40, possèdent des experts de la Blockchain mais ne le savent même pas. Le second problème concerne la régulation et l’animateur compte fortement sur les lumières de Primavera de Filippi sur ce sujet. La régulation est bien plus avancée chez les Anglo-Saxons pour M. Dewost.

LES TIERS DE CONFIANCE MUTERONT SANS DISPARAÎTRE

La raison pour laquelle la Caisse des Dépôts participe à l’inititive de place sur la Blockchain est avant tout parce qu’elle ne peut rester indifférente à la question de confiance. En effet la blockchain, sans faire (selon lui) disparaître le tiers de confiance, va cependant le faire évoluer. Le tiers de confiance est invité à changer de nature et cela doit permettre des initiatives pour expérimenter et comprendre ces phénomènes nouveaux.

La commission ne préjuge de rien et ne désire pas mettre en avant une blockchain ou une technologie. Ainsi le Bitcoin ne sera pas mis de côté mais ne sera pas non plus portée au pinacle la preuve de travail (POW). Ainsi la conclusion est que si dans six mois rien n’a été trouvé, tous les acteurs et spectateurs sollicités auront au moins appris sur le sujet grâce à un état des lieux complet.

Henry d’Agrain reprend la parole pour expliquer que le CHECY travaille activement sur le sujet. Plus de 17 personnes ont été sollicitées sur le sujet pour émettre un rapport. Il déplore qu’il y ait si peu d’endroits avec des reflexions académiques sur le sujet. Alors qu’il faut commencer à questionner la Blockchain, les smart-contracts, le concept de DAO, etc.

Le Président de la Commission, le député Jean Launay, enchaîne en présentant le site internet monté pour l’occasion par les étudiants en Master 2 Entrepreneuriat et développement d’activités innovantes au sein de Novancia Business School : www.colloque-blockchain.com. Le twitter de la commission est aussi présenté @CSSPPCE : parlement connecté. Le but du site sera d’émettre un rapport mensuel sur la question avec les avancements de la commission sur le sujet.

S’en suit une série de questions de la part des personnes présentes dans la salle, environ 14 personnes. Paul Gouguer de Challenge débuta avec une question sur Orange. Ont-ils une stratégie différente des autres en raison de leur investissement dans des entreprises blockchain ? Philippe Dewost minimise en expliquant que ce sont des achats de capital risque. Mais qu’Orange explore bien le sujet par ce biais, bien qu’il ne soit pas sûr qu’il y ait des liens directs entre le fonds d’investissement et la maison mère.

Philippe Dewost continue en évoquant avec de fortes louanges Louison Dumont qui s’est auto-formé très tôt et note que celui-ci s’est exilé au États-Unis. C’est un point qu’il faut combattre selon lui car nos créateurs dans ces domaines doivent pouvoir rester en France. Cependant en France aussi des initiatives discrètes existent au sein des entreprises comme Le Preuve développée par un membre de la caisse des dépôts sur son temps libre.

Henri d’Agrain reprend en expliquant qu’il a reçu des entrepreneurs au CHECY et qu’il a été frappé par une thématique. Les personnes qui s’intéressent à la blockchain en France « se planquent »  ! Pour plusieurs raisons : fiscales bien sûr, mais aussi à cause de l’incertitude juridique. Ainsi l’une des ambitions du colloque est de faire comprendre aux entrepreneurs qu’il y a des opportunités en France et qu’il serait malheureux de partir à l’étranger.

Une journaliste de l’Argus de l’assurance se souvient d’un rapport « vindicatif » de Croissance Plus sur le sujet des talents cachés. Elle demande où nous en sommes. Henri d’Agrain pense que les dés ne sont pas encore jetés. Mais le retard sera irrattrapable et c’est pour cette raison qu’il faut anticiper.

Nadia Filali pense que la France n’est pas en retard. L’investissement est concentré dans d’autres pays. Le problème n’est donc pas propre aux fintechs et aux entreprises de la blockchain. Le problème général est que les investissements en seed-money sont trop faibles en France. La caisse des dépôts va mettre en place une chaire à ce sujet. Cependant les entreprises investissant en amorçage se comptent vraiment sur les doigts de la main en France et c’est problématique.

Sur ce, Jean Rognetta note que leur rapport n’était pas vindicatif mais « alarmant ». En effet il y a deux décennies la France avait des avances technologiques concrètes grâce à la carte à puce ou le GSM.  Cependant à cause de la puissance d’investissement américaine, le paiement mobile risque de se faire en Californie. L’encours américain est au alentour de 50 milliards investis, plus d’un milliard à Londres et seulement un milliard dans tout l’eurozone.

Il ne faut donc pas, selon celui-ci, que nous essayons de rattraper notre retard mais d’anticiper sur les prochaines révolutions technologiques. Il faudrait dès lors restaurer notre avance technologique grâce à nos talents en les conservant au pays. Il approuve l’action de la Caisse des Dépôts et voit deux enjeux : la formation et les compétences. 42 serait actuellement en discussion avec l’ESCP pour faire quelque chose.

LA BLOCKCHAIN POURRA-T-ELLE ÊTRE RÉCUPÉRÉE ?

La deuxième chose c’est la gouvernance. En effet les permissionned blockchain permettent de facilement identifier la gouvernance ; mais avec le Bitcoin c’est plus compliqué. En revanche les blockchains privées ne permettent pas les même garanties d’infalsifiabilité que les blockchains publiques. Il rendra public le 24 ses propositions de gouvernance pour la mise en adéquation avec le droit français dans l’optique d’alerter le régulateur sur les enjeux de gouvernance.

Nino Renaud des Echos enchaîne sur une question. Elle a compris que la blockchain R3CEV est une blockchain avec permissions. Donc, n’est ce pas un peu orthogonale, s’interroge-t-elle ? Est-ce que la philosophie blockchain survivra à toutes ces initiatives et n’aura pas le même problème qu’internet avec des entreprises privées hyperpuissantes ?

À cela Phillipe Dewost repond par un parallèle avec TCP/IP quand il avait cinq ans. En effet les concepteurs d’internet ne pensaient pas forcément que le réseau arriverait au point où il en est. Mais qu’on le veuille ou non, puissance ou non, pour l’instant ça fonctionne et c’est la même chose avec les blockchains ou Bitcoin. Donc pour Dewost « c’est bien de s’enthousiasmer après Woodstock en pensant qu’on peut courir nu dans les campagnes » mais l’internet a accouché d’AirBNB et des GAFAs. Cependant, avec sagesse, il ne se prononce pas sur l’avenir de la technologie Blockchain.

Il en profite pour citer Hearn et sa frustration sur la phrase qu’il retient de l’article : Bitcoin est une expérimentation. À cela Daniel Augot de l’INRIA rebondit en expliquant que chacun croit comprendre trivialement son petit bout de blockchain entrant dans ses compétences cependant cela demande une interdisciplinarité telle qu’être expert sur le sujet demande énormément de connaissances.

BITCOIN EST UNE EXPÉRIMENTATION

Une question sur le chiffrement arriva mais elle fut vite écarté par Daniel Augot qui précise à juste titre que quelque soit l’avis des États, le chiffrement sur la blockchain est plus de l’ordre technique que de l’ordre de la communication. Ainsi cela ne joue pas beaucoup dans la balance.

Enfin votre serviteur a demandé ce qu’il en était de la discussion avec les banques quand celles-ci s’avèrent être parfois des freins pour les startups de l’écosystème qui ouvrent difficilement des comptes en prononçant le mot Bitcoin. La question a quelque peu été écartée en citant les contre-exemples existant mais la requête a été comprise. Enfin je me suis autorisé à poser une deuxième question sur l’éventuel but de statuer des normes techniques pour les blockchains de sortent à ce que la régulation puissent les encadrer précisément et suivant leur forme. La tribune m’a précisé que la commission n’émettrait pas d’avis technique.

Qu’est ce que l’on peut retenir de cette conférence de presse ?

Tout d’abord on constate une véritable volonté positive de certaines autorités de l’État de ne pas se faire devancer de nouveau. Il faudra toutefois veiller à ce que l’appareil législatif suive. Ensuite j’ai été agréablement surpris du désir d’aborder le sujet avec une certaine virginité sans prêcher pour une paroisse ou pour une autre notamment au niveau du sujet des blockchains privées. Enfin tous les intervenants sont très renseignés sur le sujet et les tables rondes devraient être enrichissantes. Rendez-vous le 24 !

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Le Cercle du Coin aux Assises territoriales de l’identité numérique du Citoyen https://le-coin-coin.fr/3711-le-cercle-du-coin-aux-assises-territoriales-de-lidentite-numerique-du-citoyen/ https://le-coin-coin.fr/3711-le-cercle-du-coin-aux-assises-territoriales-de-lidentite-numerique-du-citoyen/#comments Thu, 10 Mar 2016 12:23:44 +0000 https://le-coin-coin.fr/?p=3711 À l’invitation de Florence Durand-Tornare, Fondatrice et Déléguée de l’Association Villes Internet Edouard Vallet et Jacques Favier ont assisté à la journée organisée à Fleury-sur-Orne (aux portes de Caen) le 9 mars, au cours de laquelle ils ont pu évoquer les mutations que les utilisations possibles de la blockchain pouvaient susciter dans la « citoyenneté numérique ». […]

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À l’invitation de Florence Durand-Tornare, Fondatrice et Déléguée de l’Association Villes Internet Edouard Vallet et Jacques Favier ont assisté à la journée organisée à Fleury-sur-Orne (aux portes de Caen) le 9 mars, au cours de laquelle ils ont pu évoquer les mutations que les utilisations possibles de la blockchain pouvaient susciter dans la « citoyenneté numérique ».

On trouvera ici  le programme complet de la journée avec les noms et qualités des intervenants.

L’exposé de Guillaume Blot (Direction Interministérielle du Numerique et du Système d’Information et de Communication) présentant le nouveau service FranceConnect fut particulièrement intéressant. En retrouvant, sur les sites les plus divers (aujourd’hui des services publics, mais cela devrait évoluer) le bouton de FranceConnect, le citoyen pourra y accéder en s’étant identifier une seule et première fois : des sites partenaires (la Poste, les Impôts ou le site Ameli de la Sécurité Sociale) jouant en l’occurrence un rôle de « tiers de confiance » pour l’authentification. 

L’ensemble du dispositif (même s’il n’est évidemment pas P2P !) est audacieux. Pourtant il faudra plus qu’une vitrine high tech pour transformer un bâtiment qui reste très classique. Car à quoi servira de commander en ligne une CNI quand on sait que l’Etat laisse les touristes français se débrouiller 5 ans avec des cartes périmées que les douaniers étrangers sont priés de bien vouloir considérer comme valides. Il pourra être très pratique de contrôler en ligne ses points de permis de conduire, mais si l’on doit contester une contravention (et chacun sait qu’il en est des burlesques) on doit imprimer soi-même le document saisi en ligne et l’adresser en RAR… avec la photocopie d’un permis de conduire et d’une carte grise  dont il doit pourtant bien exister une trace dans les data-bases de l’administration. Sans compter que si la communauté d’Amiens Métropole veut offrir toute une palette de services auxquels on pourra s’identifier au choix par son  mobile ou par sa carte bancaire ou encore par sa carte  Pass, il faut encore, pour voter dans une petite ville où l’assesseur vous salue naturellement par votre nom lui exhiber sa carte d’électeur et sa CNI (périmée).

Sans compter l’effet de l’ordinaire cacophonie européenne. Quand Jacques Favier risque une comparaison avec le dispositif de carte d’identité digitale estonienne (qui dispense de tiers de confiance, à la différence du dispositif de France Connect) on lui explique que certains pays n’ont pas de CNI tandis que la France, elle, refuse l’identifiant unique…

Un responsable départemental devait noter par la suite que ce sont aussi les agents qui devront être initiés et transformés par la digitalisation.

C’est à la fin de la pause déjeuner, et dans la salle même du buffet que nous sommes intervenus, non pour faire la promotion du bitcoin comme moyen de paiement – l’audience était très largement faite d’élus locaux et de responsables des services de collectivités locales – mais pour exposer ce qu’est la blockchain et ce qu’elle peut apporter tant pour se passer des tiers de confiance (ou des prédateurs) que pour garantir la sécurité des données personnelles. Les réactions et les questions ont prouvé que nous avions réussi à susciter un réel intérêt.

On retrouve ici l’intégralité de notre intervention :

L’après-midi a été largement consacrée à des interventions d’élus de toutes sortes, tous très impliqués dans divers aspects de la politique digitale de leurs collectivités respectives, et qui ont tenu des propos parfois décapants, et pour nous très instructifs à bien des égards. Les élus locaux sont des gens conscients de ce qu’il y a un foncier numérique, un territoire numérique. Ils se posent la question : comment aménage t-on ce territoire où le virtuel devient la réalité contemporaine ?

On percevait le sentiment de l’importance et de l’urgence de la chose, vue depuis « les territoires » comme un service à rendre à la population et un élément de compétitivité locale, mais surtout comme une nécessité du fait de l’attitude de l’Etat. Et à bien des reprises, nous avons eu le sentiment que l’identité numérique du citoyen, c’était surtout la conséquence d’une digitalisation des services publics d’abord conçue comme un moyen de faire des économies à Bercy, quitte à en renvoyer la charge dans nos campagnes.

Il y a une réelle frustration devant l’attitude de l’Etat qui digitalise par pans entiers sans trop se soucier de la disparition des points d’accueil et en laissant le soin d’expliquer la chose et de réparer les dégâts au seul guichet où les exclus du numériques vont réellement échouer, celui des mairies rurales. Le même jour un candidat de droite annonçait sa volonté de supprimer 350.000 emplois de fonctionnaires. Ne l’ayant appris que sur le chemin du retour, cela nous a dispensé de la petite cruauté qui aurait consisté à demander aux responsables locaux de son parti dans « les territoires » comment ils allaient concilier cela avec ce qu’ils nous présentaient.

Nous ne savons trop que penser en voyant que le fameux « mille-feuilles » des collectivités locales avait trouvé, dans la promotion du numérique, un nouvel espace de déploiement. Successivement nous avons pu entendre le représentant d’une mairie, d’une communauté de commune, d’un département puis d’une région nous en parler, tous avec chaleur, et même l’un d’entre eux avouer tout de go que chacun souhaitait faire de « son » portail la porte d’entrée du citoyen dans l’espace digital.  Il paraît inévitable que cela débouche sur un mille-feuilles digital.

Enfin nous avons senti un réel effroi de personnes bien informées de la réalité sociale du pays devant une fracture numérique que l’on a souvent tendance à cacher, à minimiser ou à décrire implicitement comme temporaire. Pour des « geeks » évoluant entre eux, il est salutaire d’entendre cela et prudent de l’intégrer. La conclusion de la journée  pourrait donc être  « on n’est pas prêt » (entendu plus de 3 fois) et s’appliquant tant aux élus qu’aux agents.

Il est clair que le « P2P » n’est pas le premier souci de responsables politiques. L’usager a été évoqué cinq fois plus souvent que le citoyen. Une question de Jacques Favier sur ce que, selon eux, la citoyenneté digitale pouvait changer à la vie politique (et non simplement à la gestion des guichets administratifs) a été en pratique éludée.

L’intérêt pour la blockchain doit cependant être entretenu auprès de ces responsables, en s’appuyant surtout sur la question de la protection des données. Un maire, cela a été rappelé, est pénalement responsable des données privées qui lui sont confiées.

D’autre part un élu a fait remarquer que l’usager (surtout s’il est jeune) ouvre facilement ses data aux GAFA mais les refuse aux sites officiels. Ceci avait l’air de l’étonner, alors que « FranceConnect » affiche, avec ceux de ses partenaires, les logos de la DGFIP (peut-être peu créateur d’empathie ?) et celui d’un Ministère de l’Intérieur dont l’image, en période d’état d’urgence, n’est pas forcément de nature à susciter la chaleur.

Ce sont probablement les deux leviers qui doivent permettre aux porteurs de solutions conçues sur la blockchain de continuer à prospecter les responsables locaux.

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Bitcoin, Blockchain et politique : ne pas se tromper de disruption https://le-coin-coin.fr/3593-bitcoin-blockchain-politique-ne-se-tromper-de-disruption/ https://le-coin-coin.fr/3593-bitcoin-blockchain-politique-ne-se-tromper-de-disruption/#respond Tue, 16 Feb 2016 12:42:50 +0000 https://le-coin-coin.fr/?p=3593 Alexandre Stachtchenko, l’un des fondateurs de l’Association Blockchain-France, a publié récemment un article assez long et touffu intitulé de l’éthique de la décentralisation qui aborde fort opportunément la dimension politique de la blockchain. Il ne suffit pas en effet de marteler que code is law, comme si ce code était transcendant à la société et que le […]

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Alexandre Stachtchenko, l’un des fondateurs de l’Association Blockchain-France, a publié récemment un article assez long et touffu intitulé de l’éthique de la décentralisation qui aborde fort opportunément la dimension politique de la blockchain.

Il ne suffit pas en effet de marteler que code is law, comme si ce code était transcendant à la société et que le codeur descendait dignement du Mont Sinaï ses tables à la main. Il faut prendre conscience de ce que, même dans ce nouveau cadre, il y a de l’organisation, de la gouvernance, des règles de gestion des conflits à mettre en place. Et qu’elles vont être différentes.

Sans citer Jacques Ellul l’article reprend l’une de ses intuitions fondamentales: derrière une technique, un produit, un service, il y a toujours (qu’on le sache ou non) une mutation de société, voire de civilisation. Si j’ai quelques doutes sur la pertinence des démarches du genre comité d’éthique (en gros: maintenant que ça existe, qu’est-ce qu’on en fait, et jusqu’où on l’autorise, sous notre contrôle à nous, les sages), je pense que l’examen des cas concrets soulevés est indispensable.

Ce qu’Alexandre Stachtchenko propose comme cas, c’est – via un commentaire sur une étude publiée par Francesca Pick (Ouishare)  -une réflexion sur le cas de Backfeed, société qui promeut un système d’exploitation social devant permettre la collaboration sans système central. Cette réflexion est consécutive à une tentative d’utilisation concrète de la solution Backfeed par Ouishare à l’occasion de l’un de ses festivals de l’économie collaborative.

Or l’un des créatrices de Backfeed n’est autre que Primavera De Filippi, chercheuse au CNRS et à Harvard.

Primavera de FilippiCompte tenu de la présence significative de cette chercheuse tant sur les estrades (Blockchain-France le 14 janvier, Lift le 11 février) qu’auprès des pouvoirs publics (Commission du Parlement Européen le 25 janvier, CSSPPCE à l’Assemblée Nationale le 24 mars prochain), je trouve en effet intéressant de se pencher sur ce dont elle fait implicitement la promotion, et qui n’est certainement pas le bitcoin.

J’ai jugé assez sévèrement le passage de Primavera De FIlippi à Bruxelles, avec une posture ni très positive, ni particulièrement innovante (autorité, centralisme, contrôle). J’ai écrit qu’au total sa présentation du bitcoin et de la blockchain mettait exactement les parlementaires en condition pour recevoir ensuite comme paroles d’évangile les recommandations de tous les régulateurs, mais aussi les soupçons les moins fondés, et que j’étais prêt à parier que la moitié des auditeurs auraient conclu que moins on entendrait parler du bitcoin, mieux ils se porteraient. Mais il faut admettre qu’elle y a résumé une analyse assez constante chez elle (lire cet article en anglais de 2014).

Ce que Primavera De Filippi, quand elle est sur les estrades pour éclairer les auditoires au sujet de la Blockchain, voire du bitcoin, ne dit pas cash, c’est l’hostilité des promoteurs de Backfeed envers Bitcoin. La lecture du magazine en ligne de Backfeed le révèle cependant très vite. Je suggère la lecture de la débâcle du bitcoin pour se forger une opinion.

Ceci posé, qu’est-ce que Backfeed? C’est un système de gouvernance décentralisée organisé autour d’une blockchain, d’un algorithme de « Proof of Value », d’un système de réputation et d’un mécanisme de crypto-token.

Comment ce système et sa PoV pouvaient-ils, ou dans quelles limites, servir à l’organisation d’un festival de l’économie collaborative, c’est  ce que l’article d’Alexandre Stachtchenko expose avec bien trop de détail pour que je le recopie ici.

L’essentiel semble donc de se poser la question philosophique : si la technique crée une forme de confiance qui rend inutile ce que l’on appelait jadis la confiance, en quoi cela nous impact-t-il ? Comme le dit Francesca Pick la société est basée sur la confiance, on ne peut l’éliminer. D’un point de vue éthique et humain, la confiance ne doit pas disparaître, même si la technologie permet de s’en passer.

La même pose aussi une question redoutable, celle de la « quantification » de la confiance, ou de l’intérêt d’une relation. Comment savoir si négocier un partenariat avec un sponsor vaut plus ou moins qu’avoir une discussion stimulante avec un autre membre de la communauté ? Comment évaluer les contributions bénévoles ? Evalue-t-on l’importance, la qualité, la pertinence d’un travail ?

La mise en ouvre concrète de la solution Backfeed semble avoir suscité de sérieuses difficultés (celles que bien des pédagogues dénoncent, soit dit en passant) : la peur de la mauvaise note amène chacun à la boucler.

Ici je ne peux m’empêcher de songer à la célèbre formule combien tu m’aimes? qui a servi dans un film de Bertrand Blier et, puisque j’en suis au cinéma, à la scène culte du Mépris de Godard…

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Sommé de détailler, Piccoli a avoué qu’il aimait les pieds de Bardot, ses chevilles, ses pieds, ses cuisses, ses seins (on ne va pas jusqu’à et la tête? alouette!) et la jeune enfant alanguie peut alors conclure donc tu m’aimes totalement? Que se passerait-il si l’on faisait voter tous les spectateurs du film ? S’ils devaient quantifier ? Et si l’on évaluait leurs évaluations?

Bref ce qui s’annonce comme collaboratif peut mener au silence online … et à l’oubli de ce que la vie continue offline ou… sur d’autres médias (Slack, Trello, Telegram) car les interactions humaines sont innombrables.

La conclusion, elle-même très riche et à laquelle je renvoie, suggère que ces outils de gouvernance décentralisée sont encore très loin de la maturité, peu universalisables, sans doute survendus par un effet de mode… Je reprends donc les mots de Francesca Pick : Changer les comportements et les relations représente une barrière beaucoup plus large que la technologieLes promesses de désintermédiation, de décentralisation, et d’agilité de la Blockchain s’accompagnent d’incommodités dont il convient de se demander si l’on peut s’en accommoder.

Sans doute l’article d’Alexandre Stachtchenko est-il (comme le mien!) un peu long. Mais la recherche de la vérité implique souvent de déborder des formats très serrés des présentations orales en public où des idées nouvelles sont brandies et présentées de façon schématiquement flatteuses.

La désintermédiation des échanges c’est maintenant (ou bientôt) et cela passe par bitcoin. La désintermédiation universelle, la pan-disruption des arts, des armes et des lois cela risque de n’être qu’un sujet de conversation sans grande conséquence, et pour un certain temps.

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Ici Londres https://le-coin-coin.fr/3447-ici-londres/ https://le-coin-coin.fr/3447-ici-londres/#respond Sun, 24 Jan 2016 23:01:56 +0000 https://le-coin-coin.fr/?p=3447 On voit trop, en France, les diverses autorités appréhender les changements au prisme d’une volonté de souveraineté dont la pertinence, comme je l’ai rappelé dans mes papiers « souverainement » et « souverainement (bis) », est forcément limitée. Il sera donc intéressant de comparer la littérature française récente comme le rapport parlementaire (avril 2105, Magnen et Fourel) et le rapport Gailly (CESE) ou […]

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On voit trop, en France, les diverses autorités appréhender les changements au prisme d’une volonté de souveraineté dont la pertinence, comme je l’ai rappelé dans mes papiers « souverainement » et « souverainement (bis) », est forcément limitée.

Il sera donc intéressant de comparer la littérature française récente comme le rapport parlementaire (avril 2105, Magnen et Fourel) et le rapport Gailly (CESE) ou à venir (travaux de la CSSPPCE) à ce qui se publie dans d’autres pays.

Distributed Ledger technologyÀ cet égard je souhaite attirer l’attention sur le document publié en décembre par le Government Office for Sciences britannique (Mark Walport) sous le titre « Distributed Ledger Technology: beyond block chain »

Une première remarque. Au lieu de dire que la « technologie Blockchain » est « derrière » (beyond) le douteux bitcoin, comme dans le buzz que nous subissons depuis des mois, l’auteur explore ce qui est derrière la block chain, et y trouve le Ledger, ce qui centre peut-être mieux le propos.

D’autant que la technologie en question est immédiatement (dans l’introduction, signée conjointement de deux ministres de Sa Gracieuse Majesté) finalisée par une visée sociétale : The technology could prove to have the capacity to deliver a new kind of trust to a wide range of services. Cela paraît trivial à ceux qui savent, mais faut-il le rappeler, le rapport du CESE centrait son analyse sur la défiance qu’inspire le pseudonymat du Ledger.

Plutôt que d’insister sur la modalité « sans-bitcoin » des développements, l’introduction cite les perspectives opérationnelles: the basic block chain approach can be modified to incorporate rules, smart contracts, digital signatures and an array of other new tools. Et ceci embraye immédiatement sur ce que le gouvernement pourrait offrir de nouveau (à l’exemple de ce que font l’Estonie, la Corée du Sud, la Nouvelle Zélande et Israel, mais aussi le Royaume-Uni lui-même) : The opportunity is for government to enable a future where the delivery of government services is more personal, immediate and efficient.

Comparant le bitcoin au cash, le document élude rapidement le passé sulfureux pour se consacrer sur ce qui intéresse les banquiers centraux: la possibilités de gérer une sorte de cash qui serait toutefois inscrit sur un Ledger. Sur l’avenir de la technologie, de la même façon, la perspective est clairement tracée autour de la recherche des use-cases.

Pour tout cela, le gouvernement a constitué un groupe de travail the queen is not its sovereignregroupant des experts du business mais aussi des universitaires, et des fonctionnaires, non pour affirmer la souveraineté de Sa Majesté mais to determine what actions government and others need to take to facilitate the beneficial use of distributed ledger technology and to avoid possible harms.

Plutôt que de réguler d’office et de prime abord une technologie encore mal connue (de lui) un gouvernement, comme le suggère le rapport Walport doit montrer l’exemple : the Government Data Service should lead work in government as a user of distributed ledgers and the DCMS Digital Economy Unit should lead work on government as an enabler of distributed ledgers. Il est aussi explicitement dit que le gouvernement doit supporter la mise en oeuvre de cette technologie au niveau des services publics régionaux ou municipaux, au moins sous forme de test grandeur nature. Mais il doit aussi encourager tout ce qui est universitaire. Le rapport recense les centres de recherche impliqués, et ils sont déjà nombreux.

Abordant le sujet de la régulation, le rapport commence par balayer les fantasmes ordinaires : these systems are not as uncontrollable — or ‘unpermissioned’ — as one might expect. Contrary to public perception, the underlying architecture makes it relatively easy to track transactions and establish the identity of people who misuse the system. Regulators have also learned how to control the ‘on-ramps’ and ‘off-ramps’ where value flows in and out of the system.

sherlock-holmes

Il met ensuite en parallèle, de façon bienvenue, les deux sources de « loi » qui doivent régir la technologie: la loi du pays et la loi du codage. Un rappel bienvenu quand certains n’imaginent que lois et décrets. D’autant que le rapport ajoute utilement : and there needs to be at least as much focus on ensuring the rigour of the technical code as on legislative code. Dans cette optique, la régulation ne saurait être le fait de gens peu instruits de la nouveauté, mais au contraire elle va nécessiter des rencontres interdisciplinaires: unusual mixes of skills, including the need for lawyers, mathematicians and computer experts to work together to resolve many of the key issues. Nombre de recommandations énoncées commencent ainsi par la formule Government needs to work with academia and industry.

Il n’est évidemment pas question de prétendre que le Royaume Uni est à tous égards un havre pour les développeurs et les entrepreneurs du bitcoin. De gros nuages font de l’ombre à la House of Parliament, ne serait-ce que la hargne dont M. Cameron poursuit sans grand discernement la cryptographie.

Mais il semble évident que le nombre de responsables ouverts, curieux et pragmatiques est particulièrement élevé au Royaume-Uni. J’avais noté il y a déjà dix-huit mois que le British Muséum avait déjà sa vitrine consacrée au bitcoin quand le patron de Monnaie de Paris faisait la bouche en cul de poule (ou de coq gaulois?) pour prononcer le mot. Depuis j’ai écrit sur Bitcoin et les lois de la Cité et souhaité que l’on dépasse, en ce qui concerne la régulation de bitcoin les limites de la pensée.

Il semble que les choses se passent davantage comme je le souhaiterais de l’autre côté de la Manche. Il ne faudra pas trop s’étonner de ce qui va advenir.

rule britannia

      *    *     *

Pour les fainéants un aperçu en vidéo est ici :

 

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Souverainement (bis) https://le-coin-coin.fr/3393-souverainement-bis/ https://le-coin-coin.fr/3393-souverainement-bis/#comments Wed, 13 Jan 2016 14:06:36 +0000 https://le-coin-coin.fr/?p=3393 Certes le Soleil se lève chaque jour. Est-ce une raison pour que nos politiques se comportent chaque nouveau jour comme de petits Rois-Soleil? Le site Numerama nous apprend ainsi que l’ancienne ministre socialiste Delphine Batho et plusieurs députés Les Républicains dont la vice-présidente du parti Nathalie Kosciusko-Morizet, demandent la création d’un Commissariat à la souveraineté […]

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Certes le Soleil se lève chaque jour. Est-ce une raison pour que nos politiques se comportent chaque nouveau jour comme de petits Rois-Soleil?

Le site Numerama nous apprend ainsi que l’ancienne ministre socialiste Delphine Batho et plusieurs députés Les Républicains dont la vice-présidente du parti Nathalie Kosciusko-Morizet, demandent la création d’un Commissariat à la souveraineté numérique qui aurait la responsabilité de créer un système d’exploitation français.

Les réactions négatives n’ont pas tardé. Je suis désolé d’y ajouter la mienne, après celle que j’avais exprimée sur le cloud souverain à la française.

Si cette idée ne devait pas, comme on peut le supposer (cela s’appelle raisonner par induction) conduire à un nouveau gâchis d’argent public, et si un OS à la française devait un jour exister, qui s’en servirait ? Peut-être l’Etat et les acteurs publics. On peut trouver plusieurs exemples de l’attitude contraire, mais faisons l’hypothèse que les acteurs « souverains » se serviraient de leur OS « souverain ». Et s’y enfermeraient, sauf à nous l’imposer par la contrainte, en nous y enfermant.

Et nous? Que nous apporterait un OS à la française?

  • l’usage de la langue française? on peut le regretter mais il est bien tard pour refuser de considérer le globish comme la lingua franca de l’Internet. L’Etat français ne se bat même plus pour imposer notre langue là où elle était juridiquement protégée (ONU, OTAN, UE…).
  • la satisfaction de ne pas enrichir M. William Gates ? Il y a Linux. Même la Chine ou la Corée du Nord (nous voici en bonne compagnie) ont eu ce genre d’idée… et  sont finalement parties sous Linux.
  • une plus grande sécurité ? Nous voici en terrain politique…

Dans l’absolu idée de combattre l’hégémonie américaine sur le « Web français » (il faudrait dire sur les internautes français) et de sauvegarder la confidentialité des données échangées sur le réseau n’est pas absurde. Les révélations d’Edward Snowden sont proprement terrifiantes.

Mais l’État français, qui n’entend pas donner l’asile à MM. Julian Assange et Edward Snowden et l’a fait savoir sèchement, est-il bien placé pour une posture de protecteur de nos libertés? Avant et après les événements de 2015, de manière constante depuis des années, à travers les alternances, et en pleine collaboration de tous les partis de gouvernement, l’État français n’a cessé d’affirmer son droit à écouter (sinon à entendre) , espionner, enregistrer les échanges des français, les partager avec des États tiers, en conserver et en utiliser en grand nombre les données.

Enfin, du fait de son incapacité politique à comprendre ses adversaires, l’État français entend appliquer ce traitement exceptionnel à tous et tout le temps, définir statistiquement les comportements normaux et les déviants, au risque d’une explosion des méprises.

Sur sa volonté de ne rien comprendre, il suffit écouter M. Valls (lire l’intéressant article du docteur Jean Yves Nau). J’avais commis, sur mon blog, un article comparant la police du temps de Fouché et la police algorithmique et annonçant l’echec de celle-ci, encore qu’on nous la présentât (avant le 13 novembre) comme l’arme absolue pour détecter les signaux faibles jusque dans la tête des terroristes.

Au delà d’une prétention proprement totalitaire, on entre dans … le burlesque.

Le même site Numerama s’est fait l’écho de la volonté de Mme Kosciusko-Morizet d’installer des backdoors à l’usage de la police. Or c’est très proprement une stupidité. Et puisque cette dame n’est pas le premier responsable politique à la proférer, il ne faut pas se lasser d’y répondre.

M. Obama, Mme Clinton, M. Cameron, et même le gouvernement français dans son délire de toute-puissance ne peuvent demander aux mathématiques un miracle particulier.  Le patron du FBI est sûr qu’on peut lui trouver un truc. Mais cela fait rire. Il semble qu’Obama aussi attende un miracle. Mais cela fait rire.

Je ne parle pas de miracle au hasard. Il s’agit bien de croire que l’on va modifier l’ordre naturel des choses. J’avais écrit sur mon blog un billet sur l’affaire dite des convulsionnaires, où un plaisant avait fini par dire que le roi de France voulait empêcher Dieu de faire des miracles à défaut de les produire lui même.

La chute des corps graves ou la fission des atomes lourds sont des lois physiques insensibles aux injonctions politiques. Cela a des aspects positifs ou négatifs, c’est selon l’usage et l’usager. Il y a de même des lois mathématiques qui s’imposent à tous, quelque soit leur rang, et qui sont étrangères au volontarisme politique. La somme des angles d’un triangle ne peut être de 179° pour satisfaire un programme politique. La cryptographie repose sur l’usage de fonctions mathématiques irréversibles, même par un élu ou un fonctionnaire.

Il y a quelque chose d’étrange à voir des gens qui ne sont pas avares de référence aux « lois » dans d’autres domaines où elles ne sont qu’abus de langage, vouloir les bousculer là où elles sont de fer. Je pense à l’économie, où des bricolages mathématiques sont prestement et abusivement intronisés sous le nom de « lois de l’économie » pour masquer de simples rapports de force sociaux ou politiques. Sans doute est-ce de cet usage qu’est née la conviction qu’une loi mathématique ou physique pouvait être amendée ?

clé de secours

Puisque l’on parle de backdoor, filons la métaphore.  Si la porte de secours est fermée à clé, de l’intérieur, celui qui est à l’extérieur, qu’il soit policier ou voleur, ne peut que tenter de l’enfoncer, s’il le peut. Or la porte cryptographique ne s’enfonce point. Ce que demandent les politiques c’est donc que l’on mette une clé de secours, du genre de ceux que l’on met pour les pompiers, mais qu’on la mette non à l’intérieur (du côté du propriétaire) mais à l’extérieur !

Or ainsi placée, il n’est pas difficile de comprendre qu’elle servira de la même façon au gendarme et au voleur. Alors certes, la petite armoire peut avoir une clé. L’usage fait que cette seconde clé reste généralement sur l’armoire, ou pendue à un clou à côté.  Mais fut-elle dans un tiroir du gendarme qu’il reste possible de voler le gendarme, ou de bidouiller la serrure.

Faut-il rappeler que le Pentagone, le fisc américain, le fisc français, les sites des banques ou celui Ashley-Madisson se sont tous fait hacker? Et que les clés asymétriques ont été justement inventées pour cela ?

Les hommes et femmes politiques qui, légitimement soucieux d’accompagner, voire de favoriser, l’émergence d’une nouvelle économie, désirent prendre des initiatives utiles et marquantes ne manquent pas de chantiers où s’employer.

Encore faut-il éviter de parler, comme Madame Delphine Batho, de l’exercice, dans le cyberespace, de la souveraineté nationale. Parce que cela n’a simplement aucun sens. Je l’ai écrit ailleurs, au sujet du bitcoin, le cyberespace nous place face aux limites de la pensée, en tout cas pour ceux qui pensent avec leurs pieds, sur le plancher des vaches, et qui vont y rester.

Le cyberespace n’a pas de plage où planter sa bannière comme en 1492.

1492
Christoph Colomb arrive sur le territoire américain (D. Puebla, 1862)

L’enjeu politique serait bien plutôt de faire de la France, juridiquement, politiquement (et fiscalement, mais ce n’est pas forcément le premier souci) le meilleur point de contact entre ce monde-ci et le cyberespace. C’est la chose à laquelle les responsables politiques devraient réfléchir, autrement que sous le coup des émotions, et en intelligence avec les explorateurs du cyberespace.

Peinture de couverture : Louis XIV recevant l’ambassadeur de Perse (Nicolas de Largillière 1715)

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Pourquoi les Tunisiens sont pauvres ? https://le-coin-coin.fr/940-pourquoi-les-tunisiens-sont-pauvres/ https://le-coin-coin.fr/940-pourquoi-les-tunisiens-sont-pauvres/#comments Thu, 24 Jul 2014 13:17:17 +0000 http://le-coin-coin.fr/?p=940 Dans cet article je vais essayer de démontrer que les causes principales de notre sous développement et de notre misère sont avant tout une déficience de libertés économiques. J’ai toujours pensé que la pauvreté n’était pas une fatalité, bien au contraire, elle n’est que le résultat de nos choix et nos politiques antérieurs. Je crois […]

Cet article Pourquoi les Tunisiens sont pauvres ? est issue du site Le Coin Coin.

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Dans cet article je vais essayer de démontrer que les causes principales de notre sous développement et de notre misère sont avant tout une déficience de libertés économiques. J’ai toujours pensé que la pauvreté n’était pas une fatalité, bien au contraire, elle n’est que le résultat de nos choix et nos politiques antérieurs. Je crois fermement que tous les peuples sont maitres de leur destin et que c’est à eux qu’incombe la tache d’évoluer et d’améliorer leur niveau de vie. Le déterminisme en économie n’existe pas, tout peut être changé et façonné.

LE NON RESPECT DE LA PROPRIÉTÉ PRIVÉE :

Qu’est ce que la propriété privée ? La propriété privée englobe tout ce qui est ‘’propre’’ à l’individu, elle ne se limite pas aux biens matériels au quel un individu a le droit exclusif d’en jouir, mais inclus aussi tout attribue auquel on accorde de la valeur (la valeur est subjective). Chaque individu libre est avant tout propriétaire de lui même (de son corps et de son esprit). Les sociétés évoluent et progressent en démocratisant et en accroissant le champ de la propriété privée, seuls les esclaves ne sont pas propriétaires. Dans l’histoire certains pays avaient tentés la douloureuse expérience de la propriété collective en abolissant la propriété privée, les résultants ont été catastrophiques.

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L’IMPÔT PROGRESSIF SUR LE REVENU

Commençons par rappeler quelques vérités, la richesse dans notre pays est crée par les tunisiens qui travaillent et produisent. L’État tunisien ne crée aucune richesse, ses deux seules sources de revenu sont l’impôt et l’endettement. Le mot impôt vient du verbe ‘’imposer’’, l’impôt loin d’être volontaire il est avant tout coercitif. L’État tunisien applique un impôt progressif, le taux de prélèvement peut atteindre 35% pour un revenu de 50 milles dinar et plus. L’impôt est avant tout utilisé par l’État pour nourrir son appareil bureaucratique. Si on y pense, au jeu de l’impôt le citoyen est systématiquement perdant, parce que la richesse qu’il sacrifie à l’État est de loin supérieur aux pseudos services publiques que l’État lui procure en retour. Est ce que le niveau actuel des services publics justifie de tel prélèvement fiscaux ? Ça m’étonnerait.

L’impôt progressif constitue un frein considérable au développement, il dissuade les tunisiens à produire davantage puisqu’ils vont devoir sacrifier toujours plus de richesses à l’État. Les tunisiens ne voient pas l’impôt comme une contribution à l’essor de la société, mais plus tôt comme un racket comme une confiscation de leurs biens par l’État et son administration. L’évasion fiscale n’est qu’une réponse légitime face à la sur-taxation des tunisiens, qui cherchent à mettre à l’abri leurs économies du racket étatique.
L’économiste autrichien Ludwig Von Mises avait brillamment expliqué que l’impôt progressif, loin de favoriser les classes populaires, entretient les privilégiés des classes aisés de la société. En absorbant les revenus excessifs des nouveaux arrivants, il les empêche d’accumuler du capital et d’étendre leurs affaires. L’impôt progressif freine le jeu de la concurrence et rassurent les vieilles fortunes en les protégeant d’éventuels nouveau venus.

« L’impôt progressif sur le revenu pénalise les plus capables et favorise indûment les moins capables en les affranchissant de l’impôt. Il constitue un obstacle à la promotion sociale. C’est un impôt conservateur et réactionnaire qui protège la fortune acquise et compromet la constitution de patrimoines pour tous ceux qui ne disposent d’autres ressources que celles de leur travail. »
— Maurice Allais, Le Figaro du 23 novembre 1975

Supprimer l’impôt progressif et le remplacer par un ‘’Flat Tax’’ (un taux fixe applicable à tous le monde) ferait baisser l’évasion fiscale, ramènerait de la justice fiscale et stimulerait les tunisiens à produire d’avantage.

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LE CONTRÔLE DES CAPITAUX

Les contrôles de capitaux sont les différentes mesures prisent par un gouvernement avec pour but de restreindre la liberté financières des individus. Les contrôles de capitaux peuvent prendre différents aspects :

– restriction sur l’envoie ou bien la réception de capitaux de l’étranger
– l’interdiction aux citoyens résidents de détenir une autre devise que la devise officielle

L’État tunisien est passé maitre en matière de contrôle des capitaux, l’administration tunisienne exerce des lois très strictes en matière de transfert ou bien de réception d’argent de l’étranger. L’État interdit aux résidents d’investir à l’étranger, ou bien de détenir une autre devise que la devise officielle. L’import-export est strictement contrôlé et le pays applique encore des droits de douanes extrêmement élevés sur les produits d’importation. Au lieu d’encourager le commerce et les échanges avec l’étranger on continue d’asphyxier l’économie avec ces lois toujours de plus en plus complexes et liberticides.

CENTRALISATION DES POUVOIRS ET ÉTAT HYPERTROPHIÉ

Dans un précédant article dédié au bitcoin, j’avais commencé par un bref rappel historique sur les bases sur lesquelles l’État moderne tunisien fut bâti. Les années 50 furent essentiellement marquées par le socialisme et le dirigisme étatique. Le monde sortait d’une guerre qui venait de faire 50 million de victimes. La moitié avait sombré sous le joug du communisme pure et dure (marxisme) et l’autre moitié vacillait entre les deux : socialisme d’État mixé à l’économie de marché (keynésianisme). L’État tunisien moderne a vu le jour dans ce contexte mondial imprégné par le constructivisme étatique. Bourguiba et ses compagnons (fondateurs de la Tunisie moderne) étaient tous fortement influencés par le jacobinisme (doctrine politique qui avait vu le jour au lendemain de la révolution française qui prônait une centralisation absolue des pouvoirs).

La centralisation des pouvoir a été décrétée, Tunis (la capitale) détenait désormais tous les pouvoirs. Les gouverneurs des régions étaient nommés directement par le pouvoir central, celles-ci n’avaient aucune assemblée d’élus, et étaient totalement soumise au dictat de l’autorité centrale (Tunis). Tel a été le prix à payer pour notre chère république une et indivisible.

À l’extrême centralisation du pouvoir politique s’en est suivi une série de ministères et d’entreprises publiques exerçant des monopoles exclusif sur l’éducation, la santé, la sécurité, les banques, les retraites, le transport, les ressources naturelles l’électricité, l’eau etc. L’administration et la bureaucratie tunisienne s’immisçaient dans la moindre parcelle de la vie en société, l’économie fut largement étatisée et nationalisée.

Plus de 50 ans après l’indépendance on se rend compte que ce modèle hyper centralisé a été un échec absolu. L’étatisation de l’économie s’est traduite par un État obèse qui représente plus 30 % du PIB. Les différents monopoles étatiques sur l’éducation, les retraites, la sécurité… empêchent le jeu de la concurrence et interdisent au tunisien de faire des choix. L’hyper-étatisation de l’économie n’avait abouti qu’a creusé les déficits budgétaires, accroitre le pouvoir de l’administration et de la bureaucratie et de limiter les libertés économiques des tunisiens.

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Éducation nationale est principalement responsable du chômage de masse, avoir un diplôme universitaire et désormais un handicape pour l’obtention d’un travail. Les banques publiques sont quasiment toute en faillites, on continue malgré tout à taxer davantage les tunisiens pour les maintenir artificiellement en vie. La caisse nationale de retraite est largement déficitaires, la compagnie nationale de transport aérien Tunisair Idem : en faillite. La santé publique est médiocre (hôpitaux délabré et en manque de moyens), etc. Bref l’État est défaillant et échoue lamentablement en tout ce qu’il entreprend.

SUR-REGLEMENTATIONS ET UNE INFLATION DE LOIS

L’un des traits caractéristique des idéologies socialistes de droite comme de gauche est cette prétention que tout peut être ordonné et régenté par des lois. Bourguiba fondateur de la Tunisie moderne et son successeur Ben Ali croyaient dure comme fer en cette maxime.

Cette inflation de lois et les réglementations s’est essentiellement déversée sur la vie économique en Tunisie, en voici les conséquences :

• la sur-réglementation enchaine le capital et le travail étouffant l’initiative privée, empéchant la création de richesses et d’emplois.
• Les réglementations rigides et non intelligentes (marché de travail, marché financier, commerce, climat des affaires) continuent de rendre les coûts de transactions et les coûts d’entrée au marché inhibitoires aux petits et moyens entrepreneurs.
• Cette jungle réglementaire et juridique est peu compréhensible pour les investisseurs étrangers, ce qui augmente à leurs yeux le risque d’investissement et les décourage de placer leur capital dans l’économie tunisienne.
• L’excès de réglementation fait consolider l’économie de rente, le déficit d’investissement, le manque de concurrence, la spéculation, et surtout la corruption.
• La sur-réglementation a rendu l’économie formelle totalement incassable pour une grande majorité de tunisiens, les couts pour se conformer aux lois et aux régulations sont exorbitant, ce système exclus d’office les tunisiens moyens et pauvres qui n’ont pas d’autres choix que de se retourner vers l’économie informelle et la contrebande pour survivre.
• Sur-réglementation est intrinsèquement inégalitaire elle favorise les détenteurs de capitaux, (ceux qui ont les moyens de se conformer aux réglementations et aux lois), les mets à l’abri de la concurrence des nouveaux venu, et conforte leurs positions.

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Le Serment du Jeu de paume par David, musée Carnavalet

Il serait peut être temps de voir les choses autrement. On entend souvent dire que la prospérité économique ne peut se concrétiser que sous certaines conditions (sécurité, infrastructures, éducation, santé, lois, etc.) c’est ce qui légitime donc l’interventionnisme étatique. Mais on ne songe jamais à l’inverse, la croissance économique est le cœur de la société, c’est à travers elle que la sécurité, la prospérité et le savoir-vivre émergeront. Ce n’est pas par hasard que les pays les plus dangereux sont les pays les plus pauvres économiquement. La croissance économique est la cause du progrès et de la prospérité et non pas une conséquence.

À travers la technologie et internet, il est désormais possible aux tunisiens de se réapproprier une partie leurs libertés économiques. La technologie Bitcoin offre à ses usagers une devise mondiale, décentralisée sous la tutelle d’aucune administration ou banque centrale. C’est le moyen le plus efficace pour contourner les restrictions sur les flux de capitaux et d’échapper à l’oppression fiscale.

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Cet article Ça ne sent pas le Sapin ! est issue du site Le Coin Coin.

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Outre cette blague d’un piètre goût le ministre des finances et des comptes publics, Michel Sapin, a répondu à une interview pour Le Monde. Ses réactions sont plutôt positives et montre un intérêt de la France pour les cryptos-monnaies. Nous avions évoqué récemment la remise d’un dossier de Tracfin qui sera dévoilé dans la journée. Voici l’intégralité de l’interview :

Quels défis particuliers les monnaies virtuelles ou « crypto-monnaies », comme Bitcoin, posent-elles ?

Les monnaies virtuelles sont une réalité, même s’il ne faut pas la grossir car il ne s’agit pas de montants susceptibles de déstabiliser le système financier. Elles ont d’abord un intérêt pratique car elles offrent des possibilités de transactions à coût plus faible que les services de paiement classiques. Elles offrent également une alternative aux consommateurs, une autre philosophie de l’échange, moins institutionnel. C’est un modèle que je respecte, et qui repose sur une capacité d’innovation qu’il faut promouvoir. Pour ce faire, le système doit être régulé, au bon sens du terme, sans jugement de valeur. Réguler n’est pas museler.

De quelle façon ?

D’une part, la puissance publique doit apporter de la sécurité à l’utilisateur de monnaies virtuelles, par nature risquées, sans pour autant limiter ses libertés. D’autre part, comme le bitcoin est un dispositif financier, nous devons éviter qu’il ne soit utilisé dans le cadre d’activités illicites, principalement la fraude et le blanchiment. Nous avons à ce titre l’obligation et la légitimité pour intervenir. Le rapport de Tracfin préconise une levée partielle de l’anonymat des utilisateurs de monnaie virtuelle.

Comment allez-vous procéder ?

Les monnaies virtuelles offrent effectivement la possibilité à n’importe quel utilisateur de faire une transaction anonyme auprès d’un autre utilisateur. L’idée est notamment de lever l’anonymat au moment où il y a frottement entre les deux sphères, virtuelle et réelle, c’est-à-dire au moment où l’on se sert de la monnaie virtuelle pour effectuer un achat, un transfert ou un retrait en euros. Cela vaut pour l’acheteur comme pour le vendeur.

Tracfin préconise aussi de plafonner l’utilisation des monnaies virtuelles en tant que moyen de paiement, pourquoi ?

Aujourd’hui, c’est déjà le cas pour les paiements en liquide, qui sont limités à un certain montant. Par exemple, on ne peut pas acheter sa future maison en espèces. C’est un motif d’ordre public, aujourd’hui bien ancré dans les mœurs. Les raisons sont les mêmes pour les paiements en monnaie virtuelle : dès lors qu’un moyen de paiement est entièrement anonyme, et donc non traçable, il y a des risques qu’il faut pouvoirendiguer.

Comment la fiscalité s’applique-t-elle sur les monnaies virtuelles ?

A ma demande, une instruction fiscale est publiée aujourd’hui afin de préciser la fiscalité qui s’applique à ces monnaies. Les plus-values seront imposables au titre des bénéfices industriels et commerciaux ou au titre des bénéfices non commerciaux, selon que l’activité d’achat et de revente est effectuée ou non de façon régulière et professionnelle. Les bitcoins et autres font aussi partie du patrimoine de leur propriétaire ; ils devront donc être déclarés au titre de l’ISF. Enfin, et c’est un vrai enjeu, la France soutiendra au niveau européen un non-assujettissement à la TVA, en raison notamment des risques de fraude qui seraient liées au caractère remboursable de la TVA sur ces actifs immatériels.

L’absence de statut juridique des monnaies virtuelles pose-t-il problème quant à leur régulation ?

Non. Effectivement, elles n’ont pas un statut de monnaies officielles et ne peuvent pas être qualifiées juridiquement comme telles. Payer en monnaie virtuelle est aujourd’hui légalement assimilable à du troc. Mais il n’existe pourtant pas de vide juridique : les outils existants permettent de les appréhender. D’ailleurs, mieux vaut raisonner à partir de ces outils bien connus plutôt que de leur créer un statut ad hoc. La technologie autour des monnaies virtuelles évoluant très rapidement, il ne faut d’ailleurs pas se doter d’un cadre réglementaire trop rigide.

Quelles sont les initiatives prises au niveau européen ?

Les monnaies virtuelles sont un phénomène global ; il est donc utile de les réguler de façon transnationale. Dans un premier temps, le niveau européen me paraît être le plus pertinent. La quatrième directive européenne contre le blanchiment d’argent est par exemple en cours de négociation. Je souhaite qu’elle englobe les échanges en monnaie virtuelle, afin de garantir une égalité de traitement entre les acteurs financiers. Encore une fois, le paiement en bitcoin est légal, cette activité doit donc être reconnue et régulée.

A quel horizon peut-on attendre les premières mesures d’encadrement ?

L’instruction fiscale est applicable dès à présent et la France souhaite que la directive anti-blanchiment soit adoptée d’ici la fin de l’année. Quant aux préconisations du rapport de Tracfin sur l’anonymat notamment, les premières décisions en découlant peuvent être prises rapidement après un échange avec les professionnels que j’ai demandé à Tracfin de mener.

UNE BONNE IMPRESSION

Cet interview révèle plusieurs positions intéressantes du ministre sur la monnaie digitales. Tout d’abord il ne la conçoit pas comme une ennemi, il y a un désir de l’apprivoiser et d’aller dans le sens de l’innovation. On remarquera aussi un eclaircissement du statut des plus-values Bitcoin, qui seront imposées d’une manière tout à fait normale. Un autre regard intéressant est le fait que l’état a bien compris que le Bitcoin est le liquide du futur et qu’il faut donc le considérer comme tel. On pourra tout de même s’inquiéter des plafonds plus ou moins annoncés car le but du Bitcoin est aussi de pouvoir payer de grosses sommes sans comissions excessives. Enfin on voit clairement que le but est d’appliquer une règle de know your client systématique pour pouvoir tracer les utilisateurs de la monnaie. Nous vous livreront plus d’infos dans la journée.

Source : Le Monde

Cet article Ça ne sent pas le Sapin ! est issue du site Le Coin Coin.

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